Forum de FilmDeCulte

Ou Friedrich Ermler, d'ailleurs.
Parijskiy sapojnik (Парижский сапожник) en VO.



Une jeune fille annonce à son amant qu'elle est enceinte. Celui-ci, embarrassé, se met à l'éviter.


Narration assez maladroite pour ce film, à commencer par ce qui fait son titre : il s'agit d'un personnage finalement très secondaire, pas vraiment nécessaire à l’intrigue générale du film, dont on ne comprend pas bien le rôle ou l'utilité.

Ce qui tient ce film épuré et très resserré (court, pas d’éparpillement de péripéties, peu de lieux, en deux jours…), c’est son ambiance. Une note très particulière et fort bien tenue, qu'on pourrait résumer à une atmosphère pastorale qui tournerait mal. La caméra prend d'emblée place au milieu de jeunes gens vitalistes (leur volonté de mener le parti nouveau sonne ici moins comme un engagement politique, que comme un symptôme de leur fougue adolescente bouillonnante : la scène la plus explicitement politique est ainsi d'abord générationnelle, montrant la dispute à table d'un jeune avec ses parents). On navigue au milieu de leurs envies, de leur nudité, de leurs soirées en forêt… C’est surtout de leur âge que parle le film, et la façon dont cette imagerie va muter (forêt nocturne, glissement vers le viol, pour atterrir dans un décor entravé fort onirique) semble étaler le spectre d'émotions complet, du guilleret à l'angoisse, qu'on pourrait dérouler d'un été de flirts.

C’est là où, peut-être, le cordonnier prend de l’importance. Sourd-muet dans le synopsis, il est surtout dirigé à l'écran comme un neuneu enfantin. L’innocence problématique de son regard est sans doute le contrechamp qui, ici, permet au reste de mieux exister.

Pour le reste, Ermler reste une belle découverte : mise en scène libre, évocatrice (pas de volonté de tour de force), mais perfectible. Le film est très peu ample, restant bizarrement replié sur le détail de son anecdote féministe, peut-être aussi un peu trop court pour réellement frapper fort. Mais l’ambiance distillée ici est remarquable (dans quelques passages forestiers, ça a un joli goût d'Aurore), le film a une vraie identité.