Histoire de la violence d'Edouard Louis
J'avais cordialement détesté son premier livre pourtant adulé,
En finir avec Eddy Bellegueule mais j'ai voulu tenter celui-là, rendu curieux par le sujet. En effet Edouard Louis relate une agression qu'il a subi, une tentative de meurtre, un viol par un jeune homme rencontré dans la rue et ramené chez lui en toute innocence.
Seulement au lieu de nous raconter les choses chronologiquement, simplement Edouard Louis met en place un dispositif étrange et totalement ridicule. Un an après les faits il se rend chez ses parents (les protagonistes de son premier roman) et il entend sa soeur raconter sa propre histoire à son mari alors que lui écoute derrière la porte. Et parfois il corrige à l'aide de didascalies en italiques ce qu'elle dit. En plus d'être profondément idiot (pourquoi rajouter une voix à la sienne, pourquoi décaler la narration ?) on retombe sur ce qui faisait le sel de son premier livre. Le discours passé forcément à la moulinette du prolétariat du Nord et son français approximatif ponctué d'expressions picardes avec tous le mépris que ça peut comporter.
C'est totalement artificiel (on l'imagine derrière la porte tout écouter dans un dispositif théâtral grotesque), ça n'apporte rien à ce qu'il cherche à nous raconter mais au contraire cela rajoute une couche de confusion à un ensemble déjà assez brouillon où on enchaîne les réflexions personnelles, sa gestion de l'après, le récit (car il le raconte lui aussi en partie) de cette soirée etc...
Même si j'aime plutôt bien son écriture simple et direct je reste assez agacé par ce personnage tantôt puéril (une scène absolument ridicule où il imagine son enterrement avec ses amis qui viennent depuis Paris se recueillir sur sa tombe, on dirait une blague), tantôt simplement antipathique. On retrouve comme dans son premier roman cet amour pour la complaisance, pour la souffrance, pour le plus pur misérabilisme, on le sent sans cesse attiré par le gouffre mais il y a toujours ce fond sale et répugnant que ce soit dans son regard ou même dans son écriture.
Tout ça n'enlève évidemment rien à l'horreur de ce qu'il a vécu mais j'ai tout simplement trouvé ce livre exécrable. Pourtant comme pour son premier, il est adulé comme le nouveau messie. Incompréhension totale.