Grand film qui vieillit bien une fois qu'on a accepté le côté très bavard de l'oeuvre (ça cause beaucoup mais tout ce qui est dit est interessant)...Le dernier monologue d'Hopkins laisse une touche d'amertume et en dit long sur la façon dont on peut mener nos vies et comment nos rêves et ambition peuvent affecter les autres. Les rêveurs nous épuisent. Qu'ils meurent avant de nous tuer avec leur maudits rêves.
Une revoyure pour constater aussi que la bataille avec les élephants est visuellement splendide et illustre magnifiquement ce qui avait été dit un peu plus tôt par Aristote "L'orient a le don d'engloutir les hommes et leurs rêves".
Le face à face avec l'éléphant et la chute du bucéphal offre de très beaux plans...La colorimétrie étrange de ces scènes nus rappelle un peu celle des mosaiques.
La vision de Stone sur le personnage est avant tout psychanalitique et certains choix comme la suppression de l'épisode en Egypte et la visite de l'Oracle prend sens et rendent l'ensemble plus cohérent. Selon le cinéaste, c'est avant tout Olympias qui inculque à Alexandre ce désir de grandeur et non pas d'autres facteurs (L'oracle est évoqué sur une ligne de dialogue par Hopkins de même que le massacre de la population de certaines villes assiégés).
Paradoxalement la présence des divinités ou leur évocation est beaucoup plus présente dans ce film que dans Troie et on retrouve plus d'Achille dans l'alexandre de Stone que celui de Petersen. Il y aussi tous ces détails sur les oracles et les signes prémonitoires qui nous ramène directement aux écrits d'Homère...Le sacrifice du taureau avant la bataille et la lecture des présages dans les entrailles de la bête, l'aigle survolant les combats...Des petits trucs comme quand Olympias devine la mort d'Alexandre en voyant un serpent et un aigle s'affronter en plein ciel.
Ma scène préférée est celle du meurtre de phillippe avec un très astucieux jeu de regard entre Alexandre et son père avant l'entrée dans l'arène et aussi l'image de Farell, encore sous le coup de l'émotion et le visage taché de sang, tremblant de peur lorsqu'on lui met la couronne de laurier d'or. Son placement dans le film est également judicieux et maintient l'émotion jusqu'au final. La scène où l'on voit Alexandre agoniser reste très bien foutu et pleine d'interrogation (quel est la signification de son dernier geste?)
Pour toucher deux mots sur le making of: J'ai trouvé ça assez décevant, le cadrage étant très approximatif et le montage trop cut. A la place d'un véritable making-of où l'on apprendrait tout sur la chorégraphie des combats, le dressage des animaux ou la confection des costumes, on a plus le portrait d'un père par un fils...Mais encore une fois je trouve le montage décevant et ne nous permets pas vraiment de saisir l'atmosphère du tournage...C'est un peu frustrant. Mi figue mi raisin en ce qui me concerne parce qu'il y a tout de même de beaux moments (on sent que le cinéaste porte le projet à coeur et qu'il marque un tournant dans sa carrière)
Si je trouve le temps, je tenterai un jour d'écouter le commentaire de Stone en esperant qu'il touche un mot sur l'accueil critique et public très mitigé...Dommage pour ce film qui n'a plus qu'à attendre une réhabilitation. Mais il me semble que les avis étaient partagés ici même...
J'encourage toutes les personnes à ne pas avoir été convaincu à la première vision de réessayer.
Au passage: l'image du dvd est excellente et restitue fidèlement la belle photo du film.
Connexion
FAQ
Rechercher
