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MessagePosté: 16 Oct 2013, 17:25 
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On dirait une affiche promo pour une foire aux matriochkas

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1921. Ewa et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda, atteinte de tuberculose, est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno, un souteneur sans scrupules. Pour sauver sa sœur, elle est prête à tous les sacrifices et se livre, résignée, à la prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui redonne confiance et l'espoir de jours meilleurs. Mais c'est sans compter sur la jalousie de Bruno...

A la croisée des chemins entre les habituels critiques qui retournent ensuite leurs vestes passé Cannes à la sortie salles d'un Gray et de la peuplade désormais très fournie des Cotillard bashers (alors qu'elle est une fois de plus irréprochable de tristesse fataliste) tellement allergiques qu'ils peuvent disserter en grands spécialistes des heures durant sur les subtilités de l'accent polonais, The Immigrant n'a comme d'habitude pas soulevé les foules sur la croisette, désorientées par le classicisme instantané d'une mise en scène millimétrée qui déconstruit le rêve américain dès la première scène comme un grand opéra tragique à la Puccini. Se croyant sauvée, Ewa se rendra vite compte que sa seule issue sera encore et toujours la fuite, où les plus amères trahisons ne viennent pas forcément de là où on croit. L’ambiguïté des personnages déroutera les sots manichéens: Le proxénète finira par hurler son dégoût de lui-même dans une des tirades les plus poignantes de cette année et la prostituée par s’accommoder de son sort en se raccrochant à son besoin d'argent. Alors n'écoutez pas les esprits chagrins et foncez voir ce diamant noir d'une somptuosité sidérante.
6/6


Dernière édition par DPSR le 17 Oct 2013, 00:26, édité 1 fois.

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MessagePosté: 16 Oct 2013, 17:28 
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Ouverture sublime, fin sublime, mais le milieu ne m'avait guère emballé, je n'aime pas le perso de Renner que je trouve trop plaqué au récit, et cela reste très "puritain" et anti-doloriste si bien que la tragédie d'Ewa est parfois trop théorique. Mais bon, il faudra le revoir.

4/6


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MessagePosté: 16 Oct 2013, 17:29 
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Successful superfucker
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Karloff a écrit:
anti-doloriste


On peut aussi voir ça comme une qualité! Finalement, tu risques d'adorer le Tsai Ming-Liang.


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MessagePosté: 16 Oct 2013, 17:31 
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Plus le temps passe plus Renner ressemble à Nathan Fillion l'acteur jouant Castle dans la série éponyme


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MessagePosté: 16 Oct 2013, 17:31 
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Antichrist
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ah ça c'est sûr que le film par Lars von Trier, ça donnerait autre chose.


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MessagePosté: 16 Oct 2013, 17:37 
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Karloff a écrit:
cela reste très "puritain" et anti-doloriste si bien que la tragédie d'Ewa est parfois trop théorique

Puritain ? Tu trouves que c'est la panacée d'être pute ou proxénéte ? Pour le reste, les fondus au noir font très mal.


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MessagePosté: 16 Oct 2013, 17:39 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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"Puritain" dans l'image de ça justement. On ne peut pas dire que l'on ressente vraiment son humiliation quotidienne.


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MessagePosté: 16 Oct 2013, 17:42 
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Karloff a écrit:
"Puritain" dans l'image de ça justement. On ne peut pas dire que l'on ressente vraiment son humiliation quotidienne.

Je ne sais pas ce qu'il te faut. A part du Lars Von Trier bien sûr.


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MessagePosté: 28 Nov 2013, 22:54 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Totalement d'accord avec Karloff. L'approche de Gray avec des gants blancs (plutôt avec ses fondus au noir) m'a totalement refroidi et je ne ressens jamais le chemin de croix du personnage de Marion Cotillard. C'est plutôt honorable de ne pas avoir voulu sombrer dans un misérabilisme sale et complaisant mais du coup je trouve qu'Ewa traverse le film sans y prendre vraiment prise, comme un fantôme. Je ne m'attache jamais à elle, je ne souffre jamais avec elle. Il faut dire que son personnage est relativement antipathique et que l'on ne comprend pas très bien pourquoi les hommes qu'elle rencontre s'entichent d'elle aussi facilement (outre le fait qu'elle soit belle).

Belle déception donc que ce film trop engoncé dans un certain académisme et affaiblit par une construction très maladroite. En effet j'ai le sentiment que tout va beaucoup trop vite, que l'on ne nous laisse pas le temps de voir les personnages s'installer dans une relation, dans un quotidien. Tout est très survolé, Cotillard est balloté d'un endroit à l'autre sans que ça ne fasse évoluer le personnage ou sa relation avec Joaquin Phoenix. Il faut attendre
son retour à Ellis Island, la rencontre avec Jeremy Renner et son acceptation d'être pute
pour avoir le sentiment que le film a véritablement commencé. Or c'est déjà beaucoup trop tard et tout ce qui arrive à partir de là me semble totalement précipité jusqu'à un final abrupt et sec (mais où enfin l'émotion finit par apparaître en surface et si ça offre au film son meilleur plan).

Il manque vraiment au film une ampleur qu'il n'atteint jamais. Il suffit d'avoir un peu en tête le New York des années 20 d'Il Etait une Fois en Amérique pour comprendre à quel point Gray n'est pas au niveau. Avec trois fois rien Leone parvenait à construire un sentiment de vie, de bouillonnement, de gigantisme même au sein de son quartier cosmopolite new-yorkais là où Gray s'enferme dans un film tout en intérieur (ou presque) qui ne respire pas et lui donne du coup ce sentiment de petitesse, presque insignifiant. Alors il ne voulait certainement singer Leone et son but n'a jamais été de faire une fresque de 4h mais malgré tout je ne peux m'empêcher de penser que son film aurait atteint un tout autre niveau s'il lui avait donné une vraie ampleur.

Et du point de vue de la mise en scène de Gray je suis assez circonspect également. Le film a très peu d'identité.Pas fan non plus de la photo ocre-sépia de Khondji, sursignifiante et lourde. Comme son utilisation de la musique très académique (et putain le Tavener en plus d'être lui aussi super lourd et très mal placé et utilisé, gros gâchis). Et comme le disait Karloff, le "puritanisme" de Gray m'a beaucoup dérangé notamment dans une utilisation des fondus enchaînés qui m'a paru assez hypocrite voire presque dégueulasse. Cette manière de clore la scène sans y toucher, sans mettre les mains dans le cambouis et sans s'impliquer au plus profond d'une douleur me dérange profondément. Surtout que le fondu pour moi il est traînant, il est entre deux et c'est presque comme une absence de choix, une décision prise par défauts. Le même mouvement qu'une paupière qui se ferme sur une scène que l'on ne veut pas regarder.

D'ailleurs c'est marrant ce complexe par rapport au sexe qu'à James Gray. Je crois que c'est quelque chose que l'on retrouve chez énormément de cinéaste juif (de Spielberg en passant par Allen) cette difficulté à mettre en scène la sexualité, à la concevoir d'un point de vue cinématographique. On a le sentiment chez ces cinéastes qu'il y a un opercule de morale religieuse qui recouvre le sujet et les bloque totalement dans leur geste créatif, une impureté qu'ils ne parviennent pas à embrasse (pour preuve la scène de sexe cauchemardesque de Munich). Et bien chez Gray c'est pareil. Le rapport au corps dans Two Lovers était fascinant dans ce sens là. Il était vulgaire et brutale (Paltrow qui colle ses seins à la fenêtre, la scène de baise sur les toits totalement mécanique). Le corps était presque un appendice gênant dans le rapport entre les personnages. C'est ce qui donnait aussi cette singularité au film. Or là dans The Immigrant il a purement et simplement décidé de l'abolir. Il ne veut pas le regarder en face le corps, il préfère l'oblitérer. Cotillard qui joue une prostituée aura le corps en permanence recouvert de vêtements (là où les collègues montrent au moins leurs seins). Elle dans la pureté hypocrite dans laquelle il la conçoit ne sera jamais "salie" par sa potentilelle sexualité ou même sensualité. Du coup son rapport aux hommes (Phoenix, Renner, ses clients) est purement théorique. Il ne s'exprimer qu'à travers des dialogues, des attitudes et non pas des gestes (ou si peu). C'est également là le gros échec du film. D'en avoir fait une pure oeuvre à thèse, théorique et froide.

Il reste quelques très belles choses. Le personnage de Joaquin Phoenix est le personnage principal, il est le seul par ailleurs qui porte une singularité, une étrangeté presque et il est magnifique. Le seul vrai moment d'émotion on lui doit
dans son discours final terrible
. Mais autour de lui Marion Cotillard (magnifique par ailleurs) est trop idéalisé dans un rôle figé manquant de profondeur. Et je ne comprends pas le personnage de Renner qui traverse le film comme une flèche mais qui semble ne pas y imprimer quoi que ce soit.

Bref, comment peut on faire un film aussi lisse après Two Lovers ses aspérités râpeuses et déchirantes ? On a vraiment le sentiment d'un artiste qui s'est effacé derrière son sujet dans une tentative maladroite de faire un cinéma plus universel. Et j'ai bien peur que le prochain suive la même tendance.

2/6

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MessagePosté: 28 Nov 2013, 23:29 
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Woody Allen c'est très sexué, non ? Ses premiers films en tout cas, même Match Point ou Vicky Cristina Barcelona, enfin pour un monsieur de son âge.

Sinon je suis d'accord sur le fait que tu sois d'accord avec moi.

Mais il m'en reste quelque chose de ce film, six mois après. Je trouve qu'il filme très bien Ellis Island par exemple. Ce côté No Man's Land hanté par des fantômes qui rêvent ou ont rêvé d'une vie meilleure.


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MessagePosté: 28 Nov 2013, 23:36 
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Oui c'est sexué Allen mais dans c'est souvent uniquement dans les dialogues ou dans la bouffonnerie. Je suis loin d'avoir vu tout ses films mais y a-t-il une seule "scène" de sexe dans son cinéma ?

Oui Ellis Island est probablement ce qu'il y a de plus réussi en effet. La dernière scène est vraiment belle je trouve, dans cet établi abandonné. J'hésite aussi à monter à 3 mais faut voir comment il vieillit.

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MessagePosté: 28 Nov 2013, 23:38 
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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander quand même
après je vois ce que tu veux dire...


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MessagePosté: 28 Nov 2013, 23:43 
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Ben oui justement, il y a une forme de détournement, une façon de parler de sexe uniquement sous l'angle comique.

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MessagePosté: 28 Nov 2013, 23:46 
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Oui enfin Allen a prouvé dans sa vie que sa libido était pas vraiment problèmatique... Alors que bon, à part 50 nuances Gray esquive.


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MessagePosté: 29 Nov 2013, 00:15 
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Art Core a écrit:

Bref, comment peut on faire un film aussi lisse après Two Lovers ses aspérités râpeuses et déchirantes ?


Dixit le mec qui a aussi mis 2/6 à Two lovers.


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