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 Sujet du message: Ange (Ernst Lubitsch - 1937)
MessagePosté: 13 Sep 2021, 15:25 
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If you go into that room, I’m afraid our marriage is over. If you find Angel there you'll be happy that I'm not Angel and you'll want to continue our old life, that won't be satisfactory to me. And if you don't find Angel, you'll want to see our lawyer as soon as possible. On the other hand, if you don’t go in at all, you will be a little uncertain, you won’t be quite so sure of yourself, or of me... and that might be wonderful.

Ange marque une nette rupture dans la filmographie de Lubitsch, et qu'il soit directement postérieur à l'exubérant La Veuve Joyeuse renforce d'autant plus cette impression. Mise en scène d'une grande sobriété (on pourrait même parler d'épure), acteurs constamment sur la retenue et empreints d'une gravité inhabituelle, jamais le hors-champ n'avait jusqu'à alors pris une importance aussi décisive (il y a cette scène fameuse où en cuisine on inspecte les assiettes qui reviennent pour y discerner l'humeur de chaque convive, mais c'est également le cas lorsque "Poochy" veut offrir un bouquet à Ange, et dont on ne voit la fuite qu'au travers du visage de la vendeuse de fleurs, ou encore lorsqu'il s'approche de la photo de Lady Barker posée sur le piano).

C'est que le plaisir, voir plus largement encore les émotions n'ont plus leur place dans cet univers sclérosé, où le couple ne tient plus que par la force des habitudes. Si Ange est allé ce fameux mercredi chez la grande-duchesse Anna à Paris, c'était, à la manière d'une Emma Bovary, pour rompre avec la monotonie de son quotidien et tenter de rallumer l'étincelle de la passion amoureuse. Mais cela ne devait pas durer plus qu'une nuit. Que l'amant d'un jour, du fait d'un improbable concours de circonstances (le mari et l'amant ont, 15 ans plutôt, partagé la couche d'une même femme à Paris, sans jamais s'y croiser), fasse alors irruption dans son quotidien, et c'est le château de cartes des conventions contre lesquelles Lubitsch s'est si longtemps battues qui risque de s'écrouler.

Cette situation, aussi étonnant que cela puisse paraître, est inhabituelle chez Lubitsch. On ne l'aura vu jusqu'alors que dans Comédiennes (et son remake), et elle était évacuée d'un revers de la main (le mari, incapable de s'imaginer son épouse infidèle, simulait avec l'amant un court emportement). Mais le temps où l'on prenait l'adultère à la légère n'est plus (est-ce l'influence du code Hays sur le film? Pourtant Lubitsch n'était pas spécialement dans le collimateur de la censure, au contraire même, eux qui louaient son art de l'ellipse), que l'on soit la personne qui trompe ou celle qui est trompée. Sa résolution, dans une dernière séquence parisienne d'une puissance à couper le souffle, passera alors par le reconnaissance des torts partagés et la promesse d'une attention renouvelée... pour combien de temps?

L'amour n'est fait d'aucunes certitudes (et surtout pas celle de son infinitude), et c'est aveuglément que l'on décide de suivre sa voie, à nos risques et périls.

5.5/6


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MessagePosté: 14 Sep 2021, 08:19 
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C'est en effet un film qui m'avait fait forte impression, à la fois moderne par l'épure et la franchise sexuelle qui permet d'opposer sa subjectivité à une forme d'aliénation , et un peu désuet par le milieu montré, mais cette contradiction est consciente chez Lubitsch. Faudrait que je le revois
mais le coffret de DVD est le cadeau d'une amie perdue de vue

Beau texte.
Lubitsch a ceci dit toujours eu une veine mélodramatique discrète, mais donnant de très bons films (l'Éventail de Lady Windermere, l'Homme que j'ai tué), c'est plutôt une basse continue qui se fait tout à coup entendre seule qu'une rupture.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 14 Sep 2021, 08:27 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Lubitsch a ceci dit toujours eu une veine mélodramatique discrète, mais donnant de très bons films (l'Éventail de Lady Windermere, l'Homme que j'ai tué)

Le mélodrame chez Lubitsch ça n'est pas toujours très discret (ses films historiques muets en sont le meilleur exemple). Je n'ai pas vraiment apprécié L'Homme que j'ai tué, beaucoup plus Lady Windermere (il y a d'ailleurs une scène dans Ange qui y renvoie directement, à l'hippodrome quand Dietrich cherche dans la foule son amant parisien avec ses jumelles).


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MessagePosté: 14 Sep 2021, 09:30 
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Oui l'Homme que j'ai tué un peu lourdingue mais la situation et la scène d'exposition sont extrêmement fortes. Mais Lubitsch con

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