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MessagePosté: 18 Juil 2024, 22:45 
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Ayant terminé ses études de lettres, Sinan revient dans son village natal, dans la région des Dardanelles. Taciturne et pas encore complètement sorti de l'adolescence, il aspire à devenir un écrivain vivant de sa plume.
Mais il sent bien qu'il est probable qu'il doive choisir entre deux destins : passer des concours d'instituteurs et d'enseignant, en étant probablement muté "à l'est" (comprendre : au Kurdistan) pendant des années, ou pire, devenir policier ou militaire comme un de ses amis, pour, là encore débuter, "à l'est", ou à Istambul pour casser de l'étudiant de gauche, soit la condition qui était la sienne jusqu'alors.

Il porte en lui un premier livre, une autofiction appelée [i]le Poirier Sauvage
son principal concurrent et l'objet introuvable de sa jalousie est donc le film qui le raconte
.


Son père, instituteur déchu et excentrique, est dépendant au jeu au point d'avoir hypothéqué la maison familiale. Sa mère, assez jeune et encore belle, oscille entre indolence et empathie consolatrice.

Le père exploite une prairie appartenant au grand-père, soit-disant pour effectuer un retour à la terre, qui lui donne aussi l'occasion fuir le regard des siens, et s'échine à creuser un puis vers une hypothétique source. Sinan a des rapports compliqués avec lui, il le percoit comme étant la risée du village (peut-être en exagérant quelque, peu), et en a honte.

Il passe son temps à glander, reste la plupart dans sa famille mais fait aussi quelques rencontres : une jeune fille, assez espiègle et revèche, qui va tomber dans un mariage arrangé, l'ex-copain de celle-ci qui lui fout un pain au cours d'une virée en voiture, un conseiller munucipal puis un entrepreneur de BTP qui peuvent servir de mécènes pour ses projets culturels (mais aussi le surveiller). Deux imams, l'un pote d'enfance, plutôt fondamentaliste, l'autre "moderne" mais plus distant et fuyant
Un écrivain, plus reconnu, avec lequel il se fritte pour des questions d'intégrité artistique. Maussade mais disponible, il a du temps pour la conversation et la polémique. [/i]

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La seule femme du film, à peine 5 minutes sur 3 heures, pire que l'Evangile de Pasolini



Et donc avis mitigé. On reste dans la tonalité habituelle des films de Ceylan, avec un personnage priocipal deux fois extérieur à son propre univers, à la fois enveloppé dans une nature lumineuse vaste et modeste, mais domestiquée et silencieuse, immédiatement morale (le rôle du chien dans ce film), et par ailleujrs coupé socialement de son milieu social par sa posture d'intellectuel célibataire, critique et misanthrope, vécue comme une rupture avec la base populaire.

Le propos est à la fois humaniste. Le personnage est justifié dès que le film commence, mais l'ignore; et masochiste car les autres l'acceptent, là où il voudrait plutôt être compris, il souffre de ne pouvoir régir ceux qui lui pardonnent - par la littérature et son statut d'intellecutel, le personnage principal fusionne un fantasme explicite de justice et d'accomplissement social, mais aussi plus sourdement, celui de son propre pouvoir personnel sur les autres . Là où le pouvoir n'apporte aucune juissance et aucun changement, ont peut d'autant mioeux se jouer la comédie de la solitude. Le film a une texture à la fois plus tragique et douloureuse que la plupart des films de Ceylan, en étant travaillé par le thème du suicide et du parricide; qui fonctionnent comme des régressions et d'impossible âcher-prise , que l'image arrive cependant à capter là où il échappent comme de smauavis rêves au personnage. Mais il est aussi plus humouristique, le personnage de slacker raleur et acariâtre de Siman, qui joue finalement à être une sorte de procureur-raisonneur desprogien, la maladie en moins, le risque de finir à l'armée en plus, n'est pas antipathique.
Le film me parait aussi plus explicitement politique que le reste du cinéma de Ceylan, mais aussi plus conservateur, en articulant explicitement l'écart entre un pays où le système régalin, ce qui relève du contrôle des populations et du nationalisme adminsitativement centralisateur restent d'inspiration laïques, et fonctionnent comme des normes à intérioriser, lointaines mais conférant uen puissanc epotentielle, et une réalité locale marquée par un islam assez rigide, mais explicitement assumé comme difficile.
Le personnage de l'imam traidionnalistge est plus sympathique que l'imam réformiste auquel il s'oppose, car il epriime ses propres frustrations, ses complexes sociaux et personnels de la manière la p^luis franche Il sait que pardon, et compensation sont deux notions jumelles, l'une s'adressant au monde et performative, l'autre tournée vers soi et lle passé. Il ne parle pas de valeurs mais principalement d'un rapport à soi-même incomplet et de la difficulté de se supporter. Sa religiosité endosse la conscience de soi comme un quasi-pêché ontologique, que rien ne vient cependant laver. Elle déborde la religion,qui ruse avec elle, la limite mais ne l'exprime pas.
Cependant le film est très mécanique. Ce n'est pas un film choral, même s'il brosse un tableau social : tous les personnages, à part son père, ne sont rencontrés par Siman qu'une seule fois. Le père jalousé et détesté est le seul autre qui revient, quand la vie politique et sociale est exprimée dans la forme du conte - opposée au symbole car directement moral, codé mais matérialiste.

Plus génant, malgré son ampleur tarkovskienne, la msie en scène m'a semblée assez maladroite, avec pas mal de faux raccords, plombant le dispositif des champ-contrechamp des dialogues qui sont autant de joutes. Les personnages semblent se téléporter d'une partie à l'autre d ela vilel ou du paysage en même temps qu'ils discutent. Ce défaut technique redouble finalement une attitude morale : l'intellectuel aspire à un détachement sur le monde, qui permet le point de vue éthique, mais crois devoir travailler et se battre pour l'obtenir sans en percevoir la spontanéité (d'où peut-être le point de vue sur la religion, qui articule à la fois la contrainte et l'évidence, l'hétérogénité du sujet sur une loi presriptive, et promet une forme de jouissance - elle complète la littérature et est finalement plus individuelle que la culture ). Le film expose maladroitement la même ébauche de thème de Bach (qui rappelle l'adagio d'Albinoni), qui devient un leitmotiv facile, très dirigiste.
Reste que quelque-chose m'a touché, peut-être l'opacité du personnage du père, franc et despéré, suicidaire par méfiance envers la notion de valeur semble-t-il. L'empathie et le pardon ne sont permis que par la solitude qu'il éprouv, ne sont réel que chez le sujet qui a honte et voudrait disparaître, ils renversent la part non niable et subie du regard que les autres portent sur lui.
Deux fins alternatives sont propsoés: soit le fils reproduit réellement le sucide que le père avait simulé, soit il cherche à sa place la source, reprend l'utopie critiquée et rejetée. Il y a une forme d'amour oedipien possible, de rupture avec la rancoeur de la filiation, là où le fait d'être exilé de la praxis, contraint à la contemplation, provoque une honte aussi intense que celle de la pomme et de la sortie de l'Eden.

_________________
Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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