Forum de FilmDeCulte

Un des films de mon enfance.

Je n'avais jamais réalisé à quel point ce film était l'antithèse des films de guerre de l'époque... très en avance sur son temps et sur les prestigieux films qui suivirent dans les années 70 et 80. Les 13 personnages (Lee Marvin et ses hommes) sont des soldats pourris jusqu'à l'os, irrévérencieux, indisciplinés, détestables, qui se battent pour s'extraire de leur condition. Gagner leur liberté plutôt que la guerre ou des récompenses... Individualisme total, vision de la 2nd guerre mondiale complètement dévissée par les actualités provenant du Vietnam. Pour la première fois, le but n'est pas de se sacrifier ou de mourir pour sa patrie en sauvant ses frères. Pour la première fois, il faut tenter de survivre et de mourir après la guerre, quitte à marcher sur le camarade qui nous ralentit ! Aucune camaraderie, aucun sens du sacrifice, la guerre est montrée comme d'autant plus détestable. Étonnant que la formule n'ait pas été davantage utilisée tant elle fonctionne.

Du coup c'est l'avalanche de personnages géniaux, retords, interprétés assez génialement par John Cassavetes (qui joue le contre-temps façon Christopher Walken, il transpire déjà le cinéma indé), Jim Brown (footballeur reconverti qui a une gueule géniale et un vrai charisme - revu après dans Any Given Sunday ou chez Spike Lee), Telly Savalas (Kojak est juste complètement déglingué dans ce film), Donald Sutherland (trois répliques, mais déjà un concentré de MASH dans son regard), Charles Bronson (le classicisme absolu) et Lee Marvin himself (la grande classe).

Le scénario est génialissime, bourré d'idées originales qui fonctionnent à mort (dialogues, caractérisations, mélange d'aventure, de comédie et de guerre pure). Le rythme est très bon, le plot excellent... mais tout ça mériterait une autre mise en scène que la bouille d'Aldrich... quel choc de voir cette mise en scène de boucher avec le recul !!! On sent qu'Aldrich se couvre par des plans d'ensemble, avant de filmer sous des angles improbables par-ci par-là sans la moindre cohérence dans le découpage. Je viens de réaliser que cet homme est un tâcheron. Avec du coeur, mais un tâcheron quand même. J'ai envie de chialer, putain.

Y a un remake à faire. Faut continuer de caractériser les 6 salopards délaissés, complexifier les péripéties dans l'attaque finale du château, et on a une bombe absolue.

4/6 (6/6 pour le scénario, 2/6 pour la mise en scène)

_________________
I think we're gonna need a helmet.

Question : tu l'as vu dans quel format ?

Toute ma vie en 4/3 sur VHS... l'horreur. Mais là pour la première fois en 2.20 selon la jaquette du DVD. Ce qui fait grosso merdo un bon 16/9.

_________________
I think we're gonna need a helmet.

Euh 2,20:1, format du DVD z2, c'est quand même loin de 16/9... Et c'est bien le problème, puisque le film a été composé pour du 1,85:1... D'ailleurs Warner l'a ressorti z1, puis en Blu dans leur 1,85:1 "maison" (c'est-à-dire 1,78:1) et ça pique quand même moins les yeux.
Le 2,20:1, je sais pas d'où ils l'ont sorti. Apparemment à l'époque y avait beaucoup de films tournés en 70mm et donc natifs en 2,20:1, du coup ils ont dû décidé d'exploiter le filon en overmattant celui-ci dans ce format. Résultat, quand Warner l'a sorti en DVD en Europe, ils ont bien merdé.
Bref, je me posais la question parce que ce que tu disais sur les cadrages m'a surpris... puis je me suis rappelé que la version en 2,20:1 m'avait piqué les yeux.

Oui t'as raison, l'erreur est sur la jaquette, je n'ai pas percuté en l'écrivant. Mais l'image est belle et le format semble être le bon.



J'ai la double édition collector de Warner.



Bon, je suis un peu injuste avec Aldrich, d'autant que j'aime tous les films que j'ai vu de lui. Mais là j'ai trouvé le montage particulièrement mauvais (accentué par l'absence totale de réalisme des coups de feu, et des blessures : faut voir comment les mecs mitraillent un sniper à 50 mètres à hauteur de hanche en dessinant un carré et font mouche). Mais la mise en scène d'Aldrich me semble plus portée sur le placement des comédiens, la bonne gestion du nombre, plusieurs bonnes idées du scénario bien accompagnés avec son cadre (des gags surtout). Le plus souvent, elle se contente d'être frontale et en plan d'ensemble, avec des inserts un peu fantaisistes sur les gueules ici et là, peu importe la continuité désastreuse.

A sa décharge, je viens de mater le making of, et visiblement, les 12 comédiens, la plupart jeunes loups aux dents longues, voulaient toutes les deux secondes ajouter des trucs pour se démarquer des camarades... ce qui donne une émulation positive sur les interprétations, mais au détriment sûrement du découpage, contrarié par les faux raccords. C'est possible. Disons que contrairement à Sturges dont je viens de revoir plusieurs films, et qui sur Les 7 mercenaires par exemple avait eu le même problème, Sturges reste classe et découpe bien son film. Aldrich est sauvage sans le génie de Peckinpah, et plus brouillon. C'est vivant, mais je n'ai vraiment pas aimé la mise en scène.

_________________
I think we're gonna need a helmet.