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MessagePosté: 27 Mai 2013, 13:47 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Prenez Ryota Nonomiya. Il a un job très bien payé, une femme compréhensive et un fils qui va bientôt entrer dans une prestigieuse école privée. Mais il y a un hic. Son enfant a été échangé à la naissance contre celui d’une famille de la classe moyenne… «Tout s’explique, donc», se convainc notre businessman, qui trouvait que son rejeton manquait de détermination.

MÊME LES LARMES COULENT DOUCEMENT

Voilà pour le point de départ de «Tel père, tel fils», nouveau film d’Hirokazu Kore-Eda qui pourrait bien – et on l’espère – trouver un chemin jusqu’au palmarès. Impossible de rester insensible devant ces deux familles confrontées à un dilemme existentiel insoluble : les liens du sang sont-ils plus importants que l’amour que l’on a donné à celui que l’on croyait être notre enfant ? Mais cette question est presque à l’arrière-plan d’une réflexion plus globale – et magistrale – sur le sentiment paternel. Il y a de nombreuses scènes magnifiques dans «Tel père, tel fils», mais les plus belles sont certainement celles qui lient Ryota et son «enfant». Il pense ne pas l'«aimer», alors que pourtant l’amour que ce dernier lui porte est partout, dans l’apprentissage du piano, le fantasme d’une journée à jouer au cerf-volant ou dans la mémoire d’un appareil photo numérique. C’est beau, simple et émouvant, parfois très chargé de sens quand il compare l'affection donnée par les «riches» à celles des gens plus «simples» – mais jamais dans la dénonciation, juste dans l’état de fait d’une société de la performance, de l'honneur et du rang.

L’art si délicat d’Hirkazu Kore-Eda est ici à son summum. Au-delà de la simple direction d’acteur - avons-nous déjà vu des enfants joués avec autant de naturel que dans ses longs-métrages ?-, le cinéaste nippon donne ici une nouvelle leçon de mise en scène. Tout est d’une fluidité extraordinaire, jamais dans l’ostentatoire ou le superflu, toujours à une distance idéale pour recréer la vie sans l’air d’y toucher. Après un début de festival marqué par la violence hors et sur l’écran, «Tel père, tel fils» agit comme un baume apaisant, alors que ce qui s’y joue n’est pas anodin. Comme dans «Still Walking», auquel on pense souvent, Hirokazu Kore-Eda porte un regard beaucoup plus révolutionnaire qu’il n’y parait sur la famille japonaise, remettant en cause les liens du sang ou la carrière professionnelle comme seuls marqueurs de la réussite. Mais il le fait en douceur, sans élever le ton, en nous caressant tendrement les cheveux. Il y a de nombreuses scènes magnifiques dans «Tel père, tel fils», un enfant apeuré dans la baignoire réconforté par la facétie de son «père», les pourquoi d'un garçonnet bien conscient des enjeux affectifs qui se jouent dans l'emploi des mots «père» et «mère». «J'ai l'impression de le trahir», sanglote Midori - magnifique personnage faussement en retrait -, la voix étranglée par l'émotion d'une mère. Dans les films d'Hirokazu Kore-Eda, même les larmes coulent doucement.

6/6

en images ici: http://festival-de-cannes.parismatch.co ... que-515179


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 03:16 
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Raaalala.
Je meurs d'envie de le voir, ce film.
Et à la lecture de cette critique, je suis au delà du mouru vendu.


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MessagePosté: 24 Déc 2013, 12:22 
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Sir Flashball
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Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
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Hâte de le voir aussi, pour moi Kore-Eda est l'un des 4-5 plus grands réalisateurs en activité aujourd'hui.

C'est son plus beau film, à ton avis, Karloff ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
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MessagePosté: 24 Déc 2013, 12:39 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23635
Nobody Knows et Distance sont peut-être plus "aboutis". Après, ça m'a touché comme rarement.


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MessagePosté: 24 Déc 2013, 13:17 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 22324
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Pareil, c'est sans doute pas "son meilleur" (Nobody Knows reste tranquille sur la plus haute larche du podium) mais ca m'a vraiment transpercé. Un peu comme I Wish et Still Walking, c'est vraiment la meme musique, delicate et tendre, les mêmes ingrédients en fait, puis à la fin tu te retrouves en larmes sans meme t'en rendre compte...

5,5/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 24 Déc 2013, 13:55 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Ah ça, les papas prennent cher


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MessagePosté: 27 Déc 2013, 01:19 
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Meilleur Foruméen
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 85153
Localisation: Fortress of Précarité
Petite déception pour ce film à la thématique taillée sur mesure pour moi, que j'ai trouvé trop long et un peu trop (volontairement) froid avant son dernier acte.
Je trouve aussi le portrait des enfants plus réussi (magnifique Keita) que celui des parents, dont la caractérisation se fait moins nuancée.
La grosse réussite du film, c'est la façon dont la dramaturgie intime sert à établir un constat, une condamnation même, d'une société bâtie sur le statut.
Mais j'aurai préféré un film moins sec et plus resserré.

4/6

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MessagePosté: 27 Déc 2013, 21:30 
J'en reviens.

Très beau film, mais quand même un peu déçu. Si la fin est magnifique, l'ensemble est trop sobre, émotionnellement parlant, comme si le réal avait peur de pleurer. Et ça, alors même que le sujet était suffisamment sérieux pour provoquer une grande émotion, franche et sincère, sans tomber dans la facilité.
Les 2 heures s'écoulent relativement vite, les acteurs sont plutôt bons, les plans soignés (bien qu'un peu trop fixes), et le scénario solide. Mais j'aurais voulu qu'il décrive plus profondément les relations pères biologiques/enfants, avec plus de péripéties, qu'on les voit s'attacher, petit à petit, et qu'on découvre ce que les liens du sang signifient réellement (ce rapport irrationnel, contre lequel on ne peut pas lutter). Certes, il le fait, dans le 2e tiers du film, mais de manière beaucoup trop insuffisante et brève pour véritablement marquer. Au lieu de s'attarder sur les rapports entre les 2 familles et les diverses discussions entre les 2 mères, il aurait été plus judicieux de voir en détail l'attachement entre l'enfant et ses "vrais parents".

Il y'a tout un axe sur la déchirure et notamment sur le choix cornélien entre l'enfant qu'on a élevé et celui qu'on découvre être son véritable fils, qui n'est pas assez exploité, même s'il est vaguement évoqué par la femme de l'un des personnages, vers la fin du film. Sauf que l'axe central était là : comment choisir entre un enfant auquel on s'est profondément attaché au fil des ans à travers son éducation, et un enfant avec lequel on partage un lien presque spirituel, voire inexplicable (les liens du sangs) ? Or le film reste en surface, à la fois dans l'émotion et dans le traitement de ces liens, sans nous offrir la grande explosion, dramatique, tragique, qu'on était en droit d'attendre, à la fin du film.

En conclusion, le film est maîtrisé, solide et cohérent dans l'ensemble, mais le manque de profondeur dans le traitement de son sujet central, l'excès de sobriété, et la sous exploitation de la musique, l'empêchent de se hisser à la hauteur d'un Tokyo Sonata, par exemple. Dommage.

3/6


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MessagePosté: 29 Déc 2013, 12:23 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 27759
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
C'est sans doute le Kore-Eda que j'aime le moins.
Le film est très beau, très tendre et touchant mais je trouve qu'il est un peu dilaté. J'ai aussi le sentiment d'un film trop étouffé par son sujet et du coup on a moins le sentiment de vie qui passe et d'observation fine qu'on peut trouver chez lui.
Ceci dit l'ensemble est très touchant, les enfants sont parfaitement castés (Keita a un des yeux incroyables) et il y a toujours ces petites touches qui passent inaperçus mais qui sont au final fondamentales (une accolade entre les deux mères, un mot du père qu'il ne pourra pas enlever, le regard d'un enfant...).
Je trouve que le film aurait vraiment gagné à s'arrêter au moment de la photo des deux familles sur la plage. Le dernier acte me paraît un peu plus convenu, plus faible et classique dans son exploration de la paternité. Et puis je regrette aussi la caricature pas nécessaire dans la représentation des deux familles opposant réussite/argent/austérité et classes populaires/bonheur simple/oisiveté. Un peu plus de nuances ne lui aurait pas fait de mal.

Mais bon ça reste une petite musique délicieuse et charmante.

4/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 29 Déc 2013, 13:04 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23635
Je crois aussi - et sincèrement - que le film est tellement à la hauteur du père, que cela touche plus celui qui a cette expérience là.

Sinon sur l'aspect caricatural des deux familles, on ressent vraiment au Japon ce côté Japon des champs/Japon des villes, et le mépris du second pour le premier.


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MessagePosté: 29 Déc 2013, 14:39 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Oui sans doute pour le fait d'être père.
Et c'est sans doute aussi vrai pour l'opposition des deux types familiaux mais de la parte de Kore-Eda j'aurais sans doute imaginé quelque chose d'un peu plus "fin".

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 29 Déc 2013, 16:47 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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la finesse, à mon sens, est de prendre pour personnage principal, le père le plus antipathique.


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MessagePosté: 29 Déc 2013, 17:13 
Karloff a écrit:
la finesse, à mon sens, est de prendre pour personnage principal, le père le plus antipathique.


Ca ne manque pas de finesse, mais de profondeur. La relation, à la fois, avec le fils spirituel et le fils biologique, est survolée, alors que c'était le coeur du film. Quant à l'opposition sociale entre les 2 familles, elle aurait pu être judicieuse si c'était pour expliquer la difficulté d'adaptation de l'enfant dans l'autre foyer, mais là encore, c'est sous exploité.

C'est un film qui donne trop de place aux questionnements des parents, et pas assez aux enfants.


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MessagePosté: 29 Déc 2013, 17:41 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Le film forme un diptyque avec I Wish qui épousait justement le point de vue des enfants. Sur la profondeur, je trouve au contraire que le film prend son temps pour justement développer le dilemme paternel.


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MessagePosté: 30 Déc 2013, 00:55 
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Inscription: 03 Fév 2008, 23:10
Messages: 3921
Localisation: bah un cimetière, tiens...
wave a écrit:
Karloff a écrit:
la finesse, à mon sens, est de prendre pour personnage principal, le père le plus antipathique.


Ca ne manque pas de finesse, mais de profondeur. La relation, à la fois, avec le fils spirituel et le fils biologique, est survolée, alors que c'était le coeur du film. Quant à l'opposition sociale entre les 2 familles, elle aurait pu être judicieuse si c'était pour expliquer la difficulté d'adaptation de l'enfant dans l'autre foyer, mais là encore, c'est sous exploité.

C'est un film qui donne trop de place aux questionnements des parents, et pas assez aux enfants.



Non, vraiment, non, si l'on ne cesse de se demander pendant tout le film pourquoi ce point de vue là, précisément alors que l'évidence serait un traitement croisé, c'est bien justement parce que le sujet du film, le problème qui lui sert de support n'est finalement qu'un leurre. C'est pour cela aussi que le questionnement des enfants -et encore, non, on dira plutôt le point de vue des enfants sur leur questionnement, car leur questionnement apparaît dans les failles des parents, d'où les irruptions discrètes des enfants mais qui font mouche à chaque fois- apparaît moins directement. Le faux problème, le sujet, les atermoiements et errances, tout cela c'est quelque chose qui vient des parents, l'enfant c'est le réel qui fait irruption et dans lequel ils viennent se cogner.

La finesse du film, en prenant le point de vue du père, puis plus largement sur des représentations sociales bidons (surtout dans un japon encore "vieux jeu", pour reprendre les mots de l'avocat), c'est de bien faire voir le faux problème, sur la manière dont les adultes amènent le problème plutôt que d'avoir une représentation infantile aveugle.

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