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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 05 Nov 2013, 09:37 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Cosmo a écrit:
Oui, j'en parle quelques pages plus haut. Lourd, niais, irritant par moments. Puis trop plein de gros hasards qu'on gobe difficilement.

C'est curieux quand même... Une autre critique que j'ai entendue c'est que ça ressemblait trop au tome 1...

Tu as lu Fortitude de Larry Collins? Je vais le commencer un de ces quatre.

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 05 Nov 2013, 13:35 
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C'est très proche du t1, mêmes personnages (enfin, les enfants ont grandi), structure similaire. Mais ça le rend d'autant plus prévisible. Par contre, niveau personnalisation, écriture, etc, c'est infiniment plus lourd.

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 05 Nov 2013, 13:36 
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Pour Fortitude de Larry Collins, non, pas lu mais il y a plusieurs livres de lui qui sont sur ma liste des livres à lire un jour :)

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 13 Nov 2013, 15:08 
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J'ai lu le Cycle des Princes d'Ambre de Zelazny, je recommande !

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 13 Nov 2013, 22:53 
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Oui série de romans incroyable, surtout le premier cycle.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 15 Nov 2013, 15:11 
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Tu as lu aussi les Préludes ?

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 23 Nov 2013, 13:18 
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Je ne connaissais pas Audiard écrivain, c'est assez incroyable. Une dérive noctambule dans laquelle, en bon anarchiste de droite, il clame son désespoir et sa haine de l'humanité. On pense à Céline ou à Frédéric Dard, et le livre reste longtemps en mémoire.

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Bof. C'est la 1ère fois que je lis Grangé, je trouve ça franchement moyen. L'histoire est pas mal foutue et on est pris par l'intrigue, mais la fin c'est du grand n'importe quoi qui gâche le plaisir. A lire éventuellement l'été sur un transat.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 01 Déc 2013, 20:46 
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1984, de George Orwell.

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Bon, j'ai mis trop longtemps à le lire, du coup la force du propos s'est probablement diluée un peu.
Toute l'histoire autour de Winston est terriblement moderne, mais curieusement les passages tirés de la philosophie "Big Brother" sont un peu pénibles et longuets.
Les scènes de torture sur la fin (et la fin, aussi), c'est hard à lire (surtout le matin en allant au taf).


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 24 Jan 2014, 00:40 
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Je suis d'ailleurs, de Lovecraft

Aaaah Lovecraft, un nom évocateur qui m'a toujours intrigué, depuis ma lecture il y a plus de 10 ans du Seigneur des anneaux où des ouvrages de Lovecraft figuraient en dernière page, jusqu'aux références littéraires (Houellebecq adore) et aux discussions fascinées plus récemment.

A la lecture de ce recueil généreux (onze nouvelles), je me suis senti comme chez moi. Quand j'étais petit, mon frère et moi obtenions chaque fois qu'un de nos parents nous mettait dans le train ou l'avion (c'est-à-dire souvent) l'achat d'un Chair de Poule de R.L. Stine. Il s'avère en fait que ce brave faiseur, et avec lui toute la profession d'écrivaillons d'horreur-fantastique, a quasiment recopié le style de Lovecraft tel quel. Par exemple, cette manière de faire monter la sauce, notamment en créant une ambiance de mystère avant de faire semblant de la dissiper en décrivant l'horreur de manière partielle seulement (il adore les abjectifs génériques genre "indicible"). Mais l'on sent que chez Lovecraft, la fiction est sous-tendue par une pensée autrement plus riche, nourrie des mythes, des récits fantastiques mais aussi des expériences scientifiques. Lovecraft sait très bien stimuler l'imagination du lecteur en glissant ça et là des périphrases, des références culturelles (on le sent plutôt raffiné et cultivé), des allusions, souvent jamais explicitées même par la suite, avant de déployer ensuite un univers dense qui confère à chaque nouvelle une sorte de vie augmentée par rapport au simple scénario de fiction fantastique. L'une des nouvelles les plus emblématiques de cet amour réjouissant de l'anecdote et de la contextualisation est La maison maudite, où Lovecraft entreprend sur une vingtaine de pages de nous conter non seulement l'histoire de la famille ayant habité la maison, mais aussi la topographie de la ville, l'Histoire des colons, etc, tout ceci donnant corps à une sorte de cahier d'historien non-officiel, nous faisant presque oublier le dessein fantasmatique de l'auteur.

Alors évidemment, au bout de trois nouvelles, on se familiarise avec la structure de chaque histoire, toujours la même: intro épouvantée censée nous impressionner des insondables et terrifiants mystères de l'existence; récit d'une enquête par un narrateur hardi et méthodique; récit plus ample d'une histoire secrète découverte par le narrateur; confrontation avec le Mal ainsi mis au jour; conclusion entreprenant de boucler la boucle ouverte par l'intro, c'est-à-dire, nous impressionner une fois de plus sur l'ampleur de l'horreur vécue.

Mais, une fois habitué, je me suis dit que l'enjeu n'était pas la structure, ni même le vocabulaire (comme dit précédemment, Lovecraft en fait un peu trop avec certains adjectifs et il a des tics d'écriture très prononcés) mais bien ce que cette structure permettait en termes d'évocation d'horreurs à chaque fois différentes. Et là, c'est le festival de l'imaginaire. La grande force de Lovecraft n'est d'ailleurs pas tant de créer des monstres et des malédictions si originales (il ne les décrit de toute façon que succintement), mais d'arriver à créer des ambiances uniques, basées à la fois sur les sensations du narrateur et sur le mythe, l'histoire antique, secrète, dévoilée dans le coeur de la nouvelle. L'un ne va pas sans l'autre et c'est la singularité de Lovecraft: décupler l'impact horrifique par un "coefficient culturel"; il semblerait - et l'idée est fascinante - que pour Lovecraft l'horreur même est issue de la dégérescence, humaine, animale ou environnementale, raison pour laquelle l'Histoire, la géographie, les mythes, bref tout ce que l'horreur a de culturel, doit être convoqué.

Je ne suis pas sûr de relire du Lovecraft avant quelques temps, mais j'ai été très intéressé par l'expérience et je comprends pourquoi l'auteur fait l'objet d'un culte.

Un petit top des nouvelles lues (j'adore ses titres):

1- La Peur qui rôde: belle manière, ample et progressive, de finir le recueil; c'est le récit où l'enquête est le plus poussé
2- Le modèle de Pickman: exemple éclatant du lien fait entre culture et horreur
3- Je suis d'ailleurs: porte d'entrée magique dans le recueil. La chute est un peu attendue mais sinon, c'est un festival d'images poétiques toutes plus troublantes les unes que les autres
4- La maison maudite: ou le souci méthodique de la généalogie et de l'histoire chez Lovecraft
5- La cité sans nom: récit glaçant de l'exploration d'une civilisation ancienne
6- Arthur Jermyn: même souci que La maison maudite transposé à l'Afrique et ses explorateurs
7- La musique d'Erich Zann
8- La tourbière hantée
9- Le molosse
10- Air froid
11- L'indicible


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 25 Fév 2014, 16:28 
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Page 109 de ce fil, je vantais les mérites d' Entre ciel et terre, roman islandais de Jon Kalman Stefansson.

Eh bien figurez-vous que le bougre a persisté, et a finalement bouclé une trilogie, que j'appellerai "trilogie du gamin", avec la publication de La tristesse des anges
Image et du Coeur de l'hommeImage.

Dans ces deux autres tomes, le lyrisme est moins prononcé, d'aucuns diront moins ridicule (ah les cons :) ), se teinte de philosophie et d'érotisme. L'intrigue est moins resserrée, le nombre de personnages augmente, de sorte qu'on est perdu comme dans un catalogue IKEA entre les Geirprüdur, Kolbeinn, Helga et même deux personnages différents qui s'appellent Bjarni! Enculé d'auteur, va.
Malgré ce désagrément mineur, on est à nouveau transporté dans cette Islande terrible du XIXè où oublier sa veste à cause d'un poème signifie la mort, où d'ailleurs la mort violente est partout, et donc la poésie aussi, ainsi que la philosophie.
Ce qui est frappant c'est l'apparente naïveté du propos, qui masque en fait une maîtrise étonnante.
A nouveau le pitch tient sur une feuille d'OCB, mais l'essentiel est ailleurs, dans les relations entre les personnages (pourtant minimales!), avec toujours l'idée que les mots, que la poésie, peuvent tuer, sauver, transcender, adoucir la mort, créer la vie.

Hautement recommandable, comme disent "nos amis belges".

(et putain, lisez au moins le premier, bande de feignasses! N'attendez pas le film, y'en aura pas)

Edit, parce que je suis infoutu de poster en une seule fois!
Deux citations issues de La tristesse des anges :
Citation:
La lutte pour la vie fait mauvais ménage avec la rêverie, la poésie et la morue salée sont irréconciliables et nul ne saurait se nourrir de ses rêves.

Citation:
Je ne peux pas venir travailler aujourd'hui pour cause de tristesse.
J'ai vu ces yeux hier et ne puis, pas conséquent, venir au travail.
Il m'est impossible de venir aujourd'hui car mon époux est si beau quand il est nu.
Je ne viendrai pas aujourd'hui car la vie m'a trahi.
Je ne serai pas à la réunion car il y a une femme qui prend un bain de soleil devant chez moi et sa peau scintille.
Jamais on n'ose écrire ce genre de choses, on ne décrit pas les décharges électriques qui se produisent entre deux personnes, au lieu de cela on parle des prix, on s'attache à l'apparence, et non au souffle du sang, on ne se lance pas en quête de la vérité, de vers de poésie qui surprennent, des rouges baisers; on dissimule notre impuissance et notre résignation par une numération de données factuelles.

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-Good. Now go fail again.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 26 Fév 2014, 21:54 
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100 coups de brosse avant d'aller dormir

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Un récit froid de la vie intime d'une adolescente. Melissa a 14 ans. La deuxième fois qu'elle rencontre Daniel, 18 ans, elle lui prodigue docilement une fellation. Malgré l'agressivité et le mépris de Daniel à son égard, elle lui sert de jouet sexuel quelques mois. L'année suivante, greffière d'une réunion d'associations étudiantes, elle rencontre Ernesto. La vingtaine, séduisant, il a quatre copains doués pour les gang bangs qui garderont l'héroïne fort occupée dans une pièce obscure. A seize ans, Melissa se tape un échantillon variés de pédophiles et de vieux pervers. Pourquoi s'inflige-t-elle un tel parcours du combattant ? Elle a un plan ingénieux : laisser un maximum d'hommes abuser d'elle sexuellement, l'humilier, la mépriser, l'insulter et forcément, parmi ces messieurs Ô combien intéressants, elle trouvera son Prince Charmant.

Ce fut apparemment un des plus grands succès de la littérature érotique des années 2000. Hélas, l'érotisme est tué par la façon absurde dont les scènes sont amenées, par la non-intrigue psychologique et par le style pauvrissime. Les personnages sont inexistants. On n'a aucune idée de ce qui motive l'héroïne. Elle enchaîne mécaniquement des expériences sans lien avec ses attentes. Quand aux amants, leur description se réduit à leurs actes. Ils sourient, crachent quelques banalités et disparaissent. Tout sonne faux. L'adolescente qui met des guêpières. Qui va à l'école quand elle veut. Qui passe son temps avec des hommes de plus en plus âgés sans que sa mère ne s'inquiète le moins du monde. Qui aime se donner du plaisir devant un miroir sans recourir au moindre fantasme (voir sa propre image lui suffit). Qui endure des mois d'humiliations avec des détraqués. Comparé à ça, '50 nuances de Grey' (pourtant épouvantable) parait presque bien écrit. Le succès a du reposer sur deux astuces marketing. D'abord, faire croire que le roman a été écrit par une adolescente (caution d'authenticité auprès des lectrices, et frisson voyeuriste pour les lecteurs). Ensuite, concevoir une intrigue dont le résumé semblera toujours hautement prometteur en termes d'audace. Ce que je trouve assez malin. Pour se récompenser d'une telle créativité commerciale, les éditeurs vendent d'ailleurs cette nouvelle de 25 000 mots (soit environ 80 pages) au prix d'un roman. Sans le sou dix ans plus tard (2011), l'auteure a accusé publiquement son éditeur de l'avoir escroquée. Droits sur les ventes à l'étranger, téléfilm etc. Une dispute sordide qui a permis d'apprendre comment le texte avait atterri dans une maison d'édition. En particulier, le fait que la soi-disant auteure n'avait pratiquement rien écrit du texte publié.

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 26 Fév 2014, 22:04 
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Du fond de l'abîme

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Jack Reacher, militaire d'élite récemment démobilisé, se balade au hasard à travers les Etats-Unis. Son frère vient de mourir. Jack cherche ce qu'il va faire du reste de sa vie. A peine arrivé dans une petite ville tranquille, il est arrêté à tort pour une implication dans un meurtre local. Mais Jack est plein de ressources et ne tarde pas à prouver son innocence. Ce que n'avaient pas prévu les véritables coupables, une organisation criminelle qui opérait jusque là sans être inquiétée et qui va regretter d'avoir croisé son chemin.

Polar sympathique avec un héros plutôt attachant et une fin ingénieuse. Le livre a connu un succès mondial assez mérité en 1997. Le personnage principal, Jack Reacher (récemment incarné à l'écran par Tom Cruise) est devenu le héros d'une quinzaine de romans. Je l'aime bien tel qu'il est là, costaud et malin, mais avec un côté sensible et mélancolique qui disparaîtra dans les volumes suivants. Ramsay a fait faillite, donc les 5 premiers romans consacrés à Jack Reacher - celui ci compris - ne sont plus disponibles en France en neuf. Mais ça doit se trouver en occasion sur le net.

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 16 Mar 2014, 00:33 
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Emma (Jane Austen)

Le livre sonne comme un accomplissement de l’œuvre d'Austen (les codes, manières, et interprétations de comportements, tout cela est cette-fois vraiment ostensiblement placé au centre de l'ouvrage, au point d'en devenir le sujet). Pourtant (ou peut-être à cause de cela), le livre m'a paru peu aimable. Il y a peut-être simplement une couille liée aux rouages Austeniens qu'on commence petit à petit à reconnaître : le quiproquo dont le mystère va occuper tout le premier tiers du livre est grillé très vite, sans parler de l'amant final et promis qui se devine comme le nez au milieu de la figure. Le roman jouant en partie du suspense sur ces questions, c'est un problème. Mais le souci est plus profond : les codes de société ne semblent plus être le labyrinthe à travers lequel vont survivre les passions, mais une fin en soi. La mise en avant des rapports de classes, la nécessité de ne côtoyer que son propre milieu social, l'importance donnée au sang, tout cela est traité avec un respect suffisant qu'il serait certes anachronique de dénoncer, mais qui rend malgré tout la lecture très désagréable - d'autant que je ne trouve pas le roman si lucide que ça sur les errements de son héroïne.

Il reste cette capacité assez magistrale à éveiller notre intérêt pour toute cette diplomatie absurde des rapports en société, à déchaîner d'immenses tempête dans le plus petit des verres d'eau. Ça se lit tout seul, mais grosse déception, donc.



Image Image Image

1Q84 (Haruki Murakami)

Relative déception ici aussi, même si la plume de Murakami est délicieuse, et que ça m'a bien donné envie d'aller lire d'autres romans de lui (on me dit qu’apparemment c'est loin d'être son meilleur livre).

Le premier livre est superbe. L'alternance de deux personnage pourrait condamner le récit à une espèce de course (cliffhanger sur cliffhanger), mais il n'en est rien : chaque chapitre développe une situation ou une question qui lui est propre, et qui plus d'une fois peu sembler secondaire du point de vue de l'intrigue, mais qui est traitée calmement, pleinement, dans sa singularité. C'est très satisfaisant à la lecture, car à la fois le mystère à résoudre ne prend jamais le dessus sur les personnages et leurs émotions, et on a jamais l'impression de faire la course. L'autre belle chose, c'est que la science-fiction y est "douce" : elle reste une sorte de caisse de résonance fantastique aux tourments des personnages. Ça se fait de trois façons différentes : soit en se contentant de suggérer le fantastique (une partie des éléments restera d'ailleurs inexpliquée) ; soit en le traitant rapidement et de face, quand il le faut (les personnages acceptent très rapidement l'état des choses, ne s'aveuglent pas trois chapitres inutilement) ; soit, quand il s'agit de le figurer, en passant par des images de fable, et l'écriture naïve et simple qui va avec (les little people, les deux lunes, tout ça évoque un conte qui aurait soudain croisé la réalité).

Le problème c'est que Murakami ne tient pas la distance. Dès le second livre, les situations arrêtent de varier d'un chapitre à l'autre, et le roman se met à se répéter dangereusement, épuisant ses personnages et ses situations sans en tirer grand chose de nouveau : tout ce qui a trait au père, à l’hôpital, par exemple, est un immense brassage de rien. Le deuxième livre bénéficie d'un gros coup de fouet en son centre, la fuite reconfigurant assez la situation pour bien relancer notre intérêt, mais c'est au prix d'une confrontation centrale très maladroite, à la fois dans le style (longs dialogues surexplicatifs et pourtant confus, on se croirait dans Matrix), et dans ce que ça brasse (les trois livres, dans leur ensemble, sont je trouve très dilettantes avec l'imagerie de la pédophilie, dont ils jouent de manière complaisante et désagréable).

Le troisième livre, enfin, ne fait grosso-modo qu'étirer une seule et même situation sur tout le bouquin... Il y a forcément quelque chose à l’œuvre : quand le troisième point de vue arrive, et qu'on suit sur tous ces chapitres une enquête dont le lecteur connaît déjà tous les aboutissants, en avance sur le personnage, et que néanmoins ça se lit sans déplaisir, c'est qu'il doit y avoir quelque chose au travail là-dessous, quelque chose qui nous parle. Mais je trouve quand même les livres trop enclins à revenir encore et encore sur ses meilleures trouvailles, ad nauseam, au risque de se gâcher. Par exemple, quand le lecteur comprend tout seul le lien à partir de l'anecdote de la main empoignée, c'est magnifique : est-ce vraiment nécessaire que l'autre perso vienne ensuite commenter dans sa tête ce qui s'est passé, surexplicitant cent fois ce qu'on a ressenti ?

Bref, j'ai l'impression d'un beau gâchis, parce que c'est potentiellement un superbe bouquin de SF. Ce n'est pas tant une question de longueur et d'ennui (ça se lit très facilement), que la désagréable sensation de remplissage qui émerge au cours de l'avancée dans la lecture : il n'y avait clairement pas besoin de trois livres.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 16 Mar 2014, 01:28 
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Son meilleur, c'est Les Amants du Spoutnik.

J'étais, et je reste curieux de lire cette suite de bouquins. Je me ferai ça quand j'aurai rattrapé mes lectures en retard (et putain, j'en ai PLEIN!)

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 16 Mar 2014, 10:24 
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Ah bah c'est justement un de ceux qu'on m'avait cités (avec Kafka sur le rivage).


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