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 Sujet du message: Lucky Day (Roger Avary, 2019)
MessagePosté: 27 Sep 2019, 23:40 
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Hé bé ça lui a pas fait du bien, la taule, à Roger.

Paradoxalement, c'est aussi le seul truc vaaaaaaguement intéressant du film, une suite de Killing Zoé mais dont les noms des persos ont été changés (Zed et Zoé deviennent Red et Chloé) avec un héros qui sort donc de taule et relativise sur "ce qui compte vraiment dans la vie". Sauf que l'intrigue que choisit Avary pour raconter ça est un récit ouatemille fois vu d'ex-taulard qui veut retrouver un pactole planqué et doit aussi échapper à quelqu'un qui veut se venger.

J'ai entendu à propos du film "c'est daté" comme critique et "c'est pulp" comme défense.
C'est ni l'un ni l'autre, c'est juste nul.

C'est vide.

Déjà, il ne se passe rien pendant près d'une heure alors que l'intro montre Red sortir de taule et Luc Chaltiel, l'antagoniste (un Crispin Glover horripilant de surjeu avec accent français caricaturé en mode Laurent Gerra à côté c'est l'Actor's Studio), arriver aux States. Lent crescendo qui fait monter la tension avant la rencontre inévitable, me direz-vous. Non, Avary empile simplement les saynètes qu'il croit amusantes et qu'il a dû noter sur des bouts de papier en prison comme Red a noté les plats qu'il compte manger une fois libéré.

Et le plus embarrassant dans ce film malaisant de néant, c'est l'accumulation de "blagues" sur le sexe. Là aussi, on sent la frustration du mec enfermé dans une cellule pendant je ne sais combien de temps. On dirait un film de puceau.

On dirait un film écrit par un mec de 14 ans qui pense encore qu'un tueur à gages en costard, c'est cool et que railler l'art contemporain, c'est edgy. Avec une violence gore à la Deadpool. Kikoo lol.

Y a une photo soignée et trop de grands angles, un ou deux gags corrects, une idée pertinente (la gamine dans le coffre) mal exploitée mais putain quel ennuiiiiiiiiii. Ça fait même pas 7000 entrées sur 5 jours et 85 copies parce que c'était le dernier projet d'Hadida mais vlà la connerie de le sortir en salles.

D'ailleurs, entre ça et Last Blood, il part sur un beau legs, le père Samuel. Deux des pires films de l'année.


PS : mr chow, viens expliquer ton 4/6 de gros craqueur.

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MessagePosté: 05 Oct 2019, 12:13 
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Inscription: 07 Oct 2005, 10:23
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Oui je suis un peu triste d’être le seul à lui mettre une note décente dans le tableau, même s'il y a malheureusement en en effet quelque chose d'un peu surréaliste aujourd'hui à le voir échapper au direct sur plateforme..

Pour ma part j’y ai retrouvé une bonne partie de ce que j’aime dans Zoé et Les lois de l’attraction (pas vu Mr Frost) : une forme de naïveté premier degrés, un vrai romantisme et sens du rythme. On y perd clairement sur bien des aspects aussi : la dimension existentielle, la confrontation au nihilisme qui créait un contraste d'un autre niveau... et l’inspiration pour la musique de Tomandandy. Le film se veut léger, son enjeu principal semble même presque de vouloir éviter toute gravité et de ne se projeter que dans un pur élan pour repartir. Certains passages sont assurément mauvais dans l'écriture, comme les confrontations entre Tomer Sisley et Crispin Glover. Mais ce même Glover en Inspecteur Clouseau dégénéré, à la fois bip-bip et coyotte, ou le patron facilement weinsteinien de la galerie (nettement moins réussi), sont surtout cartoonesques, et seulement prétextes à s’amuser et à provoquer une certaine catharsis sur la route des héros. On peut la trouver effectivement «débile» dans une approche purement réflexive du genre. Mais quand on y pense, chez Avary tout est toujours extrêmement franc : l’enjeu est souvent d’amplifier et d’aller plus loin dans ce qui est déjà donné à voir, même lorsque la construction est sophistiquée. Là ce n'est pas véritablement le cas car le film s'inscrit clairement dans la comédie et la farce.

On a lu parfois sur le film qu’il fonctionnait comme si un certain temps s’était arrêté et que rien ne s’était passé depuis 2002 et son précédent film. C’est un peu vrai, mais il y a surtout toujours une capacité à croire dans le caractère donné une fois pour toute d’un personnage et de situations, à les pousser jusqu’à les faire parfois simplement exploser, plutôt que les déconstruire et reconstruire. Ce que je trouve très beau et qui sur moi a fonctionné la plupart du temps. Le film a une énergie qui fait du bien de par cette foi là, et par son envie d’optimisme. Quand bien même il se clôt
en faisant du cinéma avant tout une farce enthousiaste pour s’évader, avec les plans alternatifs du massacre de la galerie sur Les Comédiens d’Aznavour (choix un peu bateau mais qui marche),
.

Les seules ambiguïtés, ou volonté de surprendre, tiennent surtout à rendre positives et optimistes des situations possiblement cyniques par les attendus du spectateur.
Voir ainsi ce beau moment de suspension où le meilleur pote joué par Clé Bennett, qui n’a jamais visité le héros en prison, se penche sur Brackey lors de la première ouverture du coffre, et où le spectateur pouvait facilement s’attendre à ce qu’un revolver soit pointé sur lui. C’est à contrario plus appuyé et démonstratif avec le goût pour l’art que révèle trop abruptement l’agent de probation joué par Clifton Collins Jr, et qui in fine en juge facile permet à tout le monde de s’en sortir.


Le passage du coffre-fort en dernière partie aurait effectivement pu être bien plus fort dans ce qu’il laisse à fantasmer côté mise en scène, l’idée était très belle, mais j’ai le sentiment que sur la "symbolique" de la prison et de l’échappée , de l’ « âme d’enfant » entre quatre murs
que le héros libère outre sa fille
, le cinéaste n’en fait finalement pas des tonnes. Même s’il célèbre dans ce film un cocon protecteur et structuré (mais indépendant, s’opposant à la prison voir la société):
le couple et sa petite fille constituent une « cellule » idéalisée, unifiée comme dans une bulle issue d’un conte de noël dans les dernières images (mais cette "tendresse" était déjà dans la rencontre entre Zed et Zoé et toujours en arrière-plan des Lois de l'attraction)
.

On n’est pas obligé de savoir qu’Avary a fait de la prison pour chercher à interpréter le film en permanence, on en profite bien autrement. Mais on peut effectivement se rendre compte qu’au-delà de la figure du coffre-fort, les ouvertures et fermetures de portes y sont rarement anodines. Les espaces visités travaillent aussi l’enfermement (mais comme le faisait déjà d’ailleurs Killing Zoé). L’appartement, la galerie d’art et les œuvres de Dobrev (au-delà des blagues faciles sur l’art contemporain et au renvoi au décor de la banque de Zoé), le bureau du galeriste, le sous-sol, la séquence du bar (embarrassante) avec sa copulation gag hors-champ derrière la porte, le véhicule piège, voir même « l’enfermement » de la petite fille dans son usage du français... Tout celà peut apparaître comme tout autant d’échos. Glover/Chatiel en lui-même est un personnage outré et monstre, un bulldozer là comme une impossibilité donnée d’évoluer à l’extérieur.

D'ailleurs, comme à la fin de Zoé
où l’on se réveille à moitié d’un cauchemar sur un rond-point, les derniers images du film sur Brackey faisant des vas et viens dans sa cellule peuvent tout aussi bien retentir comme l'enfermement dans un rêve, aussi enjoué soit-il, c'est comme ça que je le perçois.


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