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MessagePosté: 03 Oct 2017, 00:34 
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AVERTISSEMENT : Je ne vais rien spoiler de l'intrigue mais je vais inévitablement évoquer des thèmes et je ne citerai rien de précis (qui ne soit dans les bandes-annonces) à l'exception de ce qu'on voit ou apprend dans la première scène du film. Si vous voulez rien savoir, lisez pas.

Tout le monde connaît l'histoire. Un film difficile, remanié par le studio pour sa sortie en salles, qui essuie tout de même un échec avant d'être cultifié et même redécouvert grâce à un Director's Cut, assurant son influence indéniable sur le genre et l'art tout entier. Et tout le monde est au fait de la dernière mode. Les bides de jadis sont les films cultes d'aujourd'hui et après The Thing ou Tron, également sortis en 1982, c'est le chef-d'oeuvre de Ridley Scott qui a droit à sa suite tardive. Même s'il se contente ici de produire, ce n'est pas la première fois que Scott s'attaque à un de ses fleurons. Toutefois, le résultat est autrement plus convaincant que l'imparfait Prometheus et en retient même l'une des principales qualités en osant se distinguer de l'original. Cette suite est-elle justifiée? Est-elle à la hauteur?

La démarche de Denis Villeneuve, nouveau venu sélectionné par Scott au sein d'une équipe de revenants (Harrison Ford mais également le scénariste Hampton Fancher), est un premier élément de réponse. Il y a 35 ans, Scott nous parlait, entre autres choses, de mortalité et de déshumanisation. Face à la mort, les réplicants, "more human than human", faisaient preuve d'émotion là où Rick Deckard, le blade runner chargé de "retirer" les réplicants, n'en montrait pas. Réplicant ou pas, passer sa vie à tuer des êtres vivants l'avait délesté de son humanité. Thématiquement, cette suite s'avère à la fois la continuation et l'antithèse de son prédécesseur. Il n'est plus question de déshumanisation, désormais avérée 30 ans après, mais d'humanisation.
Loin de la suite vénale et nostalgique, Blade Runner 2049 a l'intelligence de ne pas faire dans la redite, s'articulant autour d'une quête d'amour et une quête identitaire et d'ajouter au trouble philosophique sur l'humanité et l'âme une introspection intime typique de son auteur.

Un oeil s'ouvre en gros plan. Fenêtre sur une âme indéfinie mais bel et bien là, l'iris cède alors la place à la vue divine d'un paysage à la structure identique, réseau concentrique mais intégralement métallique. Au même titre, le plan suivant semble survoler une banquise brisée qui s'avère n'être qu'une agglomération de serres. Le micro devient macro, la nature devient fabrication. En trois plans, le ton est donné. À l'exception d'une fleur au début du film, il n'y aura pas le moindre signe d'une quelconque végétation et donc de quoi que ce soit de naturel. Dans ce monde, tout est synthétique. Artificiel.
Au vu de la bande-annonce, d'aucuns jugeaient hâtivement l'esthétique du film, qualifié de "SF IKEA" par certains, parce que l'image n'était pas aussi saturée de détails que dans l'original. C'est oublier que la forme doit servir le fond. Le Los Angeles de 2019 foisonnait, de gens, de détails, de vie finalement, mais celui de 2049 apparaît encore plus déshumanisé, littéralement vidé de sa population, quand il n'est pas le théâtre de ruines. Si le visuel évoque évidemment par moments le film de Scott, Villeneuve s'en démarque beaucoup et ce, de manière délibéré et non parce que le cinéma d'aujourd'hui serait "aseptisé". Ce n'est pas pour rien que le réalisateur est allé chercher Dennis Gassner, chef décorateur des trois derniers James Bond. Avant même de nous montrer ces ruines de statues géantes qui rappellent Skyfall, Villeneuve développe l'univers de l'original en un monde encore plus imposant, écrasant. Où les individus sont encore plus petits, comme ce moment où le héros se retrouve face à un hologramme géant, le nanisant, l'humiliant. Tantôt symboles du faux, tantôt des fantômes, les hologrammes achèvent de faire de cet endroit un véritable purgatoire.

L'extension du premier film n'est pas uniquement topographique mais touche également les personnages. Il est intéressant de voir comment la suite rebondit habilement sur les archétypes de jadis. En un sens, K (Ryan Gosling) semble être la fusion de Deckard et Roy Batty (Rutger Hauer dans l'original). À la fin du Director's Cut de Scott, le twist était que Deckard pourrait bien être un réplicant qui s'ignore. Par conséquent, le Villeneuve désamorce la question dès la première scène : ce blade runner-ci est un réplicant et il en est parfaitement conscient. Cette donnée guide le récit de ce nouveau chapitre. Le héros est donc un détective comme Deckard donc mais également un Pinocchio désireux de retrouver son créateur, moins démiurgique cette fois, et de devenir "un vrai petit garçon", non pas en résolvant le problème de sa mortalité mais en se découvrant une âme qu'il se croyait interdite, en découvrant son humanité. Au vu des thématiques abordées, le film rappelle peut-être davantage A.I. de Steven Spielberg dont il pourrait être également la suite. Une suite dans laquelle l'androïde David aurait grandi et chercherait toujours l'amour, mais en tant qu'adulte. À ce titre, les scènes avec Joi, le personnage interprété par Ana de Armas, sont tout à fait inattendues
, composant une sous-intrigue plus proche de Her que de Blade Runner,
avec une scène des plus troublantes rendue possible uniquement par la SF.

Préfigurant le David de Prometheus et Alien Covenant, Batty rappelait déjà le Lucifer de Milton, préférant "régner en enfer que servir au ciel". Cependant, les réplicants ne sont plus tant des anges déchus ici, même s'ils sont directement qualifiés comme tel, destiné à servir les humains, que des "leftovers" abandonnés au même titre que toutes ces ruines alors que l'humanité est partie "off-world". Toutefois, le film délaisse les "Pourquoi m'as-tu abandonné?" christiques et chers à Scott pour s'orienter vers quelque chose de plus intime et propre à Villeneuve
, quand la quête du personnage principal s'apparente à celle d'un enfant adopté à la recherche de son géniteur.
En réalité, Blade Runner 2049 a davantage à voir avec Incendies que Blade Runner.
Comme tous les protagonistes villeneuviens, K est mû par un besoin de comprendre et plus particulièrement de comprendre sa propre histoire. Dans Premier contact déjà, la mémoire n'était pas ce qu'elle paraissait être et un souvenir pouvait en réalité revêtir une différente nature. Mais ce qui fait de nous qui nous sommes, ce ne sont pas nos souvenirs, ce sont nos actions. Ce qui nous rend humain, ce sont nos choix. Ce qui nous rend humain, c'est notre interconnectivité.

On dit souvent, de manière cliché, qu'une suite, un remake ou une adaptation retrouve "l'esprit de l'original". Toutefois, cela n'a jamais été aussi vrai qu'ici où le film s'éloigne de son prédécesseur tout en proposant une expérience similaire au spectateur, qui sort vaguement hébété, nécessitant du temps pour laisser décanter le film, réfléchir à ce qu'il y a derrière son opacité peu user-friendly. Et se laisser toucher par la profonde tristesse du propos derrière la froideur de la forme.

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MessagePosté: 03 Oct 2017, 06:58 
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Faut avoir vu le 1 ou pas ?


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MessagePosté: 03 Oct 2017, 07:20 
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deudtens a écrit:
Faut avoir vu le 1 ou pas ?


Il faut l’avoir vu même si on ne va pas voir celui-ci.

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MessagePosté: 03 Oct 2017, 07:27 
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Je demande pour ma femme à qui je ne montrerai jamais le 1, je sais qu'elle va se faire chier.


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MessagePosté: 03 Oct 2017, 08:34 
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deudtens a écrit:
Faut avoir vu le 1 ou pas ?

Oui.

deudtens a écrit:
Je demande pour ma femme à qui je ne montrerai jamais le 1, je sais qu'elle va se faire chier.

Elle se fera chier devant le 2 aussi alors.

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MessagePosté: 03 Oct 2017, 08:39 
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Ok merci !


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MessagePosté: 03 Oct 2017, 11:11 
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J'étais assez enthousiaste à l'idée que Denis Villeneuve réalise le film tout en me disant que potentiellement on pourra avoir un film formellement magnifique, mais un peu vide dans le scénario. Et quelque part ces craintes ce sont un peu avérées vraies... Mais pas autant que ça aurait pu l'être...
Car oui le film est bel et bien magnifique. C'est même du pur délire. Et surtout le film se permet de s'offrir sa propre identité visuelle tout en respectant l'âme du film original. C'est une vraie expansion de l'esthétique originale et rien que pour ça, c'est du bonheur pendant 2h45.
Ensuite le film est indéniablement riche thématiquement, donc c'est loin d'être une coquille vide et se permet quand même d'avoir les moyens de son ambition, contrairement aux films de Zack Snyder par exemple, qui veulent avoir de la profondeur mais qui sont incapables de comprendre ce dont ils parlent. Mais là où le bas blesse, c'est que contrairement à l'original, ici c'est quand même surligné, annoncé, c'est textuel, on sait ce que les auteurs veulent nous dire parcequ'ils passent leur temps à avoir des dialogues qui parlent de dieu et tout ça et c'est une tendance incroyablement irritante des films américains et en tant qu'agnostique, ça m'envoie de la violence symbolique à tire larigot. Vraiment je supporte pas ça.
Surtout que les mêmes thèmes étaient présents dans le film original, mais on était toujours dans la suggestion et du coup il y avait une élégance qui est ici amoindrie.
L'autre défaut principal reste la longueur du film. Moins de 2 heures pour l'original dans sa forme final cut à 2h45 ici, c'est long. Villeneuve fait plutôt des films lents et contemplatifs, mais parfois ça se regarde un peu filmer et un montage un peu plus nerveux aurait permit un dynamisme qui ne se retrouve que ponctuellement.
J'ai aussi un gros rejet envers Jared Leto et son personnage. On le voit peu, mais il fait trop jeune et il n'arrive pas à s'en sortir avec ses dialogues ampoulés déclamés comme un acteur shakespearien qui fait des tutos sur Youtube. Ou de supermarché je sais pas. Il y a quelque chose qui ne va pas. Tyrell était parfait, marquant en quelques scènes, ici est totalement dans le miscast, voire même le mischaracter.

Mais tout ces défauts ne doivent pas faire oublier qu'on a là un film quand même hyper singulier, unique, visuellement délirant, bourré de choses et d'idées
L'attaque du spinner avec notamment le harpon pour attirer la foudre et le bombardement qui s'en suit.

Avec également d'excellents personnages (Gosling évidemment, même si jouer les mecs stoïques c'est pas vraiment de la nouveauté, mais aussi Joi, Mariette et tout les autres. Mais surtout Joi quand j'y repense, quelle idée de génie! chut no spoiler).
Et puis mon petit plaisir perso, le final showdown, qui n'avait l'air de n'avoir impressionné que moi lors de la traditionnelle discussion post projo...
Mais cette baston au bord du barrage, cette eau qui monte, éclairée uniquement par les phares du spinner qui s'enfonce, ces plans de Deckards se noyant en arrière plan pendant que les deux replicants s'empoignent. Il y aurait tellement de paluchage à faire sur cette scène.

On pourrait aussi reprocher que
Le film ne semble pas vraiment dire si oui ou non Deckard est un replicant. Enfin il a l'air de dire que c'est un humain normal... Même si au final, il se fait traquer par un Blade Runner comme s'il était un replicant... Mais bon

Bref, ce n'est pas au niveau du premier film (mais pour sa défense, il a quand même fallu 5 ou 6 versions différences du film en plus de 20 ans pour arriver à la version parfaite) et il est peu probable que le film ait le même cult following même avec le recul. Mais ça reste une oeuvre étonnamment différente, qui passera probablement mieux les revisions et qui restera quand même un peu.

4.5/6 minimum


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MessagePosté: 03 Oct 2017, 11:36 
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Mufti a écrit:
Bref, ce n'est pas au niveau du premier film (mais pour sa défense, il a quand même fallu 5 ou 6 versions différences du film en plus de 20 ans pour arriver à la version parfaite)


y'a seulement deux versions qui diffère réellement...Même pour celle de 82, "tout" est déjà là


Bon je découvre la durée du film...2h45 c'est rude


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MessagePosté: 03 Oct 2017, 12:21 
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Oui ça a l'air chiant en fait quand je lis les critiques. Du coup ma fille a bien fait de naître en avance :o.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 03 Oct 2017, 14:03 
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C'est trop long mais pas chiant.

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MessagePosté: 03 Oct 2017, 14:11 
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Film Freak a écrit:
C'est trop long

Ok sans moiiiiiiiiiiiii ! :D

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Netflix les gars, Netflix.


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MessagePosté: 03 Oct 2017, 14:23 
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Ça aurait du s'appeler Blade Runner 2H49.


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MessagePosté: 03 Oct 2017, 14:24 
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Oberkampf Führer
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deudtens a écrit:
Ça aurait du s'appeler Blade Runner 2H49.


Très bon !


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MessagePosté: 03 Oct 2017, 16:21 
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Ozymandias a écrit:
deudtens a écrit:
Ça aurait du s'appeler Blade Runner 2H49.


Très bon !


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MessagePosté: 04 Oct 2017, 23:57 
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Petit joueur

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Film globalement raté me concernant voire totalement inintéressant, qui n'apporte à mon sens quasiment rien à l'original tout en niquant l'aspect ambigu et vertigineux du 1er sur la question même de l'identité. Ici les réponses sont données, tout est parfaitement clair, défini et au final tout est surtout très plat.
Faire un film aussi long sans jamais donner de la substance à ses enjeux pourtant simples, ça me dépasse. C'est un film qui rame constamment, qui étire son intrigue pour rien pour au final rater les scènes clefs.
Je garde surtout les belles séquences avec l'hologramme mais qui malheureusement sont rapidement sabordées quand il faut aller plus loin sur l'aspect tragique et romanesque d'une telle relation.
Tout le climax à la fin dans la nuit dans l'eau est horrible et si pauvre visuellement.... Je comprends pas cette idée de cadre et de séquence. Renouer avec le thème culte de vangelis à la fin est pour moi un pur aveu d'échec du film pour susciter une émotion ou un vertige métaphysique.
Oui le film est globalement joli dans sa manière d'exploiter l'esthétique et l'univers du 1 mais ça ne suffit pas. Le film n'a rien à raconter, il dissémine quelques idées au début mais en exploite aucune.
2/6


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