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MessagePosté: 23 Jan 2023, 14:46 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
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Film qui buzze depuis sa présentation à La semaine de la critique du dernier festival de Cannes. Son récit est très simple, un père célibataire emmène sa fille de 11 ans en vacances une semaine en Turquie. On comprend très rapidement que le film doit être autobiographique car il se déroule dans les années 90 et tout son concept assez finement mis en scène c'est d'être comme la recréation mentale d'un souvenir issu de vieilles cassettes de caméscope.

Et le film navigue entre forcément ce coming-of age préadolescent de la jeune fille, ses rencontres avec des jeunes, son premier béguin et sa relation avec son père. Le père qui est un personnage très réussi, d'abord jovial et ouvert, révélant peu à peu une grande fêlure psychologique confinant à la dépression voire au suicide. C'est là que le film fait vraiment mouche, dans cette tentative du personnage adulte (il y a de brefs flash forward) de recréer mentalement cet espace spatio-temporel, cette semaine vécue il y a 20 ans, pour tenter de comprendre cet homme. Non pas tant d'un point de vue psychologique (le film est très aride sur ce point là, le personnage ne se "révèle" pour ainsi dire jamais) mais d'un point de vue visuel, comment il plaçait son corps, les expressions de son visage, son regard. A plusieurs moments la réalisatrice fait durer le plan, tu ne comprends pas trop pourquoi, j'ai d'abord pris le film pour une oeuvre un peu poseuse qui joue avec son image de camescope, mais plus le film avance et plus on comprend cette mise en scène du vide, du moment de creux, ce moment où la jeune fille de 11 ans, joyeuse et pleine de vie, sentait peut-être dans le corps, le visage, le regard de cet homme un voile sombre ou une cassure. Ou si elle ne le voyait pas à ce moment-là, elle essaie de le retrouver, de le recréer même si artificiellement. Le film nous laisse comprendre sans nous le dire
que le père s'est probablement suicidé peu de temps après ces vacances (on aperçoit d'ailleurs une carte postale pour sa fille qui semble être une lettre d'adieu). La flash forward dans la boite de nuit nous montre d'ailleurs la fille se battre avec son fantôme, lui reprocher cet abandon.


Un film que j'ai vu il y a plus d'une semaine et que je prenais d'abord un peu pour un objet poseur, trop conscient de lui-même. Mais plus j'y repense et plus je l'aime, plus je ressens l'envers de ces vacances ensoleillées, d'une froideur cadavérique proprement terrifiante. Je crois que c'est un grand film qui parle (c'est à dire qui montre) de la dépression, sur l'espèce de perte de cet éclat intérieur, de cette perte de repère et qu'il est particulièrement fort pour nous le faire ressentir à travers de brefs moments quasiment horrifiques
il y a un plan très bref, où le personnage crache sur un miroir en se regardant dedans, c'est très surprenant mais l'effet est réussi, comme là encore un voile de haine de soi qui passe soudain devant les yeux. Ou ce regard d'incompréhension du père quand on lui chante son anniversaire, comme si soudain il n'était plus au même endroit.


Paul Mescal est génial, grand acteur en devenir à n'en pas douter et un premier film vraiment fort qui laisse une trace durable. J'avais la flemme de créer le topic puis je suis tombé sur ce tweet de Kantemir Balagov qui m'a replongé dedans et oui, premier grand film de l'année.



5/6

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MessagePosté: 23 Jan 2023, 14:52 
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Antichrist
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J'ai adoré.


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MessagePosté: 23 Jan 2023, 14:53 
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MessagePosté: 23 Jan 2023, 15:21 
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Robot in Disguise
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Film qui était même pas sur un début d'ombre d'once de mon radar... jusqu'à 14h46.

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MessagePosté: 23 Jan 2023, 15:33 
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Sérieux ? On en entend parler depuis des mois.


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MessagePosté: 23 Jan 2023, 15:35 
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Robot in Disguise
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Déjà-vu a écrit:
Sérieux ? On en entend parler depuis des mois.
J'ai vu la bande-annonce plusieurs fois mais je savais pas que c'était critically-acclaimed au point de me faire me déplacer. Ca avait juste l'air du film de Michel Franco avec Tim Roth bis, croisé avec un coming of age basique.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 23 Jan 2023, 15:36 
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Franco c'est empathie zéro donc non.


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MessagePosté: 23 Jan 2023, 15:53 
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Déjà-vu a écrit:
Sérieux ? On en entend parler depuis des mois.

Mais grave, ça buzze ferme depuis Cannes.

Je sens que c'est pour moi.

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MessagePosté: 23 Jan 2023, 22:04 
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Oh que oui... ça ressemble bcp aux premiers Lynne Ramsay, avec un peu d'Andrea Arnold. Le film met un peu de temps à s'affranchir de son côté coming âge movie de Sundance, mais progressivement, après avoir évité les écueils que je redoutais, le film devient très beau, très fort... Et pour un papa de fille, c'est dur.


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MessagePosté: 23 Jan 2023, 22:21 
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Karloff a écrit:
Oh que oui... ça ressemble bcp aux premiers Lynne Ramsay, avec un peu d'Andrea Arnold.

La hype retombe d’un coup.


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MessagePosté: 23 Jan 2023, 23:01 
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hahaha. Excuse moi, ça fait très Sophie Letourneur.


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MessagePosté: 02 Fév 2023, 17:48 
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Robot in Disguise
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Déjà-Vu n'a rien dit.

J'ai aimé comment le film saisissait ces moments où le présent devenait tout de suite un souvenir. A travers les regardages immédiats de vidéo bien sûr, mais surtout à travers cette mise à distance constante, comme si les choses étaient là mais déjà se voilaient, nous échappaient, et en même temps s'immortalisaient, à travers des vitres, dans des reflets, des écrans, des diffractions... Ça n'échappe pas à une mini-dose de pose, mais y a quand même ce plan qu'on a tous remarqué et qui est presque Municho-Signiens et génial.

Le film dégage en plus, en dépit de son atmosphère ensoleillée, une ambiance sourde et mortifère. Le drame n'arrivera pas mais on a des strong "Enlèvement de la petite Maddie" vibes.

Par contre j'avoue
que tout ce qui a trait au suicide du père m'a échappé. Lorsqu'il part dans l'eau en mode DUNKIRK j'y ai cru, mais après il revient se pieuter donc j'ai cru qu'il était vivant. Et j'ai pas percuté que c'était elle qui pleurait de dos dans le lit et pas lui. (le plan juste avant la carte postale)

J'ai pas dormi hein, mais bon.

Bon sinon ça reste pas mal, et je reconnais qu'Art Core en parle très bien. Mais au final je préfère les films d'Orson.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 02 Fév 2023, 19:41 
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Liam, t’as toujours pas compris,
il est bien vivant en revenant du bain de nuit, et c’est bien lui qui pleure de dos sur le lit, ça s’appelle des ellipses.


Le mec a tout simplement trop dormi.


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MessagePosté: 02 Fév 2023, 23:27 
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Mais oui, il se suicide après ce qui est raconté dans le film


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MessagePosté: 03 Fév 2023, 08:47 
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Karloff a écrit:
Mais oui, il se suicide après ce qui est raconté dans le film

Mais quand et comment est-ce qu'on est censé comprendre ça? Pour moi il y avait un mystère autour de ça mais si vous dites que c'est évident, OK..

Ma première pensée fut: une cinéaste est née. C'est vraiment la mise en scène qui m'a séduit. Et quand Sofia Coppola faisait du vide avec du vide dans Somewhere, Charlotte Wells crée du sens avec des idées, je ne trouve pas ça poseur mais inspiré. Et ce dernier plan, bordel, waow...
Je découvre Paul Mescal aussi, qui est très bien ("génial" faut quand même pas exagérer non plus) mais la fille est top aussi. Leur duo existe immédiatement, on y croit tout de suite.
Pour le reste, vous avez tout dit. C'est très réussi et c'est une belle découverte. Et pour un premier long, total respect quoi..

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