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MessagePosté: 23 Aoû 2016, 09:29 
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Successful superfucker
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Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville.

La première demi-heure s'avère une torture et on se demande si on ne tient pas là le pire Ozon depuis Ricky tant l'ensemble semble mou et que l'on croit s'attendre à ce qui va suivre vu l'affiche, du genre Niney qui revient honorer la mémoire de son amant allemand connu sur le front. Mais au final cela n'était qu'une fausse piste, Frantz restera peut-être même comme le film d'Ozon le moins chargé en thématique LGBT. A vrai dire, dès qu'on se focalise davantage sur Paula Beer, nouvelle découverte du cinéaste après Ludivine Sagnier ou encore Michael Fassbender, bref en évacuant sa star un peu fade, Frantz prend une tournure sous-le-sablesque en se métamorphosant en mélodrame sur l'absence, le mensonge et le pardon, faux triangle amoureux vicié avec la figure du mort en troisième homme. En reprenant un Lubitsch méconnu qui parlait de fraternité dans un temps d'après-guerre en pleine défiance, Ozon s'éloigne de l'académisme poussif de son ouverture, pour en faire une quête personnelle cathartique gorgée de mystère et de poursuite romantique impossible entre France et Allemagne.
5/6


Dernière édition par DPSR le 23 Aoû 2016, 09:53, édité 1 fois.

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MessagePosté: 23 Aoû 2016, 09:50 
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Le film est très beau, on sent qu'Ozon veut tenter quelque chose de beaucoup plus épuré et sobre qu'habituellement avec ce noir & blanc et son décor minimaliste de village allemand du début XXeme qui rappelle (d'assez loin certes) Le ruban blanc d'Haneke. Et si le récit est suffisamment bien agencé et sait parfaitement jouer de son mystère autour de cette belle idée centrale d'un personnage absent j'ai quand même trouvé le film un peu morne. Il manque une vraie envolée romantique ou une explosion émotionnelle pour que le mélo bouleverse vraiment. La partie où
elle retourne à Paris à sa recherche aurait pu être un peu plus longue peut-être et le début au village plus court. Le film est de fait assez bizarrement rythmé.
La fin arrive presque trop vite et m'a semblé un peu molle, là encore manquant de fougue romantique (même si le dernier plan est très beau).

Après ça reste un beau film avec deux comédiens que j'aime beaucoup. Niney toujours parfait dans cette hypersensibilité émouvante et Paula Beer, vraie découverte, bouleversante. Il y a aussi cette idée un peu naïve mais qui fonctionne bien dans le film
le retour de la couleur pour signifier les moments de bonheur.


3-4/6

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MessagePosté: 24 Aoû 2016, 14:35 
Le Lubitsch remaké c'est "Broken Lullaby" ? Beau film lui-même malade et un peu "mou" dans son dénouement (Lubitsch utilise l'excès de pathos pour indiquer qu'il ne croît finalement pas beaucoup au pacifisme de son histoire), en rupture avec son ton habituel.


Dernière édition par Gontrand le 24 Aoû 2016, 15:27, édité 1 fois.

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MessagePosté: 24 Aoû 2016, 14:51 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Oui c'est celui-là. D'après Ozon, il a osé "remaker" Lubtisch (en fait c'est une autre adaptation d'un roman) parce que c'est l'un de ses moins bons films et que personne ne le connait.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 24 Aoû 2016, 14:59 
Je l'ai vu il y a une dizaine d'année, on le trouvait assez facilement en DVD. Disons que le film a un côté édifiant et saint suplicien avec lequel Lubitsch est mal à l'aise. Borzage est meilleur pour ce genre d'histoire. A la fin le soldat français se comporte involontairement comme un gros bébé en regression qui renonce à l'age adulte et est pourtant obsédé par le deuil, cela devient un monstre, comme si c'était la seule façon de surmonter les rancoeurs nationales et la menace du fascisme (à la limite la situation assumée plus franchement cela aurait fait un film très moderne). On sent que Lubitsch a perçu le problème sans trouver de bonne réponse (il es vrai qu'elle n'est pas facile à trouver, mais il a fait mieux par après). Dans mon souvenir le début (où il ridiculise une cérémonie patriotique, avec un veine presque bunuellienne) est assez fort.


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MessagePosté: 13 Sep 2016, 22:18 
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DPSR a écrit:
A vrai dire, dès qu'on se focalise davantage sur Paula Beer, nouvelle découverte du cinéaste après Ludivine Sagnier ou encore Michael Fassbender, bref en évacuant sa star un peu fade

Je suis bien d'accord avec DPSR pour dire que Paula Beer survole le film de sa présence et de sa justesse, la première partie plutôt centrée autours du personnage de Niney (que je pense voir pour la première fois à l'écran et que je suis loin de trouver génial) en pâti grandement. Mais il n'en est pas le seul responsable.
Ozon souhaite absolument s'appesantir sur le ressentiment franco-allemand post première guerre mondiale, ce qui dilue fortement la force de ce qui fait le cœur du film. A vouloir jouer la carte d'une certaine ascèse dans sa mise en scène (plans très serrés, noir et blanc), il aurait eu tout à gagner à la pousser encore plus loin, écarter les seconds rôles tel celui de Kreutz qui parasite inutilement la dramaturgie alors que les mêmes sentiments auraient tout aussi bien pu s'exprimer (c'est d'ailleurs le cas) au sein de la cellule familiale.


Art Core a écrit:
Il y a aussi cette idée un peu naïve mais qui fonctionne bien dans le film
le retour de la couleur pour signifier les moments de bonheur.

Malheureusement je trouve qu'elle ne fonctionne bien que pour la scène finale, et qu'Ozon use du même procédé dans la première partie du film - en omettant de l'utiliser lors de la scène du bal - à la seule fin de justifier ce micro twist final. Je trouve ça sinon puérile, du moins maladroit. Son actrice principale est suffisamment talentueuse pour ne pas à avoir recours à un effet aussi grossier. Par ailleurs j'ai trouvé le noir et blanc du film assez moyen, alors que les séquences en couleurs me semblaient plus belles, j'ai le sentiment que le film aurait été nettement plus beau tout en couleur.


DPSR a écrit:
[Frantz prend une tournure sous-le-sablesque en se métamorphosant en mélodrame sur l'absence, le mensonge et le pardon

Ce qui est certainement le sujet le plus intéressant du film est cette opposition entre Niney et Beer, où les apparences ont tendance à les rapprocher (leurs mensonges respectifs, le souvenir de Frantz), mais où finalement tout les oppose. Lui ment par lâcheté et égoïsme (son personnage est d'ailleurs de plus en plus abject, qui cherche le pardon sans se poser la question de l'outrecuidance de sa démarche), alors qu'elle ment par altruisme de manière à protéger les Hoffmeister. C'est tout le sens de cette scène finale, où seule elle comprend la profonde nature du Manet (d'où la couleur), capable de se sacrifier pour le bonheur des autres - alors que lui ne recherche que son bonheur (du moins l'apaisement) personnel.


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 22:41 
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Très beau film, mais contrairement à ce que dit DPSR cela demeure (un peu) chargé LGBT.

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MessagePosté: 19 Sep 2016, 12:59 
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Il aurait fallu n'utiliser la couleur que pour le plan final.


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MessagePosté: 22 Jan 2017, 16:48 
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Perso, j'en ai marre des films qui commencent en noir et blanc et qui mettent de la couleur un peu quand ça leur chante. Déjà l'idée que la couleur apparaisse lors des moments de bonheur c'est ultra grossier mais en plus Ozon n'est même pas rigoureux dans son dispositif. Bon c'était mon petit coup de gueule contre ce tic de réalisation ridicule surtout que le noir et blanc est plutôt beau. Mais quand dans une même scène on a deux changements de couleur, c'est juste contreproductif au possible.

Contrairement à DPSR, je trouve admirable cette première partie dans le village allemand. Le classicisme sied très bien à Ozon et je me suis retrouvé ému à plusieurs reprises. Pas une faute de goût, reconstitution rigoureuse et narration parfaite pour nous amener à cette révélation qui n'est pas vraiment une surprise. On sent l'anguille sous roche et le talent d'Ozon est de nous faire ressentir ce retour à la vie des proches de Frantz menacé par le secret du personnage de Niney. Cette première heure fait pour moi partie de ce qu'Ozon a pu faire de mieux dans son cinéma et de ce que je préfère dans cette année cinéma 2016.

Le souci c'est que passé cette révélation, j'accroche moins à tout ce qui va suivre en France. C'est pas mauvais loin de là mais ça me passionne moins. Après, il y a le personnage d'Anna qui est vraiment magnifique. Elle prend tout sur elle pour assurer le bonheur des parents de Frantz et d'Adrien. Personnage éminemment romantique qui est bien incarnée par Paula Beer. Pareil que vous sur Niney. Ca n'est pas un mauvais acteur, il est ici bien dirigé par Ozon mais voilà quoi son potentiel est limité.

Voilà un peu déçu du film qui commence très fort mais se casse la gueule dans sa seconde partie. Douche écossaise pour moi que ce Frantz.

4/6


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MessagePosté: 22 Jan 2017, 16:50 
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Prout Man a écrit:
Il aurait fallu n'utiliser la couleur que pour le plan final.
A la limite oui. Mais encore j'aime pas la fin, happy end qui n'a pas vocation d'être.


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MessagePosté: 22 Jan 2017, 16:59 
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Abyssin a écrit:
Prout Man a écrit:
Il aurait fallu n'utiliser la couleur que pour le plan final.
A la limite oui. Mais encore j'aime pas la fin, happy end qui n'a pas vocation d'être.

Je ne crois pas que l'on puisse parler de happy end, non, c'est désespérant.

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MessagePosté: 22 Jan 2017, 17:05 
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Mon terme n'est en fait pas approprié. Je trouve quand-même la scène ultra dispensable. J'ai aussi l'impression que le matériau d'origine (le roman et/ou le Lubitsch) n'est pas si de bonne qualité que cela même si j'admire son ambition.


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MessagePosté: 26 Aoû 2017, 17:56 
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Antichrist
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La couleur ce n'est pas le bonheur, mais les souvenirs fabriqués, la fiction en quelque sorte. D'où son absence lors du bal.

Curieux film, comme toute la filmographie d'Ozon, où l'on sent que ça pourrait être magnifique, simple, beau et émouvant, mais c'est toujours un peu pervers, un peu déceptif, un peu retors dans l'émotion. Beaucoup pensé à Sous le sable mais aussi à Angel. Je trouve Niney plutôt pas mal, comme une émanation cinématographique d'une BD de Tardi. Paula Beer est très bien, aussi, vraie révélation, et je préfère la seconde partie à la première (même si je ne comprends pas à comment elle le retrouve avec juste le nom de Rivoire). L'ensemble est trop long - surtout la première demi-heure -, rythmé bizarrement, mais ça fait aussi partie de son charme, de son ton et de son originalité. Le plan final est magnifique et le film t'enveloppe d'une émotion incertaine.

4/6


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MessagePosté: 26 Aoû 2017, 18:00 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Billy Budd a écrit:
Très beau film, mais contrairement à ce que dit DPSR cela demeure (un peu) chargé LGBT.


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