karenina a écrit:
Précision préalable : je suis une admiratrice devant l’éternel de Ceylan, je le considère comme un des plus grands réalisateurs contemporains, donc ne pas m’en vouloir si je me montre un peu virulente !
Y a pas de souci !
Tom a écrit:
Lol. Je ne vois pas où ça pourrait être plus ambitieux. (...) Le film est millimétré dans sa mise en scène et arrive dans le même temps à nous peindre une réalité sociale, humaine, à montrer l’emprise du passé, l’aveuglement, à nous filmer les rapports de classes de la société turque et surtout, à nous faire réfléchir à des questions presque métaphysiques sans jamais tomber dans le lourdingue. Il y a quelque chose de résolument humain qui permet d’éviter la pose ou un discours pseudo-philosophique superficiel. Le rythme est lent mais permet de s’approprier les quêtes des personnages, de sentir leurs doutes, de rentrer dans leurs vies. Et tout est en finesse, en légèreté. Franchement, je ne vois pas où ce n'est pas ambitieux.
Le manque d'ambition pour moi il est dans le projet de base - qui est la resucée conforme d'un cinéma qui a quarante ans, et une cathédrale de certitude qui met tout en place pour ne se risquer aucune aile dans l'aventure. C'est ambitieux dans les limites de son propre cadre, si l'on veut, au sens de quelque chose qui va jusqu'au bout de son trip, qui fait le mieux dans ce qu'il entend et pense être un grand film. Et qui fait sa petite cuisine avec talent, effectivement, mais en gros j'ai l'impression que le film est l'illustration parfaite de ce qu'il dénonce : un confort embourgeoisé, tout en maîtrise et sûr de lui. Un peu comme quand on me dit qu'avec
Amour, Haneke a une grande ambition, qu'il va jusqu'à l'os de son cinéma - c'est vrai , mais faut voir quelle est l'ambition de ce cinéma, à la base, parce qu'alors c'est pas folichon...
En gros, je voulais dire par là que j'espère que la filmo de Ceylan réserve un peu plus d'étrangetés et de surprises, et donc d'ambition, oui.
Citation:
On baigne dans la mesquinerie, chaque personnage n’est certes pas très plaisant, ils sont tous très méprisables avec leur lot de défauts mais il arrive à nous les rendre tous attachants.
Bah écoute, pas vraiment non, de mon côté. On a pitié de la femme, à la limite. L'assistant est pathétique plutôt que méprisable, peut-être. Mais je ne trouve personne attachant.
Citation:
Premièrement, ce que je trouve très caractéristique de Ceylan, c’est que c’est très drôle.
Là encore, je sais pas quoi te répondre, je trouve ça intégralement sinistre. Quand le héros vomit dans le salon, j'ai juste envie de sortir, ce n'est qu'une manière de plus de le regarder par au-dessus... Tu penses à quels moments ?
Citation:
Deuxièmement, le film n’est pas que psychologisant, je trouve ça très réducteur de ramener le film qu’à cet élément. Il pose des questions à travers les personnages mais ne cherche jamais à répondre aux questions. Il y a une suspension, une mise en retrait qui permet à chacun de s’approprier les thèmes du film.
Par psychologisant, je ne parle pas du contenu des dialogues eux-même, mais de la lourdeur de la démonstration qu'ils entendent servir. Ce que tu dis toi-même, d'ailleurs :
Citation:
Ce qui est intéressant tient plus dans leur façon de se justifier, dans la mise à nu de leurs logiques/contradictions.
Pour moi on reste dans une logique d'exposé. Par exemple, dans la scène des comptes, à chaque fois que le héros, face à sa femme en pleurs, repart dans un nouveau rire condescendant, qu'est-ce qu'il y a d'autre à voir que l'exposé pénible, insistant, des rapports de domination et de pouvoir entre les deux - puisque question empathie, à un moment où le personnage est si détestable, c'est bloqué ?
Citation:
Troisièmement, la mise en scène est extraordinaire et apporte beaucoup au film notamment dans ses parallèles entre la nature et les sentiments, je ne vois pas quel cinéaste arrive à faire ca mieux que lui.
Bah écoute là encore je veux bien que tu me dise quel passage t'as marqué en ce sens, car je trouve ça très limité.