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MessagePosté: 06 Nov 2025, 17:54 
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MessagePosté: 06 Nov 2025, 18:00 
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latique a écrit:
Lohmann a écrit:
Meursault n’est victime que de son extrême passivité, de sa porosité à un système de domination dont il bénéficie et sur lequel il n’a aucun recul. Il est tout autant un être abject qu’une passionnante étude de cas.
On ne comprend pas, alors, pourquoi ce même "système" le condamne à mort à la fin. (oui je spoile)

N’ayant pas véritablement conscience de ce système, il n’a donc évidemment pas plus conscience des limites qui y sont définies.


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MessagePosté: 06 Nov 2025, 18:01 
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Castorp a écrit:
Je ne trouve pas, en art, que les intentions de l'auteur soient si importantes que ça. Ce qui compte, c'est ce qu'on voit. Parfois, ça correspond aux intention du créateur, mais souvent, non.
Ca se discute. Mais la question (de QGJ), c'était de savoir si le roman portait un "regard critique sur la colonisation". On peut faire la critique de la vision du colon à partir de "Robinson Crusoé" par exemple, mais on ne dira pas que ce roman porte un regard critique sur la colonisation.

Lohmann a écrit:
N’ayant pas véritablement conscience de ce système, il n’a donc évidemment pas plus conscience des limites qui y sont définies.
Il en a conscience dans la mesure où il refuse constamment de mentir : c'est justement ça qu'on lui reproche du début à la fin : d'être bizarre, de pas jouer le jeu comme tout le monde, de même pas essayer de faire semblant.


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MessagePosté: 06 Nov 2025, 18:11 
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latique a écrit:
Lohmann a écrit:
N’ayant pas véritablement conscience de ce système, il n’a donc évidemment pas plus conscience des limites qui y sont définies.
Il en a conscience dans la mesure où il refuse constamment de mentir : c'est justement ça qu'on lui reproche du début à la fin : d'être bizarre, de pas jouer le jeu comme tout le monde, de même pas essayer de faire semblant.

C’est un emplâtre, une coquille vide, un réceptacle de ce que la société projette sur lui. Et donc oui, il est incapable d’une quelconque complexité, il ne peut dire que ce qui s’est réellement passé, qu’il ne considère même pas comme un crime. On dérive mais c’est en cela qu’il est passionnant, c’est limite plus un concept qu’un être humain. Et de ce que j’ai vu dans la BA sur ce point exact Ozon fait totalement fausse route.


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MessagePosté: 06 Nov 2025, 18:59 
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Je crois que Camus a été membre du PCA, lié (de manière compliquée, au moment du Front Populaire la stratégie de séduction des classes moyennes s'est faite au détriment de l'aspect anticolonial) à l'Etoile Nord-africaine à un moment, et connaissait Messali Hadj, ce qui peut jouer dans sa distance vis-a-vis du FLN.

Sinon dans mon souvenir l'Etranger repose plutôt sur l'opposition athéisme/ foi que sur un propos directement politique (il revendique son geste face au curé et dissocie le pardon, garanti de l'extérieur, du salut, qui renvoie à une liberté et un choix personnel. Le meutre est une forme de rapport à l'autre qui sacrifie une notion religieuse du repect intangible de la vie. C'est ue acte de liberté que rien d'extérieur ne garantit, et le système colonial est lui-aussi une extériorité plutôt qu'un pouvoir oppressant. Mersaulr prouve que sa liberté du sujet leur préexiste absolument, en annihilant un autre a la fois absoku et muet. Et cette préexistence et là même si le sujet ne la saisit pas, on est plus dans une forme de situation existentielle type et relativement abstraite. Mais il n'y a pas chez Camus de séparation entre les situations et les valeurs, l'Arabe est à la fois connoté par le racisme colonial et le cliché du fatalisme musulman, je crois que Camus les fusionne intentionnellement, car c'est là que l'historicité réside pour lui. Le roman dialogue sûrement un peu aussi avec Gide qui dans les Caves du Vatican ou les Faux Monnayeurs met en scène des meutres gratuits, absurdes mais aussi revendiqués).


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MessagePosté: 06 Nov 2025, 19:44 
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Oui (sur l'opposition athéisme/ foi, le meurtre comme acte libre). Tout est dans le nombre de coups de feu sur la plage : le 1er (qui suffit à tuer le gars), c'est le soleil, la fatalité. Les 4 suivants ne servent à rien, sinon à signifer sa liberté, qui consiste ici à assumer la responsabilité de ce qui arrive.

Lohmann a écrit:
Et de ce que j’ai vu dans la BA sur ce point exact Ozon fait totalement fausse route.
Il a raison de trahir le roman, qui ne serait plus adaptable fidèlement aujourd'hui, pour certaines des raisons qu'on évoque ici et parce que certains de ses enjeux (notamment religieux) sont quand même un peu datés.
Le roman d'ailleurs semble en perte de vitesse dans les lectures scolaires, alors qu'avant, c'était fréquent de l'étudier au lycée.

Jamais vu la version de Visconti, qui a tellement mauvaise presse.

QGJ a écrit:
Et comment ne pas aimer un film dont un plot point repose sur les persos qui vont voir LE SCHPOUNTZ ?
C'est dans le roman aussi : pas "Le schpountz" spécifiquement mais "un film avec Fernandel". J'avais jamais pensé que Camus pensait à ce film ! Mais si ça se trouve c'est bien celui-ci, à cause de la fameuse scène "Tout condamné à mort aura la tête tranchée"


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MessagePosté: 06 Nov 2025, 20:44 
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Selon mes souvenirs de lycée (et des discussions avec une cousine ayant rédigé un mémoire sur l'auteur, mais ça remonte aussi), dans L'Etranger, le colonialisme est un cadre absurde comme un autre et le titre résume assez bien l'esprit d'avoir un personnage principal en énorme décalage avec le réel. Importance aussi, comme dit par VG, de la notion de foi (et donc de sa fragilité).

Et en règle général, Camus se concentrait justement à investir des sujets pour lesquels il ne se sentait pas étranger et n'avait pas l'audace de prétendre incarner plus que de raison un indigène colonisé.
Et puis, c'est l'auteur qui assume choisir d'abord sa mère.
VG qui rappelle aussi l'engagement de Camus dans la question colonisatrice n'était de toute façon certainement pas pour une indépendance, en tout cas si rapidement, et encore moins pour le FLN (qui se résume quand même beaucoup à une clique de notables militaires ayant campé à l'arrière avant de venir s'occuper de l'essentiel des combattants kabyles, qui se sont salis les mains, à qui elle avait fait des promesses jamais tenues).

Un Ozon qui n'a, a priori, aucune capacité à comprendre un personnage d'algérien musulman (a priori moins qu'un Alexandre Arcady), prend la liberté d'étoffer un personnage de la sorte, ça sent quand la fatuité.
Mais je préjuge, je ne sais pas ce qu'il en fait.

A notre époque, c'est peut-être justement important de reprendre ce qu'on reprocherait comme angle mort sur ce genre de détail du roman. Parce qu'on sait ce qui s'est passé après, et franchement, l'absurde déjà présent dans le livre se suffit.


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MessagePosté: 06 Nov 2025, 22:08 
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latique a écrit:
Ca se discute. Mais la question (de QGJ), c'était de savoir si le roman portait un "regard critique sur la colonisation". On peut faire la critique de la vision du colon à partir de "Robinson Crusoé" par exemple, mais on ne dira pas que ce roman porte un regard critique sur la colonisation.


Porter un regard critique sur la colonisation, ça ne veut pas dire la dénoncer.
Faulkner porte un regard très critique sur les sociétés sudistes (un des thèmes principaux de ses romans, c'est le pourrissement), et pourtant, il ne les dénonce jamais vraiment.

Encore une fois, c'est pas incompatible, et un livre n'a pas besoin d'être militant pour montrer les rouages pervers d'un système.

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MessagePosté: 06 Nov 2025, 22:09 
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Bêtcépouhr Lahvi a écrit:
A notre époque, c'est peut-être justement important de reprendre ce qu'on reprocherait comme angle mort sur ce genre de détail du roman.
Je ne sais pas. On aurait Finkielkraut et Le Point qui feraient des tribunes pour défendre Camus mordicus. Ce serait ni fun ni bien nouveau.

Castorp a écrit:
Porter un regard critique sur la colonisation, ça ne veut pas dire la dénoncer.
Faulkner porte un regard très critique sur les sociétés sudistes (un des thèmes principaux de ses romans, c'est le pourrissement), et pourtant, il ne les dénonce jamais vraiment.

Encore une fois, c'est pas incompatible, et un livre n'a pas besoin d'être militant pour montrer les rouages pervers d'un système.
Je ne suis pas spécialiste de Camus et de ses idées sur la colonisation. C'est un gros et vieux dossier. Il a écrit des articles sur la pauvreté insupportable des Algériens et il a aussi écrit (en 1959) qu'il quitterait la France si l'Algérie devenait indépendante. Ca me paraît difficile de prétendre "montrer les rouages pervers d'un système" tout en faisant tout pour le sauver.
Je ne cherche pas à démolir ce roman, ce serait bête, et je l'aime toujours d'un vieil amour de jeunesse, parce que ça a été une lecture marquante et qu'il reste fort sur un tas de plans. Je dis simplement que c'est faux de prétendre qu'il critique la situation coloniale. Les Arabes n'existent pas dans ce livre : ils sont dans le décor d'Alger comme la plage et le soleil. Ils attendent. Ils ne parlent pas, ils n'agissent pas. Ils ne font rien de plus que bouger avec le soleil, comme les ombres (ce qui est quand même fou, quand on sait ce qui s'y passait). Tout le roman raconte l'histoire d'un Français condamné à mort pour avoir tué un Algérien. Combien de fois c'est arrivé en vrai ? Zéro. Dans "La Peste", qui se passe à Oran, combien y a d'Arabes ? Zéro. J'appelle pas ça avoir un regard critique sur la colonisation.


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MessagePosté: 07 Nov 2025, 07:02 
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latique a écrit:
Je ne sais pas. On aurait Finkielkraut et Le Point qui feraient des tribunes pour défendre Camus mordicus. Ce serait ni fun ni bien nouveau.
Justement, faire des choix en se demandant comment Finkielkraut ou Le Point vont réagir, c'est déjà agir et réfléchir selon eux.
La caravane passe...

Maintenant, je trouve ça beaucoup plus intéressant la démarche de l'auteur dont tu parles qui romance le personnage de l'Arabe que de, semble-t-il dans le Ozon, l'étoffer superficiellement. Alors c'est peut-être très pertinent mais vu que ça a l'air de tourner autour d'un nom et quelques lignes de dialogues en plus, faut faire fort pour ne pas donner l'impression que c'est pour éviter des tribunes d'untel et d'untel dans je sais pas quoi. En l'état, et je ne sais plus où j'ai lu ou entendu cette modif, mais vu aussi qu'Ozon en parle dans sa promo à Càvous, l'émission hyper fun où ça parle plus souvent qu'à son tour de la marche du monde autour d'un vrai/faux apéro avec un cuistot au turbin en 2nd plan.

Pire quand on adapte Camus : pour se donner bonne conscience. Est-ce que Camus avait encore de vraies attaches en Algérie dans les années 50 ? Il était un écrivain star internationale (j'hallucine toujours de la notoriété dont il bénéficie chez des étrangers lambdas). Ça aurait été beaucoup plus gratifiant pour lui de suivre le grand mouvement intellectuel pro-décolonisation de l'époque.
Mais peut-être avait-il cette modestie à reconnaître que la vie, ce n'est pas de la littérature. Et ce respect à ne pas prétendre sonder les âmes d'individus qu'il ne devait que trop côtoyer comme des ombres pendant des années (et c'est plutôt intéressant rétrospectivement ce sentiment d'étanchéité entre les deux sociétés et abonde pour moi dans le sens de l'Histoire: une Algérie ne pouvait qu'être indépendante sans ses Pieds-Noirs, et une Algérie française ingérable, quand on voit les relations entre les deux Etats).


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