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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 20 Jan 2020, 17:24 
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Baptiste a écrit:
Quand on voit que le colonel MacKenzie est joué par nul autre que Cumberbatch, ma première réaction a été de me dire que c'était une erreur que d'avoir choisi un acteur connu, mais la performance géniale - entre animalité aux yeux injectés de sang et retour forcé à la raison - de l'acteur en fait une des meilleures scènes du film. Colin Firth était excellent aussi.


J'ai quand même trouvé ça complètement con.
Je comprends la logique business, je comprends que c'est plus facile de financer un film avec quelques têtes d'affiche connues, mais moi, Cumberbatch qui fait de la figu pendant deux minutes (en plus la remarque initiale "ayez des témoins" laissait augurer d'une séquence tendue, alors que c'est en fait vite expédié), ou les deux frères joués par un Lannister et un Stark, ça me sort du film.

L'autre léger bémol, c'est la musique qui devient vite crispante à force de tout surligner pesamment, sans qu'un seul thème reste en mémoire en plus.
Sinon j'aime bien le film, surtout sa deuxième moitié. Je comprends qu'on prenne le plan-séquence intégral pour un artifice, mais c'est surtout parce qu'on n'en a pas l'habitude (alors qu'on s'est habitué aux montages hyper-hachés ou aux caméras à l'épaule souvent bien moins intéressants). Comme on l'oublie dans l'Arche russe de Sokourov, on l'oublie aussi dans 1917, cette caméra, tant elle sait prendre la bonne distance, après une intro maladroite où on suit juste deux gusses qui marchent dans un couloir en expliquant l'intrigue à haute voix.


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 20 Jan 2020, 17:29 
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C'était un peu le principe du Jour le Plus Long ou Paris brûle-t-il (pas les meilleurs films de guerre, mais gros succès) prendre des acteurs connus pour des rôles courts .

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 20 Jan 2020, 17:39, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 20 Jan 2020, 17:32 
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Ou de la ligne rouge ( les apparitions de Nick nolte, Sean penn, Clooney, Travolta etc)


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 20 Jan 2020, 17:46 
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Pas vu :shock: . Le seul Malick que j'ai vu dot être les Moissons du Ciel.

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 23 Jan 2020, 11:57 
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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 23 Jan 2020, 12:24 
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Mr Degryse a écrit:
Ou de la ligne rouge ( les apparitions de Nick nolte, Sean penn, Clooney, Travolta etc)

Nick Nolte a beaucoup plus qu'une apparition, c'est un vrai rôle. Sean Penn un peu moins mais c'est un vrai second rôle aussi.
Clooney ne fait que passer en coup de vent en effet, tout comme Adrien Brody et Travolta.

Dans 1917 ça ne m'a pas du tout gêné, puisqu'à part les deux héros en mission, nous n'avons que des mini-personnages qui n'ont qu'une petite scène, alors qu'ils soient connus ou pas, on s'en cague, sérieux..

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 27 Jan 2020, 11:27 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Art Core a eu un problème de connexion internet donc il m'a dicté sa critique au téléphone, la voici:


:mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: Grand malade, l'imitation est excellente <3 <3 <3

Qui-Gon Jinn a écrit:
"Le survival est un des mes genres préférés. Il y a vraiment quelque chose de primal dans ce genre et qui est pour moi hyper cinématographique par définition. Il va sans dire que 1917 coche toutes les cases pour me parler, et pourtant j'ai pas pu m'empêcher de ressentir une déception.


Vrai :o.

Qui-Gon Jinn a écrit:
Si le tour de force est intégral et que cette idée de plan unique qui serpente et tantôt traque les personnages, tantôt les attire comme dans un piège, est poussée à bout, j'ai quand même ressenti que Mendes courait après la mode. Un peu de Joe Wright (le plan-séquence de Reviens-moi), un peu de Gravity, un peu de Inarritu... Comme s'il voulait faire un condensé "inattaquable" des derniers blockbusters must-see. Mendes n'est de toute façon pas un cinéaste que j'aime particulièrement. Je lui reconnais des qualités mais il est capable du meilleur (Les Sentiers de la perdition) comme du pire (Spectre). Ici, je ressens trop son désir d'en mettre plein la vue, de mettre tout le monde d'accord. Il y a quelque chose de très conscient dans la démarche qui, malgré le soin incontestable du film, est un peu gerbant.


Ah tu touches à quelque chose que j'avais même pas envisagé (le côté mode), c'est pas faux même si je trouve pas ça nécessairement gerbant, mais ça interroge. Pour Mendes tu as juste, j'aime beaucoup certains films (Revolutionary Road) et d'autres beaucoup moins (Spectre donc).

Qui-Gon Jinn a écrit:
Ca n'enlève rien aux qualités du film, qui fait quand même un bien fou. Là où on est abreuvés de Marvel et de Hobbs and Shaw ni faits ni à faire, c'est cracher dans la soupe que de critiquer trop durement ce blockbuster presque naturaliste, à hauteur d'homme, qui ose la longueur. D'autant plus que les morceaux de bravoure sont au rendez-vous, comme cette superbe séquence nocturne dans le village avec ses fusées éclairantes, à tomber. Mais même là c'est gâché avec la scène de la française dont j'ai juste pas compris l'intérêt qui donnait l'impression de remplir un quota féminin gratuit dans le film, tout comme le bébé est là pour apporter de la poésie et de l'innocence.


J'aurais pu écrire ce paragraphe sauf pour la dernière phrase, j'aime beaucoup cette scène au contraire.

Qui-Gon Jinn a écrit:
En parlant d'innocence, j'ai trouvé que le film n'était pas assez viscéral. S'il ose quelques images surprenantes, comme par exemple ce capitaine désemparé qui pleure dans les tranchées, il est globalement trop propre, ça ne saigne pas, c'est presque du PG-13, et le héros reste trop gentil, toujours à vouloir aider son prochain ou juste survivre, on ne sent pas assez l'animalité qui naît en lui. J'étais déçu.


Ah ah tu me connais bien. Oui il y a un peu de ça, quelqu'un d'autre disait ça plus haut, je sais plus qui, qu'il aurait fallu que le perso se "salisse" un peu plus les mains.

Qui-Gon Jinn a écrit:
Bref, au final j'ai une déception à cause du côté un peu trop propre et aseptisé de l'ensemble. Mais j'ai du mal à être trop dur envers le film car j'admire l'ambition et le degré de finition.
[/quote]

Je parlerai pas de déception vraiment, mais j'ai pas été totalement soufflé c'est vrai.

En fait pendant tout le film je pensais à Requiem pour un massacre, sans doute parce que l'acteur avec son faciès de batracien me faisait penser à l'acteur principal du film d'Elem Klimov. Et pendant tout le film je me disais que c'était super bien fait mais qu'il manquait quelque chose de fondamental pour que ça décolle vraiment, l'aspect fantasmatique et cauchemardesque de la guerre. Le cauchemar on le voit visuellement, il n'y a rien à dire le boulot sur les décors est monumental, tout est parfait, j'ai beaucoup pensé à mes lectures de Tardi qui mieux que personne avait su représenter l'horreur absolu des tranchées et de la Grande Guerre. Mais paradoxalement j'ai été vraiment surpris du côté terre à terre du film. C'est étonnant parce que finalement le concept du plan-séquence pousse la caméra a rester au sol, près des personnages et Mendes, c'est tout à son honneur, ne joue pas un concours de bites à base de caméra qui virevolte qui passe à travers des objets ou que sais-je
à l'exception je dirais du moment du crash de l'avion.
Son plan-séquence est finalement très simple, très droit, comme une ligne de vie qui va du début à la fin
à part pour ce cut, nécessaire, mais un peu malhabile
Alors paradoxalement c'est ce qui m'a plu, que le film soit finalement plus simple que ce qu'on aurait pu imaginer (je suis même persuadé qu'un non-cinéphile ne se rendrait pas compte du côté plan-séquence), cependant malgré de vrais beaux moments de sidération totale (le village en ruines avec la lumière qui crée des ombres expressionnistes, le moment de la chanson, magnifique instant suspendu, la scène avec la française et le bébé et évidemment la course) il manque pour moi d'une espèce d'irréalité, d'un côté hors sol qui donnerait au film un aspect plus franchement saisissant. Comme l'est donc le chef-d'oeuvre de Klimov, dont l'ampleur de la mise en scène rappelle d'ailleurs aussi ce côté performatif.

La faute à une musique pompière trop souvent présente. La faute à ce défilé de célébrités en brefs seconds rôles qui sortent un peu du film
j'ai d'ailleurs trouvé Richard Madden nul, l'émotion finale ne marche pas du tout.
La faute à un personnage principal trop lisse. C'est dommage parce que clairement j'ai le sentiment que le film passe pas loin d'être monumental et un vrai nouveau maître étalon du film de guerre alors qu'au contraire il m'a semblé bizarrement presque anecdotique.

Encore une fois je trouve que le boulot sur les décors, sur l'ampleur des paysages ravagés, sur la cartographie de cette zone de guerre est très impressionnant et le plan-séquence donne une vraie réalité historique et topographique à tout ça. Malheureusement il manque un petit quelque chose pour que je sois totalement emporté. Même si le moment
de la course finale me semble une image assez inoubliable. Ce soldat qui court perpendiculairement aux autres, comme une espèce de métaphore visuelle très forte en même temps qu'une espèce de conclusion géométrique parfaite à ce travail de ligne et de trajectoires.
Un vrai bon film mais pas le chef-d'oeuvre qu'on aurait pu attendre. Ceci dit il vieillit vraiment bien et j'ai déjà envie de le revoir. Je le voyais pas dans mon top de fin d'année à la sortie et là je me dis qu'il serait loin de faire tâche dans un top 10 ou 15.

4.5/6

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 29 Jan 2020, 21:35 
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Le film n’est pas mauvais, correspond à ce qu’on connaissait de Mendes et de son application assez scolaire. Beaucoup de réserves empêchent une adhésion ne serait-ce que partielle. L’intérêt est aussi poli que semble l’être le film, ne suscitant pas de non plus réaction de rejet - ou alors elles sont théoriques pour ceux qui disent rejeter le film en bloc.
Pour commencer, une évidence qui a déjà été maintes fois rappelée : ce plan-séquence continu est celui du jeu vidéo, impression renforcée par la simplicité de sa mission - aller d'un point à un autre - et son urgence. Certains parlent de ligne droite, et oui, on n’est clairement pas dans du free roaming. Il faudrait parler du film par niveaux ou par paliers.

Premier niveau (prologue) : les personnages traversent un tableau vivant où les figurants ressemblent à ceux que l’on peut croiser dans n’importe quel jeu vidéo, ils s’affairent, sont présents périphériquement ou pour obstruer vaguement le chemin. Un premier paradoxe, le dispositif a quelque chose de limpide puisque on est dans des tranchées, mais on a aussi un peu l’impression de voir quelque chose d’aussi mécanique de The West Wing pendant la guerre de quatorze tout en sachant que ça ne va pas durer.

Deuxième niveau : le no-man’s land puis les tranchées allemandes, ce qui permet d’aborder un autre point intéressant.
Il y a une espèce de neatness dans la représentation de la guerre, qui cadre bien avec ce que Mendes a l’habitude de faire (souvenez-vous de l’académisme guindé des Sentiers de la perdition), et dont on ne sait pas s’il correspond à quelque chose de réel.
Parmi les récits de la Grande Guerre, la représentation qu’en a donnée Tardi, son style franchouillard, prolo m’a toujours marqué comme je l’ai découverte enfant. Alors est-ce que les anglais faisaient la guerre plus proprement que les français, étaient moins avinés, plus beaux, plus imberbes ?
Art Core, qui a raison de dire que le film est ultra littéral, cite Tardi et en effet la force de la représentation n’est pas du tout la même. Même Fury d’Ayer, dont je ne suis pas fan, offrait des visions plus viscérales - le côté actors studio de Shia Labeouf qui s'est pas lavé pendant le tournage symbolisant une sorte d'excès inverse.
Tout ça me laisse perplexe. Pourtant comme dans C’était la guerre des tranchées de Tardi, les héros de 1917 commentent l'état des tranchées allemandes, leur ordre qui jurent avec les leurs.
Alors est-ce que les allemands faisaient la guerre des tranchées plus proprement que les anglais qui à leur tour, arrivés plus tardivement, étaient moins crades que nos poilus ? Différences culturelles, représentations différentes, tout ça à la fois ? Difficile de trancher. Ce deuxième niveau sinon fait dans le jeu de plate-forme. Ce qui frappe également, c’est que si la caméra virevolte, tourne autour des personnages, vient s’appesantir au niveau du sol, le plan-séquence fait qu’il n’y a jamais de contrechamp, créant une impression de platitude.

Je vais être moins exhaustif pour la suite.

- Faisons comme en sixième et servons-nous d’un vocabulaire vieillot que je n’utilise jamais mais qui convient très bien au film. Le rôle des « adjuvants » reste extrêmement limité.
Le convoi que croise le héros permet un beau plan subjectif sur la maison derrière lequel le cadavre de son ami g
ît. Celui des opposants est aussi sommaire que dans un jeu vidéo malgré une espèce de mansuétude incroyable des deux héros. (On se demande aussi comment la guerre a pu être gagnée contre des allemands aussi fourbes).

- Un argument lié dont je déteste user mais qui a perturbé ma vision. Je veux bien que la vision de ce trajet soit métaphorique, elliptique mais les incohérences sont trop nombreuses, le héros évite trop facilement les balles ennemies. J’aurais préféré à la limite que les obstacles soient moins compliqués ou disposés de manière différente. Le sniper dans la maison, les allemands dans le village en feu, il y a une forme de déréalisation qui à la limite pourrait passer surtout que lors de la scène nocturne le film verse dans une espèce d’onirisme mais c’est trop désincarné

-
L’émotion finale est présente pendant une minute, on pourrait dire que la sobriété est faite exprès mais elle a quand même quelque chose d’extrêmement cousue de fil blanc (le frère est évidemment celui qui doit mourir au cours de l’aventure afin de pouvoir déboucher sur cette émotion). Une belle chose néanmoins, le film débouche sur cette émotion avec un face-à-face entre le frère et le personnage principal qui suggère enfin un contrechamp dans le long plan-séquence, qui opère ensuite une jonction par la poignée de main.
Le film accède à une sorte de profondeur. C’est fait exprès mais est-ce suffisant ?

Requiem pour un massacre est quand même autrement plus fort.
Ou même Hacksaw Ridge de Mel Gibson qui mériterait lui cet adjectif de "sisyphéen" qu'utilise FF. Je ne comprends pas comment on peut dire que le film donne une impression si cauchemardesque de la guerre que ça alors que ses tableaux guerriers sont finalement assez limités.
ça me donne aussi envie de revoir En Territoire ennemi, plus fun et plus horrible (mais pas ultracomparable dans ses objectifs donc ne me dites pas que j'ai fait cette comparaison).
Matez aussi Victoria de Sebastian Schipper si vous voulez un film tourné en un plan séquence viscéral. Ça leur a pris three runs. Pas génial en dehors de la performance, ce que je veux dire par là c'est que ça ne mérite pas de nouvelles visions, mais tout à fait honorable.


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 30 Jan 2020, 01:10 
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bmntmp a écrit:
correspond à ce qu’on connaissait de Mendes et de son application assez scolaire.
C'est cette application scolaire qui me dérange un peu chez Mendes (peut-être moins dans ses Bonds) même si je reconnais que 1917 est son meilleur film avec Les noces rebelles. Après le cinéaste est très inspiré mais il manque un petit je ne sais quoi pour emporter mon adhésion totale. Sinon la scène du chant avec la traversée jusqu'à Cumberbatch est très très bien.


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 30 Jan 2020, 01:20 
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La scène du chant m'a fait penser au défilé de trognes élégiaques mais beaucoup plus abîmées, adultes d'un court-métrage de Béla Tarr qui s'autocaricaturait. Même là Mendes n'arrive pas à nous émouvoir vraiment mais en reste à un plan illustratif et sentimental.

Bonne critique du New Yorker qui revient sur plusieurs aspects surlignés du film
https://www.newyorker.com/culture/the-f ... -at-a-cost

Comme cette histoire de visage livide


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 30 Jan 2020, 01:32 
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Moi je la trouve très bien cette scène. Je trouve que c'est un des moments où Mendes sort de son application un peu scolaire et où on est vraiment emporté. Je suis un peu critique mais j'ai trouvé le film très bon.


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 01 Fév 2020, 20:28 
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Drôle de fil où dans l'ensemble je trouve plus juste les critiques de ceux qui n'ont pas (encore) vu le film. J'ai trouvé cela globalement raté, impressionnant visuellement certes mais sinon d'une totale vacuité, étonnement ennuyant (ça faisait bien longtemps que je n'avais pas regardé aussi souvent l'heure pendant une projection) et quel que soit l'angle selon lequel on le prenne systématiquement inférieur à ses références.

bmntmp a écrit:
Matez aussi Victoria de Sebastian Schipper si vous voulez un film tourné en un plan séquence viscéral. Ça leur a pris three runs. Pas génial en dehors de la performance, ce que je veux dire par là c'est que ça ne mérite pas de nouvelles visions, mais tout à fait honorable.
Je ne trouve pas la référence très heureuse, parce que comme 1917 au-delà des prouesses techniques ni l'un ni l'autre n'ont quoi que ce soit à raconter. Par contre le côté faux plan séquence, entre les coupes que l'on voit, celles que l'on suspecte ou celles parfaitement exécutées renvoie directement à La Corde. Sauf qu'Hitchcock jouait justement avec le spectateur de ses subterfuges, loin de se prendre au sérieux en faisait un argument d'interaction ludique avec la salle, à la manière de ses fameux caméos que l'on se plait à reconnaître dans chacun de ses films. Mendes au contraire tranche par son lourd sérieux, son film n'a d'autre rapport avec le spectateur que l'injonction qui lui ait faite de s'ébaubir devant tant de prouesses techniques.

bmntmp a écrit:
L’émotion finale est présente pendant une minute, on pourrait dire que la sobriété est faite exprès mais elle a quand même quelque chose d’extrêmement cousue de fil blanc (le frère est évidemment celui qui doit mourir au cours de l’aventure afin de pouvoir déboucher sur cette émotion).
Ça n'est malheureusement pas le seule exemple, le lait que Schofield récupère dans la ferme qui va alimenter le nourrisson, le champs où les cerisiers en fleur ont été coupé perdront leurs fleurs plus tard lorsqu'il est dans la rivière...


Arnotte a écrit:
J'entends des critiques qui déplorent un déficit d'émotion (si l'on se dit que la peur, l'angoisse, le stresse et l'empathie ne sont pas des émotions). Je les comprends mais ne suis pas d'accord: au final, une triple émotion vient très joliment boucler l'épopée.
Celle du frère de Blake, celle de Scofield, dont on apprend qu'il a une famille, et celle de Mendes lui-même, qui rend hommage à son grand-père dans le carton.
Pour les deux derniers, j'ai trouvé cela aussi sincère qu'Armstrong lançant le bracelet de sa fille défunte dans First Man. Non pas que Mendes et Chazelle aient sciemment intégrés ces deux éléments pour fallacieusement générer une certaine profondeur, mais comme j'ai l'impression que ce sont deux films où la dimension technique a assez largement pris le pas sur l'intrigue, je ne peux pas m'empêcher de trouver ces tentatives d'apporter de la profondeur à ses personnages principaux forcées.

Baptiste a écrit:
Sam Mendes part de la séquence inaugurale des Sentiers de la gloire
Il reprend surtout son opposition entre le troufion chair à canon et le gradé va-t-en guerre (la recommandation qui leur ai faite de donner la missive du Général en présence de témoins - le colonel MacKenzie étant sinon susceptible de passer outre et de malgré tout envoyer ses soldats à l'assaut). Le caporal Schofield est d'ailleurs un ersatz du perso de Kirk Douglas, pas particulièrement emballé à l'idée de devoir s'enfoncer dans les lignes ennemies (il n'est d'ailleurs pas loin de rebrousser chemin après l'épisode du tunnel). La critique de Brody dans le NY est très juste sur ce point, c'est là que la similarité entre les deux films se terminent, puisque Mendes fait de son perso principal un véritable héros qui sait se dépasser pour accomplir sa mission (et les gradés ne sont pas aussi butés qu'on le dit, MacKenzie stoppant l'offensive dès la lecture de la lettre), alors que chez Kubrick l'opposition de caste est irréversible et qu'il n'y a place pour aucun héroïsme.

Art Core a écrit:
En fait pendant tout le film je pensais à Requiem pour un massacre
De par sa volonté immersive c'est une référence qui vient effectivement tout de suite en tête. Et même si j'ai des réserves sur le film de Klimov, force est de constater qu'il surpasse 1917 en tout point. Sinon sorti plus récemment j'ai également penser au Fils de Saul, que l'on peut également voir comme une tentative de nous faire ressentir l'horreur des camps de l'intérieur (mais qui a lui une mise en scène supportant un véritable propos, justement la manière dont le protagoniste principal réussit à survivre en se mettant littéralement des œillères afin d'être le moins possible affecté par les horreurs qu'il côtoie). Enfin, je ne vois personne citer La Grande Parade de King Vidor, alors qu'objectivement Mendes y a pompé a peu près tout son décorum, jusqu'aux moindres détails du périple de Schofield et Parker (2 soldats partent pareillement à l'assaut des lignes ennemies, doivent se frayer un chemin au travers des barbelés, passer par les cratères fait par les obus, croisent cadavres de combattant et de chevaux, tout cela de nuit sous la lumière des fusées éclairantes - et non de détresse - plus loin se retrouveront dans une forêt calcinée où les allemands ont la même apparence fantomatique qu'ici).

bmntmp a écrit:
Pour commencer, une évidence qui a déjà été maintes fois rappelée : ce plan-séquence continu est celui du jeu vidéo, impression renforcée par la simplicité de sa mission - aller d'un point à un autre - et son urgence. Certains parlent de ligne droite, et oui, on n’est clairement pas dans du free roaming. Il faudrait parler du film par niveaux ou par paliers.
bmntmp a écrit:
Un argument lié dont je déteste user mais qui a perturbé ma vision. Je veux bien que la vision de ce trajet soit métaphorique, elliptique mais les incohérences sont trop nombreuses, le héros évite trop facilement les balles ennemies. J’aurais préféré à la limite que les obstacles soient moins compliqués ou disposés de manière différente. Le sniper dans la maison, les allemands dans le village en feu, il y a une forme de déréalisation qui à la limite pourrait passer surtout que lors de la scène nocturne le film verse dans une espèce d’onirisme mais c’est trop désincarné
Il me semble que ton premier argument explique le second. La référence au jeu vidéo est peut-être ce qu'il y a de plus intéressant dans le film, mais d'une je ne suis pas parfaitement convaincu que cela soit volontaire, et de deux cela reste dans tous les cas bien en deçà du mètre étalon en la matière (dont 1917 reprend ironiquement la figure de la seconde vie, sauf que dans Gerry elle est présente sur la totalité du parcours, alors qu'ici elle ne peut être obtenue qu'une fois la mission accomplie - les frères qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau).


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 02 Fév 2020, 15:52 
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Le film de Schipper était une prouesse technique, avec beaucoup moins de moyens, sans beaucoup plus d'intérêt que ça, mais comme l'ont fait remarquer de nombreuses personnes ici, il réussissait ses mouvements de battements dans sa première partie.
Ici les plans doivent être truffés d'effets numériques et retouchés pour parvenir au résultat final.
Pour les trois coïncidences "poétiques" et émotionnantes, comme dirait Manchette, oui, évidemment, et elles sont mentionnées dans l'article du New Yorker cité plus haut.

Il y a quand même un aspect très adolescent dans le plan-séquence mobile, comme figure privilégiée, de Bela Tarr à ce film en passant par Scorsese ou De Palma.


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 02 Fév 2020, 17:44 
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Me demande dans quelle mesure le film peut s'interpréter comme une parabole sur la situation du Royaume Uni après le Brexit - après tout, il a été écrit, tourné, par des Anglais, en Angleterre, pendant les 3 années où les Anglais ne parlaient que de ça.

Ce qui frappe, quand même, c'est à quel point, dans le film, les soldats anglais sont tout seuls. Les Allemands se sont retirés, les Français sont on ne sait où. Le but de la Guerre, c'est seulement de sauver la vie des soldats anglais. Dans le camion où il fait un bout de chemin, Schofield entend l'un des soldats dire "Ce n'est même pas chez nous ici" - je cite de mémoire.

Qu'est-ce qui leur reste à faire aux Anglais, une fois tout seuls? Appeler leurs amis américains. Le film s'ouvre sur une seule date: 6 avril 1917, jour de l'entrée en guerre des Etats-Unis. Et quand tous les soldats anglais écoutent religieusement leur copain chanter "le retour à la maison", c'est autour d'une des chansons les plus célèbres du folklore américain qu'ils le font: "The Poor Wayfaring Stranger".


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 03 Fév 2020, 08:22 
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24 Jan 2022, 20:26

JulienLepers Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Away We Go (Sam Mendes, 2009)

Film Freak

8

2411

06 Sep 2010, 08:43

deudtens Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. 007 SPECTRE (Sam Mendes- 2015)

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Karloff

109

10249

25 Avr 2021, 20:22

deudtens Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Skyfall (Sam Mendes, 2012)

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Karloff

238

20314

23 Avr 2021, 22:50

Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Jarhead (Sam Mendes - 2005)

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Mufti

78

7633

10 Mar 2010, 10:24

F-des-Bois Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Noces rebelles (Sam Mendes - 2008)

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DPSR

68

9265

30 Mar 2014, 16:53

Dysprosium Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. American Beauty (Sam Mendes - 1999)

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Baptiste

40

4403

28 Oct 2008, 08:36

Billy Budd Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Empire of light (Sam Mendes, 2022)

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Abyssin

24

2651

19 Avr 2023, 12:26

Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. D'où l'on vient (Jon M. Chu, 2020)

Film Freak

10

1104

21 Juil 2021, 22:47

Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. ADN (Maïwenn, 2020)

Abyssin

13

1132

22 Mai 2021, 17:02

Abyssin Voir le dernier message

 


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