Forum de FilmDeCulte

Quelqu'un a vu la série (docu) American Chronicles ? Je serais curieux de voir ça (et de revoir On the Air, que j'avais trouvé sympa).

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Que lire cet été ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Mais oui, va pas te spoiler l'identité du tueur !

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Très encourageant tout ça dis donc.

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S02E22 = E30 de la série. Mais il faut se faire au moins 29 et 30 selon cette numérotation, et même pour comprendre la saison 3 dans toutes ses dimensions je ne vois pas quels épisodes on peut sauter dans la partie faible de cette saison 2, quoi que Lynch ait pu raconter.

Lynch est fâché que les producteurs le forcent à faire cette révélation, et part tourner Sailor et Lula c'est vrai, mais il ne quitte jamais complètement la production de la série.

LOOL

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Sinon, si quelqu'un veut parler d'Eraserhead...

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Peut-être mon Lynch préféré, quoique ce titre varie à chaque nouvelle vision d'un de ces films (généralement Blue Velvet, Twin Peaks, Lost Highway), mais je reviens toujours à Eraserhead.
Voilà.

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Parler de court-métrage étiré n'est pas faux, mais quel court-métrage.
Il a ouvert la voie à plein d'expérimentations barrées et j'adore cette atmosphère anxiogène mais cotonneuse, on s'y sent bien.

Découvert il y a presque 20 ans, peu de temps après Mulholland Drive, lors d’une soirée films entre potes. Sur VHS. J’en ai longtemps gardé le souvenir ému d’un film à la fois oppressant et touchant sans que je cherche, ni ne puisse en dire plus (j’ai cependant vite acheté une compile double CD de Fats Waller). Si j’ai revisité au fil des années, avec une très grande joie, et effectivement avec une expérience qui me l’a rendue plus lisible, une partie de la filmo de Lynch depuis que Twin Peaks m’a saisi par le col, ça ne m’était pas venu à l’idée de revoir Eraserhead— dans l’idée, sans doute, que ce beau mais diffus souvenir me suffisait. Jusqu’à ce que FF ouvre le topic sur cette condamnation sans appel.

Je vais jouer sur les mots et ne parlerai non pas tant de lenteur (même si c’est lent) mais d’insistance. Insistance sur une dilatation de la temporalité attendue des interactions les plus basiques (la fameuse « minute entre chaque réplique »). Que ce soit entre personnages ou entre personnages et objets. Ça fonctionne à fond sur moi : il y a beaucoup de projection là-dedans, sans doute, mais le cinéma est un art de la rentabilisation, notamment des acteurs et de leurs réactions. Par le cadrage, l’éclairage, le montage, le découpage, il faut la bonne tronche au bon moment pour répondre à ce qui précède et servir ce qui va suivre.

Quelque part, ça répond aussi à la manière dont on utilise notre propre regard, et dont on se laisse regarder : fixer quelqu’un c’est une marque d’intensité délibérée, assertive. On fixe dans deux cas de figure, quand on veut attirer l'atention, pour intimider ou pour séduire. Autrement dit, ça n’arrive pas souvent et le reste du temps on papillonne et on espère que les autres papillonnent aussi et ne nous fixent pas. Et le cinéma (pas tout le temps, je sais que je généralise) se cale souvent là-dessus, nous fait papillonner par ce regard par procuration qui nous est projeté.

Or il y a peu de choses, tout confondu, aussi intéressantes pour nos propres yeux, notre propre vie, que les visages des autres. Lynch a dès son premier film pris une liberté et un contrôle qui permettent de savourer, sous la couche d’étrangeté, une humanité simple, et donc vulnérable. D’autant plus vulnérable qu’elle est exposée à des choses très angoissantes venant de l’extérieur (la belle-famille autoritaire, la voisine troublante et sa sexualité non-exclusive mais terrifiée par l’enfant, l’enfant en question qui n’était pas attendu etc.) comme de l’intérieur (pulsion de vie comme pulsion de mort).

Il y a de très beaux moments aussi, les sourires attendris et enfantins d’Henry à la vue du bébé là où il n’y a que de l’agacement et un narcissisme froissé chez la mère. La scène ou le bébé malade pleure quand il veut sortir, et qu’Henry comprend qu’il a peur de la solitude, signifiant alors une compréhension mutuelle, un langage commun alors même que ce petit ne ressemble à rien si ce n’est un lapin ou un agneau écorché.

Et toute cette industrie qui semble s’être abattue au milieu de nulle-part pour s’imposer en tant que cadre, mais sans le fourmillement d’individus qui va avec. Les bruits lointains de machines, qui soufflent et qui grondent, les vapeurs intrusives— tout le sound-design électro-industriel qu’on connaît bien maintenant, le grésillement des lampes, les pièces aveugles, le fameux carrelage, l’électricité qui fulmine dès lors que survient l’irréparable … C’est spectaculaire de voir à quel point Lynch ne s’est pas fait la main de film en film en commençant par de l’anecdotique ou du carrément mauvais, mais en proposant dès son premier long un regard assuré et une série de motifs auxquels il reviendra, quasiment inchangés, à la moindre occasion et jusqu’à la saison 3 de Twin Peaks. Il y a du Dougie Jones chez Henry, un Dougie lâché et perdu, doublement dissocié, impur en quelque sorte, à l'image de la pollution ambiante, pas à la hauteur de sa responsabilité.

Mais sinon oui, il y a ce côté film d’arts plastiques qui peut s'avérer abrasif.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Alors je ne connais pas assez bien le film pour en parler mais lire ton avis m’a laissé penser que tu n’avais pas adopté le bon logiciel en le regardant, et ce n’est pas la première fois que j’ai cette impression, sans que je puisse mettre le doigt dessus. En gros je crois que tu n’accèdes pas à la dimension plastique quand elle n’est pas associée au narratif et tend vraiment vers l’abstraction, voire qu’il te faut de l’esthétisant (Tarsem) ou du sur-narratif (Nolan) pour l’accepter, du coup évidemment que tu « passes à côté » de certains Lynch qu’il faut prendre comme des cauchemars (merci pour la lapalissade). Ça peut être une affaire de goût mais il me semble que ton rejet dénote autre chose.


C’est bien ce que je dis, et merci d’avoir évoqué le sound design du film, là aussi on est vraiment dans une forme plus large, comme un monde en soi.

Je pense pas qu'il y ait de règle ou d'exceptions à celle-ci et encore moins de démarche consciente à adopter. Malgré mon inadhésion aux autres Lynch, j'ai ressenti la curiosité, plus de 20 ans après, de tenter. Je partais avec les chakras ouverts. Le film et moi, comme deux utilisateurs de Tinder, n'avons pas matché. Ça va pas plus loin que ça. Le rejet correspond à l'absence d'atomes crochus entre l'individu qui reçoit et la méthode de l'émetteur. On vibre pas à la même fréquence. No souçaï.

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Fair enough, mais ça fait chier un peu.

Preuve que je suis de bonne volonté.

Et puis je vais quand même mater les trois suivants.

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Pour le coup je rejette INLAND EMPIRE qui est peut-être le plus abrasif.

Déjà-vu ne dit pas autre chose.

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There is no such thing in life as normal