Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 22 Nov 2024, 20:09

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 6 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 08 Juil 2014, 16:57 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
To Have and Have Not en VO.

Image

1940, Fort-de-France en Martinique, durant l'administration vichyste. Harry loue son bateau à de riches touristes américains pour des parties de pêche en haute mer, refusant de se mêler des affaires politiques qui agitent le port.


Grosse, grosse claque. Spoilers.

Le titre VO énigmatique (celui du roman originel, désignant apparemment une question de classes que l'adaptation a écartée), semble nous dire, à mesure que le propos du film s'explicite, que l'on nous parle là de courage, ou d'engagement. Il faudrait en somme, tôt ou tard, trouver sa place dans le monde... Or ce qui fascine et obsède le film, c'est finalement tout autre chose : c'est la classe. Le charisme. Être l'homme de la situation, certes, mais pas tant par la capacité à gérer n'importe quel traquenard, que par la capacité à le gérer avec calme, brio, sous-entendus racés, maîtrise totale de soi.

À quoi bon par exemple cette structure laborieuse en trois scènes semblables (ta chambre, ma chambre, ta chambre) pour mener au premier baiser, si ce n'est pour laisser tout le loisir à deux monstres de maîtrise de se reconnaître comme tels, de flairer leur perfection réciproque, de se tester... L'ambition et le plaisir manifestes des acteurs et scénaristes ne sont au final pas différents de ceux des personnages. On pourrait aussi citer les scènes musicales, narrativement inutiles mais prenant tout à fait place dans ce projet - celui de réunir, dans un même hôtel, les 4-5 personnes les plus classes du monde...

Mais il y a autre chose, qui tient à la manière dont le film noir (son angoisse, sa tragédie larvée, sa paranoïa) se cogne au style de Hawks : camaraderie complice et force du groupe, et ressorts (du drame, des dialogues) avant tout comiques, quelque soit la situation. Il résulte de ce mélange une forme de toute puissance, de grand feu victorieux au milieu de la nuit poisseuse de l'île, qui ferait passer ses personnages pour une sorte de confrérie de super-héros.

Le film en paie aussi le prix : cette fin rapide, qui se termine sur une sorte de petite blague ou de victoire miniature, n'est pas à la hauteur du film qui lui précède - et là je vais tartiner sur ce qui représente dans le film à peine 30 secondes, mais tant pis. Certes, on vient tout juste dans le dialogue de s'inquiéter des conséquences de leur acte, mais ce final en forme de pied de nez semble les oublier tout aussi vite. Sans forcément demander une fin malheureuse, il y a tout de même là un problème fondamental : celui d'un film qui a utilisé tous les codes du film noir, et ce qu'ils racontent d'eux-même, sans payer le tribut de gravité et de tragédie qu'ils demandent. Pour que cette association de personnages remporte une victoire sur la guerre qui fait rage, encore faut-il que celle-ci reste dans le cadre et les esprits, et non temporairement oubliée comme un mauvais rêve : contrairement à ce qu'on raconte (l'engagement futur des USA, suggéré à travers le trajet de ce personnage), ce que l'on retient de cette fin, c'est surtout la victoire de l'individualisme. Et, pourrait-on dire, de la priorité du charisme sur toute autre contingence, là encore... Trouver sa place dans le monde : moins celle de héros, que celle de demi-dieux consentant parfois à aider les humains empêtrés dans leurs problèmes et petits conflits mondiaux.

Cela mis à part, c'est un film éblouissant, qui part direct dans mon trio de tête de la filmo Hawks (avec laquelle j'ai finalement moins de problème que je ne le pensais). Baccall (sauf quand elle chante, mon dieu...) y est pour beaucoup, elle bouffe l'écran.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 08 Juil 2014, 17:25 
Hors ligne
tape dans ses mains sur La Compagnie créole
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 22742
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Ah, j'avais adoré, celui-là. (à l'inverse du Faucon Maltais, par exemple)

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 08 Juil 2014, 17:30 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
Oui, Le faucon maltais c'était pas désagréable mais j'ai le souvenir d'un truc assez mou qui ne tient que sur son ambiance.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 08 Juil 2014, 23:49 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 9899
Localisation: Ile-de-France
Mou Le faucon maltais, on parle du même film?


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 09 Juil 2014, 00:15 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
En même temps, ce que j'ai vu de Huston (hormis son fabuleux dernier film), je trouve ça assez mollasson et tiède, donc le problème vient peut-être de là.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 09 Juil 2014, 01:21 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 03 Déc 2008, 01:24
Messages: 3455
Vu y a très longtemps. Coup de foudre instantané pour Bacall.

_________________
VADE RETRO - Une histoire du cinéma d'horreur


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 6 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Hatari ! (Howard Hawks - 1962)

David Swinton

3

1763

28 Juin 2010, 13:13

Tonton Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Boule de feu (Howard Hawks, 1941)

Mr Chow

6

1621

07 Juil 2014, 22:23

Tom Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. El Dorado (Howard Hawks, 1967)

Mister Zob

4

1559

26 Déc 2007, 19:44

Le Pingouin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Scarface (Howard Hawks, 1932)

Mickey Willis

0

1549

15 Avr 2019, 21:19

Mickey Willis Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. L'Impossible M. Bébé (Howard Hawks, 1938)

Film Freak

11

917

06 Mar 2021, 18:46

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Dame du vendredi (Howard Hawks - 1940)

Tom

8

1898

26 Mar 2021, 10:11

T.Rex Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Rivière rouge (Howard Hawks - 1948)

Tom

7

1460

07 Juil 2014, 07:37

Cooper Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Sergent York (Howard Hawks, 1941)

Mister Zob

0

1606

09 Sep 2007, 18:53

Mister Zob Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Hommes préfèrent les blondes (Howard Hawks, 1953)

Film Freak

2

547

28 Avr 2021, 21:26

Tetsuo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks - 1939)

Castorp

3

1767

17 Oct 2016, 13:52

Lohmann Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 31 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web