Forum de FilmDeCulte

Moi j'y ai rencontré ceux qui lèvent des AG, des manifs et des blocages...

_________________

Comment t'as retrouvé ça toi!!?

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

J'ai relu mon avis et, du coup, le topic.

_________________

Putain je pense la meme chose pour La Vie d'Adele...

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Ca promet...

_________________

Je crois en effet que ca va te laisser sur le carreau (en tout cas tu te mets déjà bien dans l'état d'esprit pour..).

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Oh ça va, je blague...si je vais le voir ce sera parce que j'estime qu'il y a une chance que ça me plaise.

_________________

Je parie sur un 4/6 mais je pense que ça va te plaire. Au moins que tu comprendras le délire critique autour.

Je viens de voir mon premier Kechiche, La Graine et le mulet donc.

Je vais pas avoir grand chose à en dire, vu que beaucoup a déjà été écrit au fil de ces 25 pages. Je m'étonne tout de même des empoignades que j'ai lu, je n'ai pas l'impression que le film en mérite tant. Je l'ai trouvé sympathique, avec des personnages sympathiques, mais je n'ai jamais vraiment été transporté, et surtout j'avais deux références cinématographiques qui trainaient dans ma tête tout au long du film. Si je devais le noter, ce serait 3.5-4/6, bon film mais peut mieux faire.


J'ai également découvert les frères Dardenne au travers de Rosetta il y a quelques semaines, et j'y ai beaucoup pensé en regardant celui-ci. Dans la veine du cinéma réaliste, j'ai trouvé leur film beaucoup plus fort. Non pas que je trouve que Kechiche n'ait pas de projet de mise en scène, mais celle des frères Dardenne est tellement plus maîtrisé...


Moi j'ai pensé à Pialat pendant quasiment tout le film, ce serait une énorme preuve de mauvaise foi que de ne pas reconnaître ce que Kechiche doit à Pialat. Et Pialat aurait fait beaucoup mieux.

Tiens il passe ce soir à la téloche.

J'ai le dvd qui me torture à chaque fois.

J'ai très envie de leur revoir, Kechiche c'est un des rares réals actuels à me donner encore la sensation de me confronter à une œuvre immense en voyant ses films. Mais ils sont tellement éreintants que je les revois pas ensuite... J'ai envie de me les refaire là, surtout Mektoub !

Je m'en veux beaucoup d'avoir attendu tant de temps pour le voir, je m'attendais à bien aimer sans plus, mais en fait c'est juste le meilleur film français des 20 dernières années, ou peu s'en faut!

Ca me dépasse un peu qu'on puisse dire comme certains sur ce topic que y a pas de projet de mise en scène sur un film pareil... A un moment j'ai fait pause pour aller me faire à manger parce que la scène de couscous du milieu du film m'a affamé, et en prenant les objets de la vie quotidienne soudainement je me suis rendu compte que ma vision était temporairement changée, je voyais tous les détails du quotidien avec plus d'intensité et c'est le signe d'un grand film.

Alors bien sûr c'est une mise en scène qui prend corps avec le montage, mais chaque plan est loin d'être anodin dans la façon qu'a l'opérateur de saisir l'instant. Comparer ça à une "plus belle la vie" à peine magnifiée sérieux, certains ne manquent pas au forum, quel irrespect bordel.

Le scénario en lui-même est un chef d'oeuvre de richesse et de complexité, les milliers de choses ça et là qui disent une communauté, ses forces et ses faiblesses.

Tous les acteurs sont absolument incroyables, bon sang comment peut-on penser que Kechiche a un regard misogyne quand peu comme lui rendent toute leur noblesse aux différents profils féminins. Hafsia Herzi est époustouflante, la dernière scène doit être l'un des plus beaux hommages à la femme possible, tout en sensualité mais surtout en dignité, un tour de force parce qu'on n'est souvent pas loin de la putasserie - mais en fait non c'est vraiment beau à crever.

Même l'acteur du père est très bien choisi, certes il a tout le temps le même jeu mais justement, il incarne à merveille cette figure de l'immigré qui a tout enduré, même les petites humiliations du racisme ordinaire ("ici en France il y a des licences sanitaires") pour donner le meilleur à ses enfants. Sa fin de course est bouleversante.

Je comprends tout de même la critique. Le film est toujours à 6/6, je le trouve formidable et je pense aussi que c'est l'un des meilleurs films français de ces 20 dernières années, si ce n'est le meilleur. Mais depuis je me suis aussi pas mal renseigné (auprès de ses techniciens et comédiens) ; il tourne avec des caméras PARTOUT et couvre TOUS LES ANGLES. Le mec, c'est Michael Bay rapporté au film social. Donc ce n'est pas à proprement parlé du découpage, c'est autre chose. Mise en scène ? Mise en images ? Plutôt de la captation du réel. Avec des moyens démesurés ; des comédiens qui peuvent tourner jusqu'à 20h par jour, des techniciens qui se relayent, un plan de travail quatre à cinq fois plus large que pour un film ordinaire, aucune limitation de temps et d'argent... C'est une anomalie totale dans le système actuel. Je dis pas que c'est moins bien, juste très différent, et faut le noter. Impossible de savoir ce que d'autres cinéastes pourraient livrer dans de pareilles conditions... sans doute des films auto-complaisants, mais aussi pas mal de grands films.

L'autre truc sidérant, c'est qu'il y a bizarrement très peu d'improvisation sur le plateau ; par exemple la scène du repas est entièrement écrite, à la virgule !! Grand luxe d'avoir des comédiens disponibles et dévoués, et de faire des répétitions in situ sans notion d'urgence... C'est un truc de ouf.

Moi je lui reprochais de ne pas soigner ses cadres, sa photo, mais ça s'est arrangé dès le film suivant.



Ce sont les films suivants qui posent problème, pas celui-ci. Son regard, et puis les conditions de tournage qui se sont beaucoup dégradées. Il s'est mis à tourner quasi en continu, obligeant certains de ses comédiens à rester dans leur personnage, à les filmer en dehors du plan de travail, le week-end, le matin au réveil, le soir à l'improviste à 2h du matin en débarquant dans leur chambre, à vivre avec lui tout le temps du tournage qui s'étalait parfois sur plusieurs mois ! C'est quand même très singulier, et hautement discutable.

Perso, pour moi La Graine, c'est le dernier film où l'équilibre qualité du film / conditions de tournage ne me posait aucun problème. Par la suite, c'est devenu problématique et je pense que la façon de faire un film, c'est plus important que le film lui-même.

_________________
I think we're gonna need a helmet.

Très intéressant, merci. Je me suis posé la question 10 fois pendant le film, est-ce la captation d'une impro sur une trame, mais alors combien de caméras a-t-il??? Est-ce un tournage en fait plan par plan, l'un après l'autre, plus réaliste sur le plan de la production mais alors comment obtient-il ce résultat? Les moyens démesurés, il a l'audace de se les créer et je pense que c'est plutôt à son crédit...

Quant à savoir ce que d'autres feraient... Kechiche ce n'est pas juste des moyens au service d'une forme: celle-ci est au service de milliers de trucs véhiculés à l'écran qui sont hyper bien vus et qui ne sont pas à la portée du premier venu.



Hmm, j'imagine que tu parles du point de vue du cinéaste que tu es devenu, mais que veux-tu dire exactement?