Gagner la guerre C'est une transposition des trailers du jeu Assassin's Creed : un tueur à gages réputé, Benvenuto Gesufal, accomplit des exploits dans la capitale de la renaissance italienne. Ou ce qui en tient lieu dans le roman.
Point faible
Les 100 pages de remplissage disséminées dans le premier tiers du roman. Le récit de Benvenuto s'enlise dans des considérations techniques soporifiques. Ca plombe le début du roman et le rend parfois pénible.
Points forts
Action et rythme, dépaysement, ingéniosité, et une crapule sympathique en guise de héros
- action et rythme
les scènes d'action sont réalistes, fréquentes et variées. Quoique bien entraîné, le héros n'est pas un surhomme. Il prend des mauvais coups, s'en tire de justesse, se retrouve dans de nouvelles situations désespérées. La grande qualité des scènes d'action est qu'on s'attend à ce que Benvenuto soit grièvement blessé. Il n'est pas blanc bleu, ce n'est pas un de ces héros gentils dont on sent bien qu'ils seront protégés par l'auteur jusqu'à un happy end.
- dépaysement
Bien que l'univers soit imaginaire, on n'a aucun mal à traduire Ciudala = Venise et Ressine = empire ottoman. On visualise facilement les palais, les vêtements, les navires, les armes.
- ingéniosité
plusieurs mystères sont résolus. Identification de meurtriers, de commanditaires mais aussi complots politiques dont le lecteur ne soupçonne pas l'existence. La fin répond à tout, des faits du début du récit prennent tout leur sens.
- un personnage attachant
Quoique tueur à gages, Benvenuto est plutôt quelqu'un de bien, comparé aux autres personnages. Dénué de pulsions malsaines (haine, orgueil, cupidité, folie sanguinaire), modéré dans ses jugements, humble dans ses espérances, fidèle à ses engagements.
Au sommet de l'état, deux factions politiques s'affrontent pour s'emparer du pouvoir. Des dizaines de milliers d'innocents périssent dans les conflits qui en résultent. Malgré les épreuves qu'il traverse, Benvenuto garde son humanité.
Mais il échappe aussi au cliché du héros vertueux. Style Azoth dans "L'ange de la nuit", le tueur à gages bien propre sur lui qui va sauver la veuve et l'orphelin. Benvenuto a fait et a laissé faire des choses condamnables. Ca en fait un personnage moralement nuancé, crédible.
- pratiquement pas de magie
pour des raisons commerciales, le roman devait être dans le rayon fantasy. L'auteur n'avait aucune idée dans ce domaine. Il a eu l'intelligence de ne rien tenter. Juste un personnage très secondaire d'elfe, des nains et deux ou trois vagues sortilèges. Ca jure un peu avec le reste du récit mais c'est tellement marginal qu'on le pardonne facilement.
- le texte français est le texte original. Ca se sent. Le style est plus élégant que ne saurait l'être celui d'un traducteur, aussi talentueux soit-il.
Un grand roman d'aventures, justement récompensé par plusieurs prix. Sans doute un des meilleurs romans français du genre. Jaworski est un auteur à suivre.
Ce qui aurait pu être la bande-annonce du roman