Forum de FilmDeCulte

Sur un sujet-pensum, l'euthanasie, on aurait pu craindre un truc balourd. J'ai apprécié l'immédiateté de la démarche d'Ozon: pas de chichis, il capte son héroïne dans le mouvement, à travers une suite de gestes simples: partir vite, rater l'ascenseur, remonter mettre ses lentilles, prendre le métro...

Le reste du film n'est pas aussi vif que cette intro mais reste assez alerte: les scènes sont souvent courtes, elles vont à l'essentiel. C'est pas tranchant mais ça s'étale pas non plus. Et Ozon sait toujours saisir le concret du sujet: quelle date choisir pour l'euthanasie, comment s'y rendre, combien ça va coûter...

Marceau est super - Pailhas aussi d'ailleurs, hyper crédible en sœur de l'héroïne - mais pas autant que Dussolier, tout bonnement transformé. Ça fait du bien de voir jouer autre chose que le big boss imposant à la voix chaude. Il fait parfaitement le vieux croûton et injecte les petites touches d'humour qui vont bien. Marrant également de voir Caravaca jouer... Serge Toubiana.

Cependant, ça reste un film de François Ozon pudique, avec tout ce que ça peut comporter d'un rythme qui finit par patiner (on sent les 1h52), et puis d'une mise en image mesurée, jamais très variée... Et surtout avec ce tic de jeu qui m'insupporte où les réactions ou les mouvements des persos sont parfois subitement 10% trop brutaux, comme pour compenser l'attentisme prudent du reste, comme pour injecter soudain "de l'imprévisible".

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oublier de mettre ses lentilles ou se rendre compte qu'il aurait été mieux de les mettre, et devoir remonter chez soi, typiquement le genre de détails qui fait vrai et qui fait on ne peut plus factice - quand bien l'auteur du scénario le commettrait fréquemment dans la vie réelle ou aurait un proche dans ce cas-là. Elle rate l'ascenseur donc elle se dit :"j'ai le temps de mettre mes lentilles finalement". Mouaif, pas sûr qu'un truc plus vraisemblable, genre elle a oublié autre chose, eût été beaucoup plus intéressant également. Ozon, cinéaste des intentions voyantes, comme bien d'autres.

Le pauvre Dussolier avec un maquillage raté qui fait tout sauf naturel. Et il est pas spécialement bon dans un rôle un peu cabotin. Il ne suffit pas de tartiner de maquillage son acteur, lui faire faire des grimaces et le faire délirer pour faire croire à un senior qu'on doit absolument euthanasier. Il suffit de voir la différence entre Dussolier ici et Hopkins dans The father pour mesurer à quel point Ozon a raté son film. Le gros problème, c'est qu'il rend difficilement perceptible l'évolution de la situation médicale de son personnage au point que je prenais son euthanasie comme un caprice de riche. Ce qui est un comble. Bref, niveau crédibilité le film est pas terrible sur ce plan. Par contre, oui Sophie Marceau est très bien, tout en sobriété, avec son jeu subtil, elle est l'excellente raison pour voir le film.

Sinon, j'aime bien Ozon mais, déjà son dernier dénotait une certaine baisse de niveau et là c'est encore plus moyen. Si il y a un mot qui correspond parfaitement au film, c'est celui de paresse. Je veux bien que la mise en scène s'efface derrière son sujet mais là c'est tout bonnement planplan et on a connu le cinéaste beaucoup plus inventif. Paresse aussi du scénario sans surprise et qui ne prend aucun risque. Pas de haine devant le film mais ça reste incroyable de faire un film aussi petit et inoffensif avec de si grands enjeux. C'est ronflant. J'aime bien Ozon mais c'est pas loin d'être un de ses pires films.

2/6

Plutôt aimé (avec des réserves) le cru 2021 de François Ozon. On retrouve la férocité de son regard (le film n'est pas très aimable avec son héros, plus égoïste et jouisseur qu'attendrissant), la qualité de sa direction d'acteur et cette manière de ne pas céder au film à thèse sur la mort assistée pour nous offrir des scènes plus inquiétantes et surprenantes (avec grosse merde). Après cela manque de nerf dans la mise en scène.

4/6

Par contre, je l'ai totalement oublié depuis Cannes