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MessagePosté: 03 Juin 2011, 16:32 
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Antichrist
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Le gâchis. En quelques déclarations provocantes et imbéciles, l’auteur de «Dancer in the Dark» a peut-être réduit ses chances de remporter la seconde Palme d’Or de sa carrière. Il faut en effet être définitif: «Melancholia» est à ce jour le film le plus impressionnant de la compétition, aussi magnifique sur le plan visuel que maîtrisé dans sa narration et son discours. Plus apaisé qu’«Antichrist», qui avait provoqué un vrai scandale en 2008, plus accessible, sans doute, que le doublé «Dogville»-«Manderlay»-, le nouveau long métrage de Lars von Trier s’inscrit pourtant dans la veine dépressive du cinéaste avec ce portrait croisé – et en deux parties – de deux sœurs que tout oppose : Justine redoute la vie et fait tout pour se libérer des contraintes sociales, Claire redoute la mort et veut à tout prix contrôler le cours des choses. La fin du monde, elle, approche de la Terre aussi inexorablement que la planète Melancholia.
Faiblesse de l'Homme face à Nature

Après une ouverture opératique composée de plans sublimes, visions oniriques de l’héroïne qui annoncent l’apocalypsen - dont le plan pictural de l’année, la mariée en lambeaux-, Lars von Trier nous invite au mariage de Michael et Justine. Ils sont beaux, riches, amoureux – au moins le croit-on au début -, mais le vernis de la bonne société bourgeoise danoise – ennemi juré du cinéaste, qu’il fustigeait déjà dans «Les Idiots» - vole très vite en éclats. Le père de la mariée est un coureur invétéré, la mère une affreuse marâtre et rien ne passe comme prévu au grand dam de Claire, sœur courage et rationnelle. Quant à l’organisateur du mariage (Udo Krier, irrésistible), il préfère ignorer cette mariée insaisissable, qui suit toujours son instinct et refuse qu’on ne la mette dans une cage. Le petit jeu de massacre est jubilatoire, d’autant que l’on avait oublié à quel point le cinéaste danois maîtrisait le timing de la comédie – souvenez-vous de «L’Hôpital et ses fantômes». Le film pourrait s’arrêter sur cette partie qu’il serait déjà formidable, mais la planète Melancholia n’a pas fini sa danse autour de la terre.

La dépression offre-t-elle à Justine un regard lucide sur le monde ? La perspective de la mort est-elle plus douce pour ceux qui n’attendent rien de la vie ? Alors que Claire et son mari repoussent la confrontation avec le néant – la première dans l’anxiété, le second dans l’expertise scientifique -, Justine, elle, s’abandonne à la nature – incroyable scène au bord de l’eau -, accepte le sort de l’humanité – le film est en un sens le contrepoint athée de «The Tree of Life». «La vie n’est pas belle, ici», explique-t-elle à sa sœur, dans une scène de confrontation. Mais là encore, c’est un leurre. Tante Steelbreaker a promis une cabane à l’enfant et dans un dernier rite païen tente de protéger les siens de la menace qui arrive, ou en tout cas de faire semblant. Faiblesse de l’Homme face à la Nature, beauté d’une réconciliation. Grand film.

6/6


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MessagePosté: 09 Aoû 2011, 13:51 
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Eh bien... La claque!

Von Trier, je suis loin d'être expert, mais pour moi, c'est simple, ça passe (je surkiffe Dogville) ou ça casse (rejet de Dancer in the Dark et gros rejet de Antichrist). Adhésion quasi totale pour ce Melancholia, qu'il vaut mieux découvrir en en sachant le moins possible...
Il y a tellement de chose à en dire, mais ce serait trop long et spoilerisant, j'en dirai donc le moins possible, mais c'est vraiment très fort... La structure, le scénario, les idées, les acteurs (Dunst - Gainsbourg - Sutherland) déchirent...

Le dernier plan fait partie de ce qu'on aura vu de plus extraordinaire cette année. J'en suis resté bouche bée, scié, sur le cul.

Juste un peu gêné par les quelques longueurs de la partie 1... Le film pourrait facilement faire 10-15 min de moins.

Gros 5/6

Et Kirsten Dunst a une très belle paire.

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MessagePosté: 10 Aoû 2011, 15:30 
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Déception COSMIQUE.

En fait, pour tout dire, c'est déjà une douche froide que j'avais eu dès la bande-annonce, proprette et un peu plate, mais les échos éblouis (la presse, un ami qui l'avait vu en avant-première et qui semblait avoir vu la vierge) faisaient que j'y allais enthousiaste.

Ça fait longtemps que je défends LVT, que je l'adore, que je prend parti pour son cinéma jusqu'à (surtout !) Dancer in the Dark, jugeant que s'arrêter à la provoc et la sur-maîtrise des films consiste à buter contre une ridicule pellicule de surface, tendue devant une profondeur cinématographique proprement monstrueuse.

Et donc je le connais, à force, le Lars, et quand débute son ouverture à coup d'épate j'ai l'impression de le voir agiter les bras pour cacher le vide. L'étiquette du cinéaste dogmeux l'a souvent caché, mais LVT a des capacités plastiques à en faire baver tout Hollywood : il maîtrise, il gère, il a une connaissance des effets qui marchent qui confine au top du savoir-faire publicitaire - même si ses films savent toujours désamorcer, ou du moins jouer avec cette donnée-là. Le générique de The Kingdom, les top-shot de Dogville, ça a toujours été présent. Là il ne reste plus que cette maîtrise à vide, succession de plans façon "voilà j'ai réussi à faire ça", comme on fait une expo de ses petits tableaux (pas forcément sublimes ou inspirés, d'ailleurs) sans liant ni quoique ce soit. Ça commence mal, même si la nature plus tard révélée de ce prologue (un condensé de "visions" de Justine, assumé comme tel) lui redonne un certaine légitimité.

Le mariage qui suit est assez chiant, pas très bien écrit, mais c'est la partie que je sauve : en suivant Justine au pied (servie par Dunst effectivement très bien), en décrivant en connaisseur le vide de la dépression, le gouffre derrière le regard, la conscience aigüe, au présent, de la fatuité des gestes du quotidien... Il y a quelque chose qui fonctionne, et qui prend son élan parfois, notamment dans les scènes extérieures nocturnes (le lâcher des ballons), quand l'image se pare d'un parfum fantastique. Ça reste pas grand chose, pour moi, comparé à ce qu'il a pu faire par ailleurs : on est pas très loin d'un Festen.

La seconde partie, c'est ennui total. LVT se complait dans le décor d'emblée joué du manoir à la perfection mortifère, du personnage de Sutherland qui ne sert à rien, et mises à part là encore quelques veillées nocturnes à la beauté discrète et agréable, je ne vois que le déroulé d'un programme, conclu sur un plan final facile...


A ce stade, c'est même plus de la déception, donc, c'est de l'incompréhension totale. Je ne comprends pas l'enthousiasme. Je n'ai même pas la moindre piste. Pour le coup, je conçois de pouvoir redécouvrir le film de A à Z, d'avoir raté quelque chose, parce que je ne pige pas.

Je veux dire : je ressens vaguement des possibilités, à l'état de miettes (les courses à cheval, les visions d'étoiles à moitié dans le jour levant... une certaine atmosphère), mais je n'ai absolument rien ressenti. Un vrai mur. Pour moi, ce n'est pas plus investi que le Direktor, même si le projet, le concept, ont incontestablement une ambition.

Le fait que je sois un habituel fan de ce cinéaste est peut-être un début d'explication - j'ai l'impression que le film est beaucoup apprécié de ceux qui habituellement ne l'aiment pas. Où est passé cette force vive, irritante certes, mais aussi inventive, jouissive, immense de cinéma ? Je ne vois que du lisse.


Du coup la vision d'Anthicrist, longtemps différée, me fait craindre un film très superficiel.


Dernière édition par Tom le 10 Aoû 2011, 16:13, édité 1 fois.

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MessagePosté: 10 Aoû 2011, 16:13 
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Eh ben! :-/

Moi, au contraire, je trouve la première partie un peu longuette et avec quelques idées bizarres, mais la deuxième partie elle m'a scotché... jusqu'à ce plan final que je trouve dingue.

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MessagePosté: 10 Aoû 2011, 16:15 
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Non mais de toute façon là c'est pas la peine de chercher : je fais pas dans le détail, c'est le film entier qui me déçoit, en bloc. Je lis un peu depuis tout à l'heure, je vois ce qui captive les gens, mais ça n'a tellement pas marché sur moi... Je lui réserverai sans doute une deuxième vision, un peu plus tard dans l'année, parce que ça me semble zarb ce grand écart.


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MessagePosté: 11 Aoû 2011, 09:21 
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Comme dit Arnotte "Eh ben!".

Pour ma part, je suis subjugué. Faute de mieux, je vais faire une critique chronologique du film.

ATTENTION, CA SPOILE. (et je n'ai pas envie de faire des balises partout qu'on ouvrira quand même, vous êtes prévenus)

L'ouverture, d'abord. Images magnifiques mais très froides, le ralenti n'aidant pas à en dégager des sensations. C'est quasi-publicitaire comme Tom le dit. jusqu'à cette embrassade filmée comme deux amants qui, justement, s'embrassent (enfin, c'est l'image que j'avais dans la tête). Là, j'étais réservé, surtout que si les plans sont plastiquement parfaits, ils sont trop froids et trop académiques.
Le mariage. C'est magnifiquement écrit. C'est LE mariage qu'on veut tous éviter, et Kirsten Dunst est magnifiquement folle et fragile, même si les raisons du mal ne sont finalement acquises qu'en 2ème partie. On retrouve quelques clichés : le père débonnaire mais fuyant (magnifique John Hurt), la mère distante et assez acariâtre (Charlotte Rampling), ce qui reste finalement c'est la soeur, Charlotte Gainsbourg, qui fait ce qu'elle peut pour sauver l'affaire avec son mari (génial Kiefer Sutherland). Alors on peut y trouver un peu de gras au sens ou certaines scènes ne sont pas essentielles mais cela reste souvent très bon (par exemple, le discours du patron, empli de condescendance et de mépris). Alexander Skarsgard (le mari, pour ceux qui ne suivent pas au fond) est bon, ca change agréablement de True Blood (ou il est bon aussi, mais pas la série) ; même s'il ne sert finalement que de faire valoir pour mieux mettre en scène le personnage de Dunst.
Prise indépendamment, cette partie tient plus du film de moeurs qu'autre chose. Prise dans le contexte du film dans son entier, c'est une préparation, un prélude, qui trouve son écho dans la solitude de la deuxième, et les réflexions de Dunst (The Earth is evil, it tastes like ashes,...). On pourrait y voir une sorte de Babylone décadente attendant le jugement divin, si l'on extrapole beaucoup (et sans la thématique religieuse).
Dans tous les cas, c'est bien écrit et bien raconté.

La 2ème partie : le huis-clos est encore plus présent, avec la famille et Kirsten Dunst, catatonique, pitoyable (la scène de la baignoire : un corps nu mais flasque, indésirable, qui offre un constate total avec la naïade qui prend son bain de Lune, plan magnifique mais au final une scène presque vulgaire, loin de la déesse vénérée en tant que mère dans Tree of Life par exemple).
Kirsten Dunst qui finalement ne reprend goût à la vie (ya une amélioration perceptible de son état quand même) que pour mieux mourir, pour pousser les autres à accepter leur mort.
Je trouve d'ailleurs dommage qu'on est fait choisir à Sutherland le "easy way out" même si sa présence aurait inévitablement diminué la toute fin du film. C'est vrai que beaucoup de scènes peuvent sembler inutile, comme le dit Tom, mais finalement elles servent à expliquer ce que l'on voit dans les films catastrophes plus basiques : les étapes de la fin : émerveillement, espoir, résignation, acceptation, lutte... C'est assez important d'avoir une galerie de personnages qui résistent différemment. Le dialogue entre Dunst et Gainsbourg, celui qui précède la toute fin, est terrible (et par terrible, j'entends horrible, il remue de haut en bas). Et la scène finale... incroyable... Belle performance de Charlotte Gainsbourg, complètement hystérique sur la toute fin.

Le huis-clos qui vaut tout le long du film est d'ailleurs fascinant, d'abord pour les lieux, superbe, et aussi pour l'isolement, la solitude. La seule scène de communication avec l'extérieur (hors coup de fil au début de la 2nde partie), c'est l'utilisation d'internet, jusqu'à ce que l'électricité saute. le parti-pris de filmer la fin du monde par le petit bout de la lorgnette (AUCUNE référence à ce qui se passe ailleurs) donne une force encore inédite au film.

Pour ce qui est de la réal, je vais faire une comparaison qui va être inévitable de toute façon, celle avec Tree of Life. Je trouve Melancholia beaucoup plus froid, beaucoup plus fixe. De toute façon, Melancholia est un peu l'anti Tree of Life, une célébration de la Mort là ou l'autre est une ode à la Vie. Ca se retrouve partout : la prédominance du rouge et des couleurs vives chez Malick, le bleu et les tons neutres, ternes chez Van Trier. Même l'utilisation de la musique est différente, alors que les airs, globalement, ont des similitudes. C'est à se demander si ce n'est pas fait exprès (théorie du complot in!).
Du coup, le film frappe moins que le Malick, qui m'avait vraiment mis les larmes aux yeux.

Ca reste un film d'une perfection plastique incroyable, avec des scènes très fortes, et un indispensable.

5.75/6.

PS : ce film me fait me rendre compte que j'en ai surnoté pas mal. Hop, révision à la baisse pour Harry Potter notamment.

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MessagePosté: 12 Aoû 2011, 09:30 
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Corrigez-moi si je me trompe, mais il me semble que la presse et le public se foutent totalement, aujourd'hui, des propos sont disant impardonnables du cinéaste à Cannes... Le pseudo scandale est parfois évoqué, mais avec timidité et sans que cela remette en cause le film (du moins dans les articles que j'ai lus). C'est fou à quel point la presse a pu se ridiculiser avec ça...

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MessagePosté: 12 Aoû 2011, 10:44 
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Clair, mais pour remettre un peu de sel dans tout ça, la presse vient de mettre à jour que le tueur norvégien adorait Dogville.

Bonne chance, Lars.


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MessagePosté: 13 Aoû 2011, 22:54 
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craquage massif de ma personne, et donc je le poste ici.

Je suis parti du postulat que le mariage était une mise en scène (très chère) pour Justine. Le fait qu'on n'assiste pas à la cérémonie, que les deux arrivent en retard, seuls, comme si il n'y avait rien eu avant. Claire qui lui demande "es-tu sûr de vouloir faire ça?", puis le défilé de phrase soulignant la folie et la loufoquerie de l'instant (le père et la mère qui donnent chacun à leur manière l'impression que tout ça ne tiendra pas), puis le partage en couille, Sutherland qui lui dit que tout ça coûte une fortune, que ça relève d'une promesse de bonheur (genre "on te paye ta folie là, ça a intérêt à marcher"), et enfin le mari qui se barre, avec dans les yeux l'espoir que le jeu lui aurait permis de finalement se taper Justine...Et elle de lui répondre "tu t'attendais à quoi" (instant Schweppes). En fait, je suis parti de ça, du fait que Justine est incapable de sortir de chez elle dans la seconde partie, son côté loque...

Mais bon, je sais que ça colle pas. Il y a le personnage du patron, la phrase de la mère "qui n'a pas assisté à la cérémonie"... Mais sinon ça me plaisait, je trouvais que ça ajoutait à la folie de la séquence.


Sinon, seconde partie ébouriffante, sombre comme l'abysse...Pleins de séquences inoubliables, acteurs extraordinaires (Gainsbourg aurait co-mérité ce prix d'interprétation).

Pas de note, je vais le revoir avant.


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MessagePosté: 14 Aoû 2011, 14:22 
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J'ai du mal à être aussi dithyrambique que les précédents avis.

Autant prévenir tout de suite, je suis un vendu au cinéma de Lars Von Trier. Breaking the waves est un de mes films qui m'a le plus bouleversé au cinéma, je veillais adolescent pour voir les épisodes de The Kingdom sur Arte et La fin des idiots m'a comme rarement remué. Mais il faut avouer que, comme Wim Wenders, le danois a eu sa période d'or (les années 90) et que depuis Manderlay ça a quand même sacrément baissé de niveau. Five obstructions et Direktor ont beau être sympathiques, niveau ambition il s'agit d'un exercice de style et d'une comédie inoffensive.

Melancholia déçoit même si il est le meilleur film de Von Trier depuis Dogville. LVT avait renoué avec l'ambition avec Antichrist mais le cinéaste danois n'est jamais plus mauvais que quand il prend la pose de penseur, et l'hommage à Tarkovsky de la fin laissait hilare. Les meilleurs moments du film étaient les passages viscéraux, véritables fulgurances de film d'horreur, le reste n'était que désagréable pensum.

La première partie de Melancholia, genre de Festen après l'heure, est superbe. La maladivité, l'inaptitude à la vie de Kirsten Dunst sont rendues de manière remarquables. On retrouve le regard acerbe de LVT, des scènes comme à la grande époque (je pense particulièrement au pauvre mari humilié), une fluidité dans la mise en scène et une actrice américaine au summum de son art. On a beau aimé le danois ou non, il faut avouer qu'il reste un directeur d'actrices exceptionnel : Emily Watson, Bjork, Kidman ou Gainsbourg, il a toujours réussi à tirer le meilleur d'elles et aller au-delà de ce qu'on aurait pu penser. Le jeu de Dunst, tout en finesses, incarné, laisse rêveur quand on se souvient des prestations jusqu'à présent assez neutres de l'actrice à Hollywood.

La seconde partie est un peu plus sur des rails. Enfin non, je me suis mal exprimé : plus classique et prévisible mais relevé par les obsessions de Lars Von Trier qui imprègnent l'atmosphère. Le danois est un grand dépressif, on sent toutes ses obsessions, toute sa déprime irriguer cette dernière heure et lui donner une profondeur assez inattendue. Plutôt bien donc, même si je lui préfère la première partie plus surprenante et plus forte à mon goût. Peut-être aussi que Charlotte Gainsbourg, même si elle s'en tire avec les honneurs, a du mal à tenir la comparaison avec Dunst.

Alors qu'est-ce qui ne vas pas? Le bémol est que le film est affreusement bancal. Les 2 parties trop disparates. On a l'impression d'assister à 2 films différents dont le seul lien est l'unité de temps et les personnages. J'aurais bien aimé assisté à deux films d'une heure 30, l'un sur le mariage raté de Kirsten et un autre plus sur la fin du monde. En l'état, le film n'est pas raté, pas désagréable mais trop hétérogène pour être le chef d'oeuvre annoncé. Mais enfin c'est bien de retrouver LVT sur la bonne voie ;)

4,25/6


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MessagePosté: 14 Aoû 2011, 14:41 
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Bon je crois que c'est plié pour 2011.


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MessagePosté: 16 Aoû 2011, 09:58 
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Enorme morceau.

Un film comme souvent chez LVT pas facile à appréhender, qui laisse de nombreuses zones d'ombre après la projection, qui ne délivre pas ses secrets facilement. Mais ce qui surnage c'est l'impression général, le sentiment omniprésent de fin du monde. De cette première partie où l'icône d'une Kirsten Dunst en mariée macabre démbule telle une figure mythologique dans un monde qui n'est pas le sien. Ses promenades au clair de lune, à l'écart de la fête, à l'écart du monde sont ce qu'il y a sans doute de plus poètique et mélancolique dans tout le cinéma de LVT. Je suis moins intéréssé par tout les micmacs familiaux et professionnels qui rappellent un peu trop Festen (d'accord avec Arnotte, j'aurais bien sucré 10-15 minutes) et qui font un peu défilé de stars inutiles (perso ridicule d'Udo Kier) mais malgré tout ça reste un grand morceau de cinéma.

Et puis vient cette deuxième partie où la mélancolie de Kirsten Dunst s'est incarnée dans une planète menaçant la terre, elle a contaminé le monde. Personnage magnifique de Charlotte Gainsbourg qui essaie d'y croire encore et qui refuse l'inéluctable.
D'ailleurs après le sentiment de mysoginie qui avait surnagé à la fin d'Antichrist, quelle magnifique déclaration d'amour à ses deux femmes que tout oppose. Pour une fois je ne sens pas chez lui d'ironie, de mépris ou de condescendance pour la détresse de Charlotte Gainsbourg. Mais de l'amour. Magnifique scène de la baignoire, magnifique scène au bord de l'eau où Kirsten fait l'amour à son alter ego, magnifique moment où Gainsbourg pour la deuxième fois dit à sa soeur I hate you so much sometimes.

Quand aux illustrations du début, peintures mythologiques anticipant ce qui va se passer plus tard, elles sont rétrospectivement (au delà de leur beauté visuelle intrinsèque) bouleversantes.

Toute la fin est une merveille absolue qui prend à la gorge, qui asphyxie et qui emerveille en même temps, avec ce dernier plan terrible qui promet de brûler la rétine pour un long moment après la projection.

C'est amusant que ce film sorte quelques mois seulement après Tree of Life, film poème aussi d'un grand cinéaste qui mèle l'intime à la cosmogonie. Les films sont très différents mais malgré tout partage ce même vertige métaphysique. L'un va vers l'origine de la vie, l'autre au contraire vers sa fin. Deux faces d'une même pièce.

A revoir je pense, à digérer mais certainement, sans l'ombre d'un doute un film absolument immense.

5/6

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MessagePosté: 16 Aoû 2011, 09:59 
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DPSR a écrit:
Bon je crois que c'est plié pour 2011.


Attend, j'ai pas encore mis mon 2.

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MessagePosté: 16 Aoû 2011, 10:38 
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Quand je pense que ces connards du MK2 ont osé rallumer la salle juste au début du générique... bande de violeurs d'ambiance.

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Dernière édition par elmomo le 16 Aoû 2011, 12:16, édité 1 fois.

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MessagePosté: 16 Aoû 2011, 11:48 
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Art Core a écrit:
D'ailleurs après le sentiment de mysoginie qui avait surnagé à la fin d'Antichrist, quelle magnifique déclaration d'amour à ses deux femmes que tout oppose.


J'ai toujours pas compris en quoi "Antichrist" était misogyne. Et s'il l'était, pourquoi celui-ci ne le serait pas ? C'est le même homme d'ailleurs, qui n'a pas changé de regard sur les femmes depuis ... LVT est simplement obsédé par ce qui tourmente la femme (ses désirs, ses peurs, etc.), ça ne fait pas de lui un misogyne, tout au plus quelqu'un de terrifié par ce qu'il ne comprend pas, et par le sexe notamment ...
C'est un peu le contraire de Malick qui aujourd'hui représente ses personnages comme des saintes et comme des Mères ; le portrait est nettement plus flatteur, mais seulement en apparence, pas sûr que ça soit plus positif ...


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