Ptain j'étais en train d'écrire le sujet.

1.
L'enfer est à lui (Raoul Walsh - 1949)
Comme si le Scorsese des Affranchis avait réalisé un film centré sur le Joker en 1949. Enorme claque. Dès la première minute, fait rare pour un film américain de cette époque, j'ai senti que quelque chose d'unique se produisait et j'ai directement pensé à Scorsese ou De Palma. Tout était plus rapide, plus sec, plus violent que dans tous les autres films noirs ou de gangsters qui lui sont contemporains et disons-le des deux ou trois décennies suivantes. Et Raoul Walsh, ainsi que James Cagney, en furie, sorte de Tony Montana avant l'heure, parviennent à tenir ce rythme sur deux heures, jusqu'à un final dingue. TOP OF THE WORLD, MA !!

2.
Que le spectacle commence ! (Bob Fosse - 1979)
Grosse surprise, je ne m'attendais pas à voir un film aussi riche au niveau de l'écriture et de la réalisation. J'ai même pensé, chose qui ne m'arrive jamais, à Kubrick, pour l'aspect unique et démiurge. Rares aussi sont les films à avoir autant sentir le parfum de la mort... Je compte découvrir Cabaret très prochainement.
3.
Les yeux sans visage (Georges Franju - 1960)
Un des rares vieux films de genre à m'enthousiasmer. Ca vit, ça respire, ça surprend, et c'est tellement élégant dans la photo, la musique (Maurice Jarre), les décors,...
4.
L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock - 1943)
Allez, je me lance : le personnage interprété par Joseph Cotten est le meilleur de toute la filmo d'Hitchcock. Ce bon vieux Onc'Charlie, tueur de veuves.
5.
Réglement de comptes (Fritz Lang - 1953)
Toujours plaisant de voir au milieu de tous les films noirs de l'époque assez mollassons un film qui fait bien plus que s'astiquer vainement sur une femme fatale et un éclairage contrasté. C'est violent, furieux, parfois à la limite de l'hystérie, les acteurs donnent tout ce qu'ils ont, et Lee Marvin y est encore plus laid physiquement et moralement que dans tous ses autres films. C'est aussi une des plus belles représentations de la pègre que j'ai pu voir : Lang parvient à la rendre tentaculaire avec deux plans et trois dialogues, sans effort. Mon Fritz préféré.
6.
Do the right thing (Spike Lee - 1989)
Très surpris, je m'attendais à voir un petit film culte agréable mais un peu creux, alors qu'il s'agit en fait toujours, presque 30 ans après, de la meilleure représentation du problème racial aux USA. Remarquable.
7.
Le bonheur (Agnès Varda - 1965)
Film très curieux, une sorte de conte pervers, comme un pendant sociologique au "Peau d'âne" de Demy. C'est aussi une représentation visuellement éblouissante des trente glorieuses.
8.
Elle et lui (Leo McCarey - 1957)
Comme le concentré de tout ce que l'humanité a pu produire de plus glamour : Cary Grant, Deborah Kerr, un paquebot transatlantique, la côte d'azur sans le béton et le tourisme de masse, l'Empire State Building, le CinemaScope et le Technicolor.
9.
Rushmore (Wes Anderson - 1998)
COOL.
10.
Les Quatre Cent Coups (François Truffaut - 1959)
Surpris par la dureté du film, anxiogène par moments. C'est peut-être pour ça que malgré son brio et son élégance, je préfère "Baisers volés" et "Domicile Conjugal".
11.
La Vérité (Henri-Georges Clouzot - 1960)
Sûrement le seul film de procès français à tenir la route. Forcément, c'est du Clouzot, qui mieux que lui pour assurer dans un genre aussi cadenassé ? Brigitte Bardot est excellente.
12.
The Offence (Sidney Lumet - 1972)
Je le surnote un peu car en dehors de quelques scènes extraordinaires je me suis parfois un peu ennuyé. Le film ressemble parfois à un prototype inabouti. Mais chapeau à Lumet pour son audace et à Connery pour son investissement.
13.
Whiplash (Damien Chazelle - 2014)
Très séduisant, je regrette de ne pas l'avoir découvert en salle.
14.
Daguerréotypes (Agnès Varda - 1975)
Hommage émouvant de Varda aux petits commerçants d'autrefois la rue Daguerre. Beau document historique.
15.
La corde (Alfred Hitchcock - 1948)
Un Hitchcock mineur pour finir le classement. J'ai trouvé l'utilisation du plan-séquence sans interêt mais tout le reste est jubilatoire.
J'ai aussi aimé :
Le Corbeau (Clouzot),
Nuages Epars (Naruse),
La griffe du passé (Tourneur),
Les grandes gueules (Enrico), etc.
Déceptions (je leur mets largement la moyenne mais je m'attendais à bien mieux) :
Sixième Sens (Mann),
Blue Velvet,
La Féline (Tourneur),
L'affaire Thomas Crown (Jewison) : des films qui chacun dans leur genre ont vraiment mal vieilli. Tout me parait trop à part aujourd'hui, je n'arrive pas à entrer totalement dedans.
Le port de la drogue,
Perfect Blue,
Laura (Preminger) : trois films vraiment overhypés, je ne vois pas ce qu'on leur trouve.
Deux ou trois choses que je sais d'elle : je t'adore Jean-Luc, surtout dans ta période 66-68, mais ici c'est chiant à mourir, on dirait une vidéo ASMR.
Fog : c'est quoi ce film de branleur, John ?
Les curiosités de l'année-
Une étrange affaire : un film de Pierre Granier-Deferre, ici bien moins mou qu'à son habitude. Gérard Lanvin (étonnamment très bon) y joue un jeune employé qui grimpe dans la hiérarchie d'une société (dirigée par Piccoli, génial), jusqu'à tutoyer la folie. Le film commence comme du Sautet et finit comme du Polanski. Limité mais original et assez fascinant, avec des tronches géniales : Piccoli mais aussi Kalfon, Balmer,...
-
L'homme-orchestre : un très mauvais film de Serge Korber avec Louis de Funès, mais avec des scènes de comédie musicales délirantes sur une musique géniale de François de Roubaix qui valent le coup d'oeil.
La revision de l'annéeLa nuit du chasseur. 'tain.
Remarques- Après une année 2016 centrée sur le cinéma de papa français des années 60 et 70, retour dans le cinéma américain classique. Pas que le cinéma de Lino Ventura m'aie lassé, mais plutôt que je commence à épuiser tous les films regardables... Mention spéciale tout de même à
Les grandes gueules, de Robert Enrico, un bon western vosgien, bien couillu.
- Je me suis replongé dans le film noir, avec lequel j'ai toujours autant de mal.
- Découverte de Tourneur avec [bLa Féline[/b], qui m'a déçu, et
La griffe du passé, que j'ai aimé mais qui m'a laissé un vrai goût d'inachevé. Tout ça pour ça ? Peut-être parce que je l'ai découvert quelques jours seulement après
Réglement de comptes de Fritz Lang qui calme autrement plus.