Le Marché des Amants Christine Angot.
Sur la page Wiki d'Angot un passage qui retranscrit parfaitement mon sentiment :
Citation:
Il en est de même, pour illustration, de son livre Le Marché des amants, considéré par Benjamin Berton, écrivain et critique, comme « le meilleur de l’auteur », mais qui souligne aussi que le livre est « le plus ridicule que vous pourrez jamais lire si vous aimez, disons, la littérature d'ambition, la littérature d'aventure, la littérature qui raconte des histoires amples, historiques ou dramatiques », avant de conclure, à propos de Christine Angot : « C'est une tragédienne magnifique et affligeante.»
C'est exactement ça. Un livre affligeant mais fascinant en même temps. J'ai failli lâcher après 50 pages mais finalement je me suis accroché et c'est passé tout seul. Ca se lit très bien, un peu comme un blog ou Angot nous raconte au jour le jour ses relations compliquées avec les hommes et surtout Doc Gynéco. Il y a, il ne faut pas se mentir, un côté Closer là dedans où on est curieux d'avoir des images de leur intimité, des détails sexuels bien triviaux (Gynéco qui aime bien baiser vite fait Angot dans l'entrée de l'immeuble, qui insiste en permanence pour la sodomiser alors qu'elle veut pas...)et surtout on essaie de comprendre comment l'écrivain intello/névrosée au dernier degrés peut tomber follement amoureuse de ce baltringue qui porte Sarkozy aux nues et qui chante de la merde. Dans le roman il est mis sur un piédéstal et c'est assez frappant le contraste avec l'image public du mec. Son amour pour lui est assez touchant, le mec devient également assez sympathique et découvre une personnalité riche et passionnée (même si on sent qu'elle le regarde avec des yeux aveuglés par l'amour).
Et au final c'est le portrait d'une femme perdue qui cumule les mecs (trois mecs dans ce roman), qui a un coeur d'artichaut. C'est comme une ado qui cherche à tout prix le grand amour en faisant n'importe quoi et en croyant tout ce que les mecs lui racontent. Elle est comme une amie qui multiplie les conneries mais qui parvient pas à s'arrêter.
Elle écrit des trucs assez horribles par contre comme :
Christine Angot a écrit:
Quand je cherchai un siège libre dans un endroit public [...], depuis que je le connaissais (Bruno alias Doc Gynéco), je m'asseyais à côté des familles noires, antillaises, je m'y sentais plus en sécurité.
Mais c'est vraiment fascinant d'un point de vue presque psychanalytique, de voir comment cette femme est une victime absolue et qu'il est évident qu'elle le restera toute sa vie. Quand elle essaie de trouver des excuses aux mecs qui la traitent comme des merdes (genre le mec l'appelle pas pendant trois semaines ou pète un câble pour un rien, c'est tout de suite de sa faute). Qui pardonne l'impardonnable à Doc Gynéco
Et c'est touchant de voir qu'elle est si faible, comme quand elle va chez un voyant et que ça l'influence totalement. C'est là où le livre est finalement assez beau, c'est dans la description d'une fille brisée par un évènement traumatisant (son inceste) qui ne parvient absolument pas à trouver une plénitude et qui s'égare dans des relations sans fondement malgré tout sa bonne volonté pour nous prouver le contraire. Elle en devient une héroïne pathétique et tragique qui semble inadaptée pour ce monde.
Je regrette pas d'être aller au bout. Je vais essayer d'en lire d'autres.