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MessagePosté: 15 Mar 2013, 00:51 
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His Girl Friday en VO.

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Pour récupérer son ex-femme, qui s'est fiancée avec un autre homme, le rédacteur en chef d'un grand quotidien l'envoie réaliser un reportage insensé : interviewer un condamné à mort.


Réconciliation puissance 1000 avec Hawks, qui finalement, sur le long, ne m'avais réellement marqué qu'avec Rio Bravo. Menant tambour battant un champ de bataille de dialogues sans fin qui fait passer Sorkin pour Antonioni, il fait d'abord un peu peur, l'ouverture très "installation de situation" laissant sentir la pièce de théâtre dont le film est issu. Ce n'est en fait qu'une façon de faire doucement monter la sauce, et très vite, sans avoir besoin d'artificiellement diversifier les lieux, il démarre une machine infernale qu'il n'éteindra jamais, ne reposant même pas le rythme pour terminer son film, la folle énergie ne faisant que sortir du champ, continuant probablement à brûler son carburant toute seule pendant le générique de fin...

Ce rythme est certes typique de la screwball comedy, mais ici c'est aussi une fièvre : l'addiction propre au métier de journaliste, ambigue, dont on partage activement la jouissance tout en voyant la profession se faire traîner dans la boue sans rien, pas un détail, pour la racheter. Lorsque beaucoup d'autres films, tout en partageant cette dépendance aux salles de rédaction, expliquent la ferveur par la noblesse du métier, La Dame du vendredi ne cherche aucune autre justification que celle du shoot d'adrénaline. C'est le Démineurs des salles de presse, en somme (et en mieux, hein).

Et c'est ce qui est à la fois le plus passionnant et le plus frustrant dans le film : tout tourne quand même autour d'une pendaison. La comédie aurait pu être un outil de cynisme, transformant par le rire jaune la comédie en rictus amer. Ce qui est fort, c'est qu'Hawks opte plutôt pour une sorte de cohabitation : le rire y côtoie la mise à mort sans compromis. Ce n'est jamais "grinçant". C'est juste "mélangé" - et, du coup, également très violent (les gags qui fusent, par exemple, autour du bruit du gibet qu'on installe, faire rire de la jeune fille qui va voir son amant exécuté...). Ça fonctionne sans doute parce que le condamné est drôle, il est le seul élément un peu déréalisé de cette histoire. Ça lubrifie un peu. Mais ça reste super tendu, et sur le papier, le scénario et son final pourraient très bien être filmés comme ceux d'une tragédie.

Je dis frustrant parce que je trouve que cette cohabitation mort/rire est le vrai sujet du film, et que vers la fin on l'oblitère un peu. Il y a bien cette petite scène de craquage (le seul retour de la musique, d'ailleurs), très simple et très belle, mais qui ne dure que peu. Je suis gré à Hawks de pas nous offrir un dernier acte repentant, style "on a bien rigolé, mais bon quand même la mort c'est pas drôle, faisons la moue". Il a les couilles d'assumer le rire jusqu'au bout, de ne même pas nous laisser le temps d'avoir du remords : quand le bon mari revient en salle de presse, on n'arrive pas à être de son côté... Je pense que ce grand écart-là aurait pu avoir un vrai final à lui, et que la pendaison reste un enjeu jusqu'au bout. Qu'importe peut-être : cet adieu à la vie normale, cette addiction qui referme ses crocs sur un avenir possible dans un grand éclat de rire, reste hyper impressionnant.


Voilà, c'est vraiment un super bon film.


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MessagePosté: 25 Mar 2021, 20:57 
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Aaaah bah c'est beaucoup mieux.

A propos de L'Impossible M. Bébé, je soulignais que je ne connaissais de la screwball comedy que son héritage dans les dialogues en ping pong frénétique et celui-ci pourrait n'être dû qu'à ce film-ci tant il s'impose comme challenge de briser le records du nombre de mots à la minute. La façon dont l'écriture mais aussi les performances caractérisent l'intelligence par la rapidité du débit de paroles est brillante, en plus d'avoir clairement servi d'inspiration au maître Sorkin, au même titre que la dynamique "sentimentale/professionnelle/guerre des sexes" et les coulisses d'un milieu intimement lié à l'actualité et donc exigeant un tel rythme.

A ce titre, le portrait qui est fait de la profession et, plus largement, du monde est d'une noirceur inattendue. Les journalistes sont des putes, les politiciens des magouilleurs, les flics incompétents, les crimes raciaux réduits à enjeux cyniques et la romance un duel pour la domination. Je lis que dans la pièce originale, le rôle tenu par Rosalind Russell était tenu par un homme et avec ce simple changement, Hawks chamboule tout et raconte complètement autre chose, ou du moins quelque chose de plus, avec ce personnage masculin qui cherche en un sens à reconquérir son ex mais sans évoluer d'un iota. Le paradoxe entre le progressisme induit dans le parcours du personnage féminin - qui rejette donc la domesticité et le rôle réservé aux femmes pour la passion qui anime son travail - et la réalité humaine qui en découle (elle retombe à la fin dans les bras de Walter...qui n'est pourtant pas moins le connard dont elle a divorcé) témoigne d'une modernité rafraîchissante, comme le cynisme général avec lequel le film aborde son intrigue (où il est pourtant question de meutre et de pendaison).

Pour une comédie en apparence légère, c'est surprenant.

Moins surprenant, l'aspect "théâtre filmé" de nombreuses scènes où Hawks se contente de laisser la caméra filmer ses comédiens en plans moyens. Je suis partagé car d'un côté, j'admire la confiance faite aux acteurs (évidemment mortels) et au texte et la nécessité de ne pas nuire à la lisibilité des échanges avec le montage et des variations d'échelles de plan, mais de l'autre, je déplore que le découpage n'exploite pas davantage le langage cinématographique pour raconter l'histoire visuellement.

Toutefois, ce deuxième essai m'a suffisamment convaincu et intrigué pour découvrir d'autres Hawks, notamment dans les autres genres qu'il a pu aborder.

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MessagePosté: 25 Mar 2021, 21:22 
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Tente Scarface, ça devrait te plaire. Meilleur que le De Palma perso.


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MessagePosté: 25 Mar 2021, 22:26 
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La captive aux yeux clairs et hatari


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MessagePosté: 25 Mar 2021, 22:54 
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J'avais le 520 STE quand j'étais petit en plus.

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MessagePosté: 25 Mar 2021, 23:19 
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Abyssin a écrit:
Tente Scarface, ça devrait te plaire. Meilleur que le De Palma perso.


Vite fait hein.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 25 Mar 2021, 23:25 
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Non. J'aime bien le De Palma mais Hawks c'est quand-même des coudées au-dessus. Il faudrait que je le revois mais souvenir d'un grand film de gangsters/ film noir à l'apogée du genre. Brian est gentil mais ne joue pas dans la même cour.

Lol ta blague Freak je suis pas sur que tout le monde la comprenne. Putain ça fait vieillir.


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MessagePosté: 26 Mar 2021, 09:52 
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Film Freak a écrit:
A ce titre, le portrait qui est fait de la profession et, plus largement, du monde est d'une noirceur inattendue. Les journalistes sont des putes, les politiciens des magouilleurs, les flics incompétents, les crimes raciaux réduits à enjeux cyniques et la romance un duel pour la domination.


Oui c'est marrant parce qu'au final le Nouvel Hollywood, souvent vu comme rebelle (et à raison), sera parfois beaucoup plus idéaliste, sur les journalistes par ex.

Film Freak a écrit:
Moins surprenant, l'aspect "théâtre filmé" de nombreuses scènes où Hawks se contente de laisser la caméra filmer ses comédiens en plans moyens. Je suis partagé car d'un côté, j'admire la confiance faite aux acteurs (évidemment mortels) et au texte et la nécessité de ne pas nuire à la lisibilité des échanges avec le montage et des variations d'échelles de plan, mais de l'autre, je déplore que le découpage n'exploite pas davantage le langage cinématographique pour raconter l'histoire visuellement.


Hawks est quand même très souvent un réal à la mise en scène 'transparente'/'invisible' même si il se fait plaisir parfois, c'est souvent très peu spectaculaire, juste évident.

Abyssin a écrit:
Non. J'aime bien le De Palma mais Hawks c'est quand-même des coudées au-dessus. Il faudrait que je le revois mais souvenir d'un grand film de gangsters/ film noir à l'apogée du genre.


C'est plus un précurseur qu'une apogée, et c'est encore un Hawks assez 'jeune', enfin c'est surtout très différent du De Palma, la comparaison ne tient pas vraiment.


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MessagePosté: 26 Mar 2021, 10:11 
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J'avais pas accroché à ce film au sujet portant passionnant à cause de ceci :

Citation:
Howard Hawks, dont la carrière a débuté à l'époque du cinéma muet, considérait que le parlant « ralentissait les films. » Il tentait donc de faire parler ses acteurs plus vite que leur débit naturel, trouvant que le jeu en devient moins forcé, comme dans la vie où les gens parlent vite et se coupent la parole. Ce système est à son maximum avec La Dame du vendredi où tous les acteurs parlent encore plus vite que dans ses autres films et où souvent les dialogues se chevauchent. Il pense que c'est ce qui en a fait le succès du film.


Souvenir d'un film sous coke horriblement bavard qui assomme le spectateur de dialogues et d'informations.


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