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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 13 Jan 2020, 18:21 
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Tu décris assez bien ce que le trailer me fait craindre. Le côté : Regardez comme la Grosse Bertha est bien jouée ! Et puis ces mottes de terre qui enfouissent vivants les soldats, quels talents prometteurs ! Mieux que dans le dernier Nemes.

Les films de guerre les plus forts décrivent toujours un aspect apparemment marginal et oblique des combats qui signifie pourtant le reste (The Hill par exemple, ou même les Fuller qui s'intéressent à ce qu'il y a entre les batailles, et ne cherchent pas tellement le réalisme technique, cela vaut même pour the Big Red One). Même en bouquin, Voyage ou Bout de la Nuit ou Guerre et Paix ont finalement un peu cela en commun avec Fuller.

Après tout Ubu Roi c'est aussi un récit de guerre hyper-documenté.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 13 Jan 2020, 19:09 
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Ouais, j'ai l'impression que c'est la seule dernière gimmick, hors Marvel, pour attirer les gens dans une salle pour voir un spectacle sur grand écran. Et ça vient avec la prétention d'être du grand cinéma véridique à oscars (voir les nominations cette année :-O )

Le regard oblique plutôt que frontalement dédié au spectacle. Oui! L'idéal! Et je n'ai pas l'impression que le Mendes propose quelque chose de substantiel à part cette nouvelle gimmick du plan-séquence (qui maintenant est devenue banalité formelle m'as-tu-vu).

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 13 Jan 2020, 22:08 
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Putain les pisses-froids sont là. C’est beau de déjà descendre un film que vous n’avez pas vu.
Un plan-séquence n’est pas un « gimmick » s’il est justifié, s’il fait sens. Tu crois qu’ils se seraient cassés le cul à faire un one-take-movie juste pour la frime et la beauté du geste?

Une variation formelle, oui, comme Dunkrik, mais aussi, et simplement, un survival. Un spectacle ultra immersif (en quoi est-ce un mal? Je pige pas) dont la forme est ultra cohérente avec le fond. Le film n’est pas plus compliqué que ça et ça ne m’empêche pas de l’adorer (ni de considérer The Thin Red Line comme un chef-d’œuvre absolu).

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 13 Jan 2020, 22:56 
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Le trailer du gars qui court perpendiculairement à l'assaut pendant que tout ce qui se trouve immédiatement à sa droite est ratiboisé m'a suffit.

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 14 Jan 2020, 00:00 
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Dans Skyfall, plutôt que de surdécouper un combat à mains nues entre James Bond et son adversaire, Sam Mendes choisissait de le filmer en un long plan unique de profil avec un lent travelling s'approchant de ces silhouettes noires sur fond lumineux, cristallisant l'essence même du cinéma d'action en une image expressionniste : deux hommes en pleine bagarre. Dans la suite, le cinéaste renvoyait à La Soif du mal avec un plan-séquence intervenant comme une profession de foi, résumant l'agent secret en une image, un costume, une action. Bond, qui définissait dans le précédent son hobby comme étant "la résurrection", devient la Mort incarnée, une femme à son bras sur son trajet vers une mort de plus. Un spectre. D'une certaine manière, Mendes semblait renouer avec son passé de metteur en scène de théâtre, où il n'y a pas de coupes au sein d'une action, d'une scène. Pour 1917, un film qu'il n'aurait, selon lui, pas pu réaliser s'il n'avait pas tourné ces deux blockbusters, Mendes étend le principe à tout le film et, ce faisant, accouche d'un film de guerre où la façon dont s'entrechoquent le réel et le cinéma créé une expérience, à nouveau après les deux exemples susmentionnés, symbolique.

Comme Steven Spielberg avait écouté son père, survivant de la Seconde Guerre Mondiale, Mendes dit s'être inspiré des histoires que lui racontait son grand-père, vétéran de la Grande Guerre, pour écrire le scénario avec Krysty Wilson-Cairns, une première pour le cinéaste qui a choisi ce film pour expérimenter sur tous les fronts. À ce titre, le dispositif technique a beau singer le réel par son absence de coupes, il se met pour autant au service d'un script qui confère au récit une dimension tropologique. Il ne s'agit évidemment pas du premier film transformant le témoignage d'anciens soldats de divers pelotons en séquences d'un seul et même script mais étant donné qu'il choisit de raconter son intrigue en temps réel, il attribue alors toutes ces anecdotes, vécues par différentes personnes et à différents moments, à un seul et même personnage et dans une unité de temps. C'est là que la réalité se mêle à la fiction, transcendant toute question de crédibilité pour aspirer à un caractère mythique. À l'instar d'un Ad Astra, on est davantage face à une odyssée qu'à du docu-fiction.

Alternant moments de tension à couper au couteau et furtives respirations, l'écriture s'efface de plus en plus derrière la trajectoire sysyphéenne du protagoniste et cette caméra qui le suivra, partout, sans se permettre de couper tant que le personnage est conscient. Et plus il progresse, plus le film se fait figuratif, notamment dans son dernier tiers absolument fou, amorcé par cette incroyable séquence onirique dans une ville en ruines de nuit, éclairée partiellement par des fusées de détresse. Ayant déjà accompagné Mendes sur sa précédente incursion dans le genre, le sous-estimé Jarhead, mais également sur Skyfall, le directeur de la photographie Roger Deakins et le chef décorateur Dennis Gassner font de ce village un purgatoire qui rappelle le rêve récurrent de Valse avec Bachir. À la fantasmagorie de cette scène succède l'emphase du climax, dans lequel le réel vient parfois encore pointer le bout de son nez, quand notre héros court sur le champ de bataille et percute un soldat, mais à ce stade, la nature vériste du plan-séquence et des faits réels s'est définitivement muée en une forme expressionniste, comme un souvenir de la guerre. Un cauchemar. S'il manque à 1917 une couche d'émotion qu'avait par exemple Gravity, l'épreuve a de quoi laisser un stress post-traumatique.

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 14 Jan 2020, 00:27 
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Intéressante critique. Mais bien que Mendes ait expérimenté quelques plans séquences éparses en des endroits bien choisis dans ses films précédents pour ponctuer, se limiter à un seul plan-séquence dans une expérience de guerre n'appauvrit-il pas le langage narratif (et toutes les possibilités de raconter autre chose que ce qui se passe frontalement à l'écran). Un peu comme l'absence de ponctuation sur 200 pages appauvrirait les possibilités d'une oeuvre littéraire. Le cinéma n'est quand même pas le théâtre (même s'il est possible au théâtre du couper en fermant simplement la lumière).

Dans le cas d'une visite guidée chez Sokourov, cela parait légitime (le passage d'une pièce à l'autre, d'une époque à une autre, est déjà une ponctuation en soi, comme un long rêve qui remonte le temps). Comment Mendes arrive à ponctuer son film, autrement qu'une simple expérience similaire à un jeu vidéo balisé entre un début et une fin?

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 14 Jan 2020, 00:30 
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Une caméra ca peut tourner en fait. Et avancer et reculer...
Les échelles d'un plan peuvent changer en cours de plan, pas besoin de coupe.

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 14 Jan 2020, 00:41 
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Ce qui me gave, c'est que ce genre d'expérience répond à une forme de réception blasé du cinéma à effets-spéciaux actuellement. Les gens ne s'impressionnent plus devant le cgi, ou encore la 3d. Alors on donne au spectateur une expérience ou il peut retrouver son émerveillement face aux images. C'est tout le coté logistique du plan-séquence qui rend les gens admiratifs.

Mais pour moi, c'est un peu lorsque James Cameron sortait son Abyss avec la scène du serpent d'eau. Tout le monde se demandait comment il avait fait. Mais c'était quelques secondes. Le film avait quelque chose à proposer en plus. Il y avait de la viande autour.

Alors 1917 semble une expérience ou le réalisateur montre ses grosses couilles en terme de logistique du début à la fin. Toute l'attention est porté sur ce dispositif du début à la fin (et quand on sait qu'il y a de fausses coupes, c'est quand même bof). C'est toute cette vanité qui, de l'extérieur, peut faire peur. Mais si le film raconte quelque chose, à part l'expérience de la guerre, il y a des chances que ça plaisent d'avantage.

Moi le truc du réal qui ramène les anecdotes de son grand-père, je trouve que c'est une raison complètement bidon de réaliser un film.

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Dernière édition par Erik Vonk le 14 Jan 2020, 01:36, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 14 Jan 2020, 00:44 
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Film Freak a écrit:
Une caméra ca peut tourner en fait. Et avancer et reculer...
Les échelles d'un plan peuvent changer en cours de plan, pas besoin de coupe.


Mais il ne peut y avoir de saut dans le temps ou l'espace

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 14 Jan 2020, 03:47 
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Ok, j'ai trouvé quelques précisions à propos du montage

https://www.provideocoalition.com/aotc-1917/

HULLFISH: Got it. This is a movie that seems to not need any editing. I’m sure with you at the helm of the cutting room, that is not true.
SMITH: I learned my lesson when I looked at it and it said it was supposedly in one continuous shot. We shot for three months up to 39 takes on certain setups. You still need an editor, because if it was shot in one shot, it would be a very long day.
HULLFISH: Yeah, that’s true.
SMITH: Editing is not just about joining shots together. It’s about, rhythms and performance and music and sound effects and everything in between. I ended up finding myself as busy as I’ve ever been on this particular film.

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 16 Jan 2020, 13:38 
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Pour ceux qui sont en règle générale méfiants à vis-à-vis des films se voulant immersifs, je vous conseille d'y aller et de vous faire vous même un avis, parce que j'ai trouvé que c'était probablement la plus belle réussite dans le genre, si ce n'est la seule vraie réussite, de ces 10 dernières années. Si la prouesse technique, la beauté de la photo ou la puissance musicale présentes ici s'étaient déjà trouvées ailleurs, ce qui aide le film ici est son contexte, la première guerre mondiale et ses tranchées ou villages détruits étant un terrain plus propice à ce genre de film que l'espace ou le grand nord. L'autre chose qui aide vraiment le film, c'est le sentimentalisme de Mendes, qui a plombé beaucoup de ses films (dont les Bond) mais qui permet ici d'injecter un peu d'émotion dans un genre souvent très froid, un peu comme il avait aussi miraculeusement réveillé le film d'époque avec l'excellent "Les noces rebelles".
La scène pivot et centrale du film m'a beaucoup touché, je n'ai à ce moment-là plus du tout pensé à la débauche de technique, j'étais vraiment dans le film, chose qui ne m'était pas arrivé devant Gravity ou The revenant.
La dernière demi-heure est moins réussie que le reste, en visant trop au spectaculaire elle tombe dans les travers de tous les films immersifs, avec son lot d'événements artificiels, mais tout ce qui précède est vraiment beau, impressionnant mais également crédible, plein de véracité, plutôt dans l'intime.
C'est un petit exploit je trouve que d'avoir réussi à faire sonner juste un condensé d'horreurs de la 1e guerre mondiale.


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 17 Jan 2020, 12:20 
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Le film est impressionnant et en impose par son côté massif, lourd et carré, comme du Nolan. Une photo sans chichis, une intrigue épurée et essentielle, et une prouesse technique qui met sur le cul. Ça inspire le respect à chaque instant. Plus encore que le virevoltement de la caméra, c'est le travail sur la déco qui est bluffant. C'est sans doute truffé de VFX, aussi bien gommages que rajouts, mais l'étendue des vistas, même les plus apaisés, donne au film une ampleur libératrice, ça respire, c'est très "grand écran". Le fait que la mise en scène évite constamment le shaky cam est également à mettre à son crédit, ça se distingue d'emblée des FILS DE L'HOMME et d'autres propositions similaires.

Ceci étant dit, l'aspect plan-séquence s'accompagne inévitablement d'un côté "catalogue de la Grande Guerre" . On a l'impression parfois de cocher des cases (tranchées, No Man's Land, ferme abandonnée, avions, etc.). Si le film montre bien l'arbitraire et la surprise permanente du fog of war, il reste programmatique, il manque de vrais accidents. Et si tout film est par définition un "savant dosage d'émotions et de situations", la continuité de l'instant-présent ici en renforce l'artificialité. Dans un film traditionnel, on accepte qu'on assiste à une sélection de moments forts et signifiants dont le vide autour a été excisé. Ici, le fait que tout s'enchaîne ajoute au côté trop réfléchi et calculé: "Tiens, et si juste après le chaos du fight on basculait subitement dans un moment hyper poétique avec des fleurs de cerisier !"

La fluidité des raccords entre les plans séquences est réussie, sauf à deux exceptions où on sent bien le volet et on voit que le mec a changé de position, c'est étonnant vue la perfection du reste. Tout le reste cartonne, même si le passage dans l'eau induit une doublure digitale de Sco et quelques raccords CGI pas jojos. Mais ce qui me gêne c'est ce cut fatidique qui coupe le film en deux séquences. Ça sent trop la béquille destinée à passer le temps, s'octroyer une scène de nuit (superbe au demeurant), et mettre le héros en retard. Et puis je crois que je suis trop anal pour supporter ça, ça me gâche la perfection du dispositif. Ça enlève au délire "Alors les gars j'ai un super concept !! Ça va être un film de guerre mais tout en plan séquence ! bon par contre à un moment y aura un cut Mais sinon ce sera un plan unique !!" Il m'aurait fallu un intertitre pour justifier le truc, ou bien deux cuts afin de symboliquement découper le film en trois actes, bref un truc plus rationnel et moins arbitraire et posé là.

Enfin, pour finir de chipoter alors qu'en fait j'ai beaucoup apprécié le film, j'ai été un peu gêné par la perfection du héros. J'aurais aimé à un moment au moins qu'il fasse un coup de pute, qu'il ne soit pas qu'un gentil gars qui ne tue qu'en légitime défense. J'ai par contre bien aimé la métaphore végétale du film, avec ces arbres morts,
et ce last man/tree standing.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 17 Jan 2020, 22:56 
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Il faut vraiment aller voir ce film, on n'a tout simplement jamais vu cela au cinéma. Alors attention, une telle phrase est irritante au possible, mais je crois vraiment qu'elle s'applique ici. Sam Mendes part de la séquence inaugurale des Sentiers de la gloire (la scène de la femme et du bébé à la faible lumière de la lampe me semble être une deuxième référence directe à Kubrick via Barry Lyndon) et étire ce concept de caméra qui traque sans répit, du fond des tranchées à l'horizon lointain des plaines tout en passant par les fermes, les rivières et les villages.

On pourrait se dire "Quel est le propos? l'intérêt de rallonger?" mais on est là dans un trip cauchemardesque, jamais l'enfer sur terre n'a été aussi limpide, l'horreur crue à tous les étages, il n'y a rien de plus à ajouter, à retrancher, comme le stipule avec rigueur la permanence du plan-séquence, Ô combien justifiée. Comme Arnotte j'ai pensé à Dunkirk, par contre bien vu l'opposition de style, le Nolan part effectivement sur le choix inverse en syncopant à fond et c'est tout aussi génial.

L'ennui pointe à quelques instants à cause d'une espèce d'accumulation, à mi-film, mais cela rebondit avec quelques séquences très fortes vers un final épique.

Quand on voit que le colonel MacKenzie est joué par nul autre que Cumberbatch, ma première réaction a été de me dire que c'était une erreur que d'avoir choisi un acteur connu, mais la performance géniale - entre animalité aux yeux injectés de sang et retour forcé à la raison - de l'acteur en fait une des meilleures scènes du film. Colin Firth était excellent aussi.


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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 19 Jan 2020, 23:26 
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Art Core a eu un problème de connexion internet donc il m'a dicté sa critique au téléphone, la voici:

"Le survival est un des mes genres préférés. Il y a vraiment quelque chose de primal dans ce genre et qui est pour moi hyper cinématographique par définition. Il va sans dire que 1917 coche toutes les cases pour me parler, et pourtant j'ai pas pu m'empêcher de ressentir une déception.

Si le tour de force est intégral et que cette idée de plan unique qui serpente et tantôt traque les personnages, tantôt les attire comme dans un piège, est poussée à bout, j'ai quand même ressenti que Mendes courait après la mode. Un peu de Joe Wright (le plan-séquence de Reviens-moi), un peu de Gravity, un peu de Inarritu... Comme s'il voulait faire un condensé "inattaquable" des derniers blockbusters must-see. Mendes n'est de toute façon pas un cinéaste que j'aime particulièrement. Je lui reconnais des qualités mais il est capable du meilleur (Les Sentiers de la perdition) comme du pire (Spectre). Ici, je ressens trop son désir d'en mettre plein la vue, de mettre tout le monde d'accord. Il y a quelque chose de très conscient dans la démarche qui, malgré le soin incontestable du film, est un peu gerbant.

Ca n'enlève rien aux qualités du film, qui fait quand même un bien fou. Là où on est abreuvés de Marvel et de Hobbs and Shaw ni faits ni à faire, c'est cracher dans la soupe que de critiquer trop durement ce blockbuster presque naturaliste, à hauteur d'homme, qui ose la longueur. D'autant plus que les morceaux de bravoure sont au rendez-vous, comme cette superbe séquence nocturne dans le village avec ses fusées éclairantes, à tomber. Mais même là c'est gâché avec la scène de la française dont j'ai juste pas compris l'intérêt qui donnait l'impression de remplir un quota féminin gratuit dans le film, tout comme le bébé est là pour apporter de la poésie et de l'innocence.

En parlant d'innocence, j'ai trouvé que le film n'était pas assez viscéral. S'il ose quelques images surprenantes, comme par exemple ce capitaine désemparé qui pleure dans les tranchées, il est globalement trop propre, ça ne saigne pas, c'est presque du PG-13, et le héros reste trop gentil, toujours à vouloir aider son prochain ou juste survivre, on ne sent pas assez l'animalité qui naît en lui. J'étais déçu.

Bref, au final j'ai une déception à cause du côté un peu trop propre et aseptisé de l'ensemble. Mais j'ai du mal à être trop dur envers le film car j'admire l'ambition et le degré de finition.

3.5/6"

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 Sujet du message: Re: 1917 (Sam Mendes, 2020)
MessagePosté: 19 Jan 2020, 23:31 
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