Notre avis ne contient aucun spoiler sur l’histoire du film.Introduction :L'équipe Madealone vous propose de commencer cette nouvelle année 2010 avec le nouveau film de James Cameron. Douze ans après Titanic voilà que notre metteur en scène de folie à qui l’on doit les indéniables Aliens, Terminators, True lies, Abyss…se décide enfin à revenir derrière la caméra pour nous présenter un projet du nom de Avatar. Projet qui durera en tout et pour tout 3ans et qui pèse pas moins de 330 millions de dollars !
L’univers et l’immersion visuelle :On connait tous James Cameron pour ce qui est des grands rendez-vous en matière de films à grand spectacle. Il est étonnant ici de voir à quel point Cameron n’a pas changé en douze ans d’absence tant au niveau de la création et de l’inauguration des derniers SFX du moment que de son amour pour le cinéma des années 90. Avatar, en dehors de ses effets spéciaux est tout ce qu’il y a de plus banal ce qui est un comble pour un projet d’une tel envergure que l’on comparait déjà à l’univers de George Lucas pour sa richesse mais nous y reviendrons.
Annoncé depuis sa mise en chantier comme étant la prochaine étape vers le cinéma de demain, Avatar parvient à tenir ses promesses tant l’impression d’inédit en matière d’effets spéciaux est présente tout aux long du film. Peut on parler pour autant de Révolution ? (terme ô combien galvaudé par les distributeurs depuis plus d’une décennie) Disons plutôt que Cameron est parvenu à perfectionner le travail entreprit par Zemeckis ces dernières années. Il choisis intelligemment de ne pas livrer un film entièrement en images de synthèses mais de garder les performances d’acteurs lorsque le rôle le permet. Il évite ainsi la froideur et le côté factice des marionnettes numérique (voir Beowulf). La performance capture y est ici remarquable, ne trahissant pas le jeu des acteurs et laissant transparaître ce petit surplus d’humanité qui faisait défaut jusque alors à la discipline. Il est désormais possible depuis Avatar de souligner la juste interprétation d’un comédien alors même qu’il n’apparaît dans le film que sous la forme de son double numérique. Comme Zoe Saldana (Neytiri) inscrivant sont personnage dans la continuité des Sarah Connor ou Ripley si chère a Cameron, Sigourney Weaver (qui devient définitivement un mythe pour tous les amoureux de SF) y apparaît elle sous ces deux formes (humaine et son avatar) sans que jamais son jeu ne soit trahi et enfin Sam Worthington qui confirme après Terminator Renaissance qu’il faudra compter sur lui à l’avenir.
Même si de légers défauts viennent ici et la nous rappeler que Pandora n’existe pas (problèmes d'incrustes, des Na’Vi parfois un peu raide dans leurs déplacements…), il n’est pas rare de se prendre à espérer un jour pouvoir poser le pied sur cette planète. Cameron réussi à nous faire croire à l’incroyable univers d'Avatar (les montagnes flottantes, la végétation luxuriante, l’interaction entre les êtres…) Ajouter à cela un bestiaire impressionnant et vous obtenez LA claque technique de cette fin de décennie. Si Avatar possède effectivement une qualité visuel hors du commun, il n’en est pas de même pour son scénario.
Un air de « déjà vu »L’un des soucis majeur de James Cameron dans Avatar réside dans le fait qu’il peine à donner une réelle dimension psychologique à ses personnages. Beaucoup trop enfermé dans une sorte de carcan cinématographique que l’on ne connaît décidément que trop par cœur dans le cinéma, Cameron nous « inflige » malheureusement pendant près de 2h une histoire et une thématique qui auraient méritées d’avoir plus de relief et d’ambigüité compte tenu des événements qu’elles racontent et surtout du contexte dans lequel il les met en scène. Dans Avatar la race humaine est purement et simplement irrécupérable, les Marines sont tous des salauds de première catégorie qui ne pensent qu’à buter ces pauvres Na’Vi qui sont en fin de compte beaucoup plus humains que nos crânes rasés sans cervelle comme les surnomme le héros. Démonter les arbres de Pandora c’est mal et pas très écolo parce-que la planète abrite les anciens esprits…bref, Cameron ne nous épargne absolument rien, prenant le choix de tout nous expédier en pleine figure sans aucune retenue et encore moins de finesse. La preuve que le cinéaste malgré les années conserve encore cette candeur qu’il a toujours plus ou moins laissé transparaitre à travers ses films mais pour un tel projet, le réalisateur de Terminator aurait pu et aurait du prendre un minimum de risque et allez plus loin !
Manquant de profondeur pour un projet d’une tel envergure est juste frustrant, et ce même pour une œuvre qui s’inscrit dans la plus pure tradition des films classiques du cinéma des années 90. A l’image du général incarné par Stephen Lang, grand guignolesque au possible, jouant dans la caricature la plus extrême du méchant, Cameron ne prend absolument aucun risque. Il aurait été préférable qu’il confie la base de son bébé directement à d’autres scénaristes. Imaginez ce qu’aurait apporté Alex Garland (Sunshine) ou même les Nolan brothers (The Dark knight, Memento) à Avatar en plus de la démonstration technique, organique et visuel du film qui sont ici quasi-irréprochables.
La bande son, la composition :Il est clair qu’au niveau de l’aspect sonore du film, Avatar met vraiment nos sens en éveil. De la plante la plus insignifiante jusqu'à la grosse bébête qu’abrite la foret de Pandora, tout parait authentique et vraiment proche de « l’organique ». De notre siège on arriverait presque à respirer l’air de Pandora, à sentir la terre sous nos pieds tant le travail s’avère être colossal mais il n’en est pas de même pour la bande originale.
On sait pertinemment que dans chaque nouveau projet de James Cameron la composition du film est importante et joue vraiment un rôle primordial. Or, il se trouve que le talent de James Horner à du être aux abonnés absents durant le projet. Aliens, Braveheart, Titanic…chaque notes de Horner seront à jamais imprégnées dans les mémoires des cinéphiles mais bizarrement sur Avatar nous ne retiendrons aucun thème bien précis tant l’instru « générique » ne fait seulement qu’accompagner les séquences. Pourtant, Horner avait trouvé une voie différente et très agréable dans « Le Nouveau monde » de Terrence Malick et « Apocalypto » de Mel gibson mais ici aucune originalité. Pas une once de raffinement ni même de charme, aucun thème qui ne ressorte vraiment des autres, on croirait parfois réentendre la bande originale du Roi lion !
Manquant cruellement d’inspiration et apparemment de temps (il est resté sans un montage de travail pendant près de 18 mois), Horner n’hésite pas à réutiliser ses thèmes déjà composé dans l’urgence pour « Troie » de Wolfgang Petersen. Voyez les similitudes flagrantes de « The destruction of hometree. » d’Avatar et « Achilles Leads The Myrmidons » de la bande originale de Troie pour les plus aguerris !
Conclusion :Il est certain qu’Avatar marque clairement de son empreinte une évolution technique évidente en matière de réalisation et que (peut-être) le cinéma de demain se retrouvera derrière James Cameron et le désignera comme étant le précurseur de cette technologie. Le plus dommageable en réalité c’est que cette prouesse technique ainsi que l’univers du film soient utilisés sur une base scénaristique limitée, pompée sur différents films comme « Pocahontas » ou « Danse avec les loups » et on ne parle même plus d’inspiration mais carrément de copie conforme. Nous en voulons tellement à Cameron d’avoir été aussi « soft » avec Avatar car il avait tellement matière à aller encore plus loin dans la psychologie de ses personnages, à rendre son film encore plus fort, plus mature et moins lisse à l’image de la séquence où Jack maigri à vu d’œil ! Mal rasé, crasseux oubliant de nourrir et de prendre soin de son véritable corps, il y avait ici matière à donner au film une vraie dimension dramatique et une répercussion psychologique sur le personnage. Toutes les parties ou Jack sort de son caisson, subissant ses allées et venues perpétuelles sont beaucoup plus intéressantes hélas, ce genre de point parmi tant d’autres ne sont que esquissés ou masqués par la beauté de Pandora et la candeur du cinéaste.
Obligé d’amputer son film pour répondre aux attentes du studio, une version longue non-censurée de l’œuvre est prévu pour la sortie du Bluray/DVD. Et il est vrai que le début d’Avatar ressemble à une espèce de grosse bande-annonce tant les coupes s’avère flagrantes. On sent le cinéaste partagé préférant vite aller à l’essentiel n’hésitant pas à sacrifier quelques personnages en cours de route comme la pauvre Michelle Rodriguez.
Pour finir, sachez enfin que le(s) auteurs de ces lignes ne sont pas juste « blasés » voulant absolument échapper à la conscience collective ultra positive qui règne autour d’Avatar. C’est juste ce sentiment de déception qui vient du fait que l’on aurait tout simplement aimé vivre et assister à un vrai film de SF « réellement » innovant. Derrière Avatar et ses effets spéciaux ce cache un film au scénario (trop) banal qui pourrait sans problèmes s’inscrire dans la droite ligné des films de « Walt Disney ».
Après douze ans d’absence, le dernier film de James Cameron n’est certainement pas son chef d’œuvre et encore moins LE film de la fin de l’année 2009. A titre de comparaison nous lui préférons le « District 9 » de Neil Blomkamp (véritable prouesse technique et cinématographique pour 300 millions de dollars en moins). Mais Avatar reste néanmoins une œuvre sympathique dûe (seulement ?) en grande partie à ses SFX de hautes volées et l’univers unique et sensoriel créer par James Cameron.
Par N.Van / Olivereau du groupe Madealone : http://www.dailymotion.com/Madealone