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MessagePosté: 25 Avr 2009, 17:55 
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Aujourd'hui un film d'un grand maître du cinéma mondial, j'ai nommé Ernst Lubitsch.
Il s'agit de Heaven Can Wait (en VO) film de 1943 avec, entre autres Don Ameche, Gene Tierney et Charles Coburn.

Image

Voici le synopsis du film que l'on peut trouver sur Wikipédia:

Juste après sa mort, Henry Van Cleve, persuadé de mériter le feu
éternel, se présente auprès du Diable et sollicite son entrée en
enfer. Celui-ci, charmant mais débordé, semble incertain du sort
à réserver à son visiteur et prend le temps d’écouter son histoire.
Ou plutôt celle des femmes de sa vie. L'homme évoque en effet
sa vie bourgeoise, personnage exalté et cabotin, d'une mauvaise
foi confondante, s'arrêtant sur les divers écarts à la morale qui ont
jalonné son parcours.

Vous trouverez une chronique du film sur mon blog: Heaven Cant Wait (1943)
Et le trailer sur YouTube.

On le trouve pour un prix dérisoire à la Fnac.

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zdc


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MessagePosté: 26 Avr 2009, 10:19 
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wikipedia, ton blog, youtube, la fnac....
tu veux pas parler du film plutôt?

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MessagePosté: 28 Avr 2009, 09:44 
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J'ai découvert ça hier soir et c'est une pure merveille. En relatant la vie d'un nanti un peu volage, Lubitsch dézingue la connerie bourgeoise avec jubilation, sonde la relation homme/femme et nous parle de la mort avec une dignité et une distance absolument renversantes. C'est drôle, c'est triste, c'est passionnant, c'est génial, c'est un chef-d'oeuvre, un vrai.

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MessagePosté: 28 Avr 2009, 09:49 
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MessagePosté: 28 Avr 2009, 09:49 
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Fait chier, je l'ai raté lors du cycle Lubitsch à la Cinémathèque.

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MessagePosté: 30 Avr 2009, 10:17 
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Tetsuo a écrit:
J'ai découvert ça hier soir et c'est une pure merveille. En relatant la vie d'un nanti un peu volage, Lubitsch dézingue la connerie bourgeoise avec jubilation, sonde la relation homme/femme et nous parle de la mort avec une dignité et une distance absolument renversantes. C'est drôle, c'est triste, c'est passionnant, c'est génial, c'est un chef-d'oeuvre, un vrai.

et puis c'est beau! les couleurs sont magnifiques (technicolor?), ameche est génial. c'est le genre de film dont tu te souviens toujours avec émotion. dans le genre, c'est un de mes préférés de la période, avec "the late george apley" de mankiewicz.

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MessagePosté: 30 Avr 2009, 10:19 
Arnotte a écrit:
Fait chier, je l'ai raté lors du cycle Lubitsch à la Cinémathèque.

Et encore y en a plein à voir absolument : La Huitième Femme de Barbe-Bleue, Sérénade à Trois, La Folle Ingénue, Ninotchka...

Ca me donne envie de me refaire un cycle Lubitsch...


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MessagePosté: 30 Avr 2009, 10:21 
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N'oublions To Be or Not to Be et Haute Pègre ! 8)

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MessagePosté: 30 Avr 2009, 11:22 
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J'aime bien comment à chaque fois qu'on parle de Lubitsch, on ressort tous ses films !

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MessagePosté: 30 Avr 2009, 11:25 
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Tiny Tears a écrit:
et puis c'est beau! les couleurs sont magnifiques (technicolor?)


Oui, ça m'a frappé aussi, c'est la première fois que je voyais un Lubitsch en couleur, et j'ai trouvé ça magnifique cette palette de couleur assez minimaliste finalement, mais dont les tons ressortent instantanément sans que ça fasse appuyé. C'est là qu'on se rend compte qu'il avait un vrai sens esthétique.

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MessagePosté: 11 Mar 2018, 14:27 
Un film marquant, riche et extrêmement drôle en effet. Les dix premières minutes sont tout bonnement anthologiques. Mais je ne peux me détacher d'un certain malaise : voilà un film placé dans une situation cumulant les lignes de frontières multiples entre ancien et nouveau :entre théâtre filmé et cinéma, tragédie et drame, étiquette et libération sexuelle, don juanisme cynique et feminisme absolu, violence du désir et apaisement, film familial et expérience des limites. C'est un film divisé et heurté, même si les comportements sexuels et affectifs et les gestes se répètent à l'identique à chaque époque, de façon conceptuelle, à l'abri de la vieillesse mais impuissants (tandis que le discours qui les délimite de l'extérieur est lui pris dans l'histoire)
Cette situation-limite est déstabilisante car elle tient autant de l'accident que de l'intention. Cela est particulièrement frappant avec la scène des domestiques noirs (à propos d'une BD qui rappelle d'ailleurs Krazy Kat tiens, ce n'est sans doute pas un hasard) , où Lubitsch est à la fois en plein à l'intérieur de l'humour blackface maladroit et dans quelque-chose de quasi-révolutionnaire (étant donné la connerie foncière des maîtres, dont personne n'est dupe, sauf eux-mêmes) . Le film montre l'intelligence que les choses en crise ont d'elle-même, et identifie leur travail d'autocritique à la mort, considérée sans passion, comme un spectacle et une apparence (la vérité est sans destin ni arrière-plan quand elle est saisie immédiatement) . Cela donne une impression de la fois grisante et étouffante.
Don Ameche est très bon. Gene Tierney est émouvante : plutôt maladroite quand elle joue son âge réel (24 ans) mais extraordinairement crédible en femme (plus) âgée affrontant calmement la mort.

On a tous vus en rêve la scène de bal inaccessible de la fin. Le film n'invente rien, mais avoue tout, place au cœur du refoulement ce qui ne peut pas faire l'objet d'un apprentissage.

Ce qui est effrayant et donne impression de voir le résultat d'un pacte faustien contracté inconsciemment, c'est que Laird Cregar, sans doute le meilleur acteur ayant joué le diable au cinéma, est mort la même année, alors qu'il semble en pleine forme dans le film.


Dernière édition par Gontrand le 12 Mar 2018, 00:17, édité 1 fois.

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MessagePosté: 12 Mar 2018, 00:03 
Il y a chez Lubitsch une logique à la fois implacable et naïve : quand dans un film racontant 50 ans de vie en moins de deux heures, une femme dit à son mari "j'ai appelé le docteur, mais rien de grave rassure-toi", avec un sourire énigmatique, c'est bien-sûr qu'elle va mourir et elle ne peut que disparaître au plan suivant. L'angoisse du mari est alors la projection entière de celle du spectateur, il n'a pas de regard propre sur sa propre tristesse, à tel point que filmer l'agonie n'a pas d'intérêt. L'angoisse est maximale, même si elle n'est qu'une situation de boulevard, le réel ne l'approfondira pas. Le film raconte les tragédies qui l'affectent même lorsqu'elle demeure un simple concept. Il y a alors une ellipse, qui égalise le regard du spectateur au travail de la mort (le seul personnage vraiment fictif du film est Gene Tierney, trop généreuse et intelligente pour être vraie, dans l'univers sans manque du film la seule raison d'être des autres personnages du film n'est pas d'exister, mais de la regarder, la juger puis de l'oublier). Cette logique est tellement naïve et sophistiquée, qu'alors qu'elle a produit à l'intérieur du film du comique et de la convention, la seule part de la réalité qui parvienne à la complèter est le tragique hors de toute mesure du deuil.


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MessagePosté: 13 Oct 2021, 16:15 
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Film somme, qui a une valeur quasi testamentaire en ce qu'il opère la fusion du meilleur du cinéma de Lubitsch (d'une part la légèreté (de ton et de mœurs) de ses films-opérettes, et de l'autre la maturité de ses œuvres les plus graves - Ange), et qu'il adopte une hauteur de vue qui siérait parfaitement à un réalisateur au crépuscule de sa carrière, alors qu'il n'avait alors que 51 ans (mais déjà une crise cardiaque derrière lui). A croire qu'il avait le pressentiment de sa fin proche. Premier film en couleur également, comme une évidence, comme s'il avait fallu attendre que toutes les pièces de son puzzle sentimental soient assemblées pour que la lumière jaillisse.

Dans la quasi totalité de son œuvre, Lubitsch semble avoir cherché une solution à l’insoluble problème de la pérennité du bonheur dans le couple. Certaines de ses œuvres sont heureuses, d'autre plus sombres quand les personnages principaux se résolvent à endurer les contraintes de l'étiquette. Il y est toujours question de sacrifice, que ce soit de l'amour pour l'être aimé ou de sa position sociale. Le Ciel peut attendre c'est tout cela à la fois, et encore un petit peu plus. Parce que, fait unique, il entreprend de nous montrer en même temps ces deux facettes : d'un côté le couple qui s'englue dans une monotonie routinière, laissant monter une acrimonie réciproque (la scène du petit déjeuner chez les Strable en est le meilleur exemple, scène d'une parfaite acuité et d'une profonde humanité, qui nous montre à voir la triste déréliction de ce couple que le retour inopiné de leur fille ravive immédiatement), de l'autre un dandy coureur de jupons (génial Don Ameche, qui reprend un flambeau longtemps laissé orphelin par Maurice Chevalier), qui sans jamais cesser d'aimer sa femme n'en courtisera pas moins de nombreuses autres. Que le fait soit découvert après de 10 ans de mariage met la relation en péril. Au bout de 20 ans, sa femme n'en prend plus ombrage, puisqu'avec le temps elle a bien compris que c'était la clef de leur équilibre et de leur bonheur (il va sans dire qu'à l'aune de notre époque, le film se ferait étriller pour sa masculinité toxique, malgré l'intemporalité de ce qui y est exposé et la finesse de son traitement). Point d'orgue lorsque van Cleeve arrive à l'accueil des Enfers, convaincu qu'il devra ici passer le restant de ses jours, en récompense de ses constantes infidélités
mais une fois l'histoire de sa vie exposée, le diable lui signifiera que sa place est non pas aux Enfers mais au Paradis (peut-être après quelques centaines d'années au purgatoire, pour faire amende honorable), les pêchés de van Cleeve étant bien anodins au regard du bonheur qu'il aura donné aux nombreuses femmes qui ont croisées sa route !

Et non content d'avoir semble-t-il enfin trouvé une solution à son problème, Lubitsch y adjoint une savoureuse description du cycle de la vie, déjà esquissée dans Rendez-vous (les 4 rôles masculins principaux incarnant autant d'étapes dans la vie d'un homme), approfondie ici en nous narrant l'intégralité des 80 années de la vie de Henry van Cleeve, de nourrisson (où il appris très tôt à manipuler les femmes - sa mère et sa grand-mère) à vieillard qui jouit de ses dernières années par procuration (rôle que tenait avant lui son grand-père, campé par un truculent Charles Coburn - les seconds rôles sont dans leur ensemble éblouissants), en passant par cet âge intermédiaire où l'on se sent encore d'humeur à courir la donzelle mais où celle-ci nous préférera de jeunes étalons plus vigoureux. De la franche comédie qu'il semblait être initialement, le film bascule insensiblement dans une profonde mélancolie, la vie de van Cleeve étant rythmée par la disparation progressive de ses proches.

Film ample et ambitieux, placé sous le signe de l'apaisement, sur la corde raide entre mélo et comédie sans aucun faux pas (on ne pleure ni ne rit plus qu'il ne faut), définitivement l'une des œuvres majeures du maître berlinois, que je recommande chaudement à tous ceux qui ne l'ont pas encore vu (voir à ceux pour qui Lubitsch reste à découvrir), je suis convaincu que ça peut sincèrement toucher le plus grand nombre.

6/6


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MessagePosté: 13 Oct 2021, 16:47 
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Putain, trop envie de le voir..

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MessagePosté: 13 Oct 2021, 17:01 
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Arnotte a écrit:
Putain, trop envie de le voir..

Toi qui aime les frissons tu devrais y trouver ton bonheur


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