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alors, que du récent, cela fait partie de mes résolutions mais je n'ai pas encore établi la liste des Karloff Classics
Thy Womb de Brillante Mendoza 5/6 Pourquoi ne sélectionner à Cannes que les Brillante Mendoza les plus "extrêmes" ? Après Lola, je découvre Thy Womb, film magnifique, doux et dur à la fois, d'une beauté formelle de tous les plans (l'île Tawi-Tawi, ce coin de "paradis" totalement coupé du monde), qui m'a rappelé par moment Still the Water de Naomi Kawase
Fires on the plain de Shinya Tsukamoto 5/6 Nouvelle adaptation d'un roman porté sur grand écran par Kon Ichikawa, Fires on the Plain est l'un des films les plus bourrins que j'ai vu sur la guerre du pacifique. A vous retourner les tripes et vous questionner durablement ce qui sépare l'homme de l'animal, le soldat du cannibale. La mise en scène est brillante avec des moyens que l'on imagine restreint, notamment avec LA scène de nuit démente des soldats japonais transformés en zombie. Le scénario est un peu répétitif surtout dans son troisième acte mais la fin est d'une noirceur qui serre le coeur (après avoir provoqué un haut-le-coeur). Vraiment c'est quelque chose qui m'a rappelé Opération mort de Shigeru Mizuki. Et puis ce n'est pas un hasard si Wakamatsu (Soldat dieu), Shinya Tsukamoto et Hayao Miyazaki (le Vent se lève, même si la tonalité est différente) ont fait des films de guerre bien engagés alors que le Japon glisse vers un retour à l'armée...
Ratcatcher de Lynne Ramsay 5/6 Beau premier film, entre les premiers Loach, avant que ça ne devienne des tracts pro-Mélenchon et L'Enfance nue de Pialat. Le lyrisme de la mise en scène, la pudeur, le côté presque fantastique de certains aspects du film m'ont vraiment conquis.
La Colonie et Letter de Sergei Loznitsa 5/6 Deux films sur le même sujet : un asile en Russie, où des gens perdus semblent vivre en totale autarcie. J’ai trouvé ça absolument fascinant, comme si on regardait un film d’un autre temps. Alors bien sûr, ce n’est pas « divertissant » mais cela m’a donné envie de regarder d’autres documentaires de Loznitsa. Le premier - La Colonie - est plus long, plus « brut » aussi, mais les dix dernières minutes sont d'une force harassante donnant un nouveau sens au film - c'est un goulag qui n'a jamais été exhumé, en fait ? Le second - Letter - tient de l’exercice de style esthétique avec un travail sur l’image quasi-expérimental. Des scènes se répètent d’un film à l’autre, comme pour montrer que rien n’a changé. Et que rien ne changera jamais là-bas, comme un enfer où l'on répéterait les mêmes situations jusqu'à l'effacement.
Margaret de Kenneth Lonegan 5/6 Le film maudit de l'auteur de Manchester By The Sea, dont Liam Engle vantait les mérites à sa sortie. Merci Liam... C'est un vrai grand film malade, parfois bizarrement raconté, avec du gras sur le bord, des ruptures de ton surprenantes - que l'on retrouvera dans le suivant mais en plus maîtrisées -, des trucs WTF - Jean Reno en séducteur colombien, Matthew Broderick en prof irascible. Mais à la fin du film, on a envie de serrer très fort Lisa dans ses bras tellement elle est agaçante et humaine, bref d'être plus connecté aux vivants - c'est de cela dont parle le film, dans ce New York post 11 septembre où les avions volent bas dans le ciel.
Greenberg de Noah Baumbach 4/6 C'est dommage pour Baumbach, quand même, d'avoir été sélectionné à Cannes pour son film le plus faible. Portrait d'un odieux connard (et en même temps fragile donc attachant), Greenberg possède quelques moments de grâce suspendus - avec Greta Gerwig, bien sûr. C'est un peu long, un peu sur-écrit (le chien, la fête avec les ados), mais j'ai été saisi pour ce spleen existentiel. La photo est beaucoup plus travaillée que pour son dernier film d'ailleurs, il a dû changer de chef op.
Miss Zombie de Sabu 4/6 Film de genre + noir et blanc + Japonais = pas de sortie en salles. C'est d'autant plus dommage que c'est très fort, une variation désespérée du mythe du zombie, traversée de belles idées de mise en scène. Je ne cacherai pas que le rythme est très répétitif et que la tension est concentrée sur le dernier tiers, mais l'expérience hypnotique vaut le détour. La fin est sublime - cela m'a fait penser à Sayonara et Mademoiselle.
Amer de Hélène Cattet et Bruno Forzani 4/6 Premier film du duo Cattet-Forzani. C'est toujours brillant, excitant et finalement rare de voir la naissance de cinéastes et d'une oeuvre. Bien sûr, c'est un hommage hyper référencé aux Giallo, mais pas seulement, je trouve le film moins dans le pastiche que le suivant, plus fou dans la forme. La première partie est impressionnante, la deuxième partie totalement démente. J'aime moins le dernier tiers plus démonstratif et attendu mais c'est quand même quelque chose, content de l'avoir vu.
L'Orphelinat de Juan Antonio Bayona 4/6 Non seulement Juan Antonio Bayona est un réalisateur super sympa, mais c'est un grand maître en devenir. Pour un premier film, L'Orphelinat est bluffant. Maîtrise du récit, mise en scène classique mais efficace, mélange des genres (horreur-mélodrame) qui fonctionne parfaitement. Cela prend un peu trop son temps dans la première partie, et la scène finale est sans doute de trop, mais l'histoire est forte et il a un vrai don (et une vraie douceur) pour raconter le deuil.
Elégie d'une traversée d'Alexander Sokourov 4/6 Film de commande d'un musée néerlandais, cette courte Elégie d'Alexander Sokourov envoûte par cette manière fragmentée de raconter un voyage - par moment, ça ressemble presque aux derniers Malick, en beaucoup plus brut. C'est court (45 minutes), impressionnant formellement, surtout dans sa façon de créer un effet presque 3D aux tableaux.
Pleasant Days de Kornel Mundruczo 4/6 Deuxième film de Kornel Mundruczo qui change donc de style à chaque film. Ici, il croque la vie de jeunes marginaux - caméra à l'épaule bien sûr -, avec ce qu'il faut d'érotisme et de violence psychologique. Je trouve la fin un peu trop écrite pour impressionner le spectacteur mais le Hongrois sait faire monter la tension dans une scène et dans un film.
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