LA ESTUPIDEZ (la connerie), de Raphael Spregelburd
Par Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier, au théâtre de Chaillot, avec Marina Fois et Karine Viard (à quatre pattes sur la photo)
0,5/6 dans ta face!Bon, je ne connaissais pas l'auteur, je connaissais juste le metteur en scène de (bonne) réputation. Et vraiment ça a été une torture.
Je laisse l'auteur, qui est visiblement son propre premier fan, vous dire un mot d'introduction:
"Cette pièce ne connait pas sa mesure. Sa durée inhabituelle, sa référence au cinéma, sa trompeuse apparence de vaudeville, son odeur de pop art, son extension infinie quel que soit le champ théorique ou on veuille l'inclure, font de cette œuvre le plus démesurée de mes écrits. C'est l'explosion insensée mais articulée d'un moteur en pleine ébullition, et dans son harmonieux déséquilibre, elle est insaisissable. Format road-movie mais inconfortablement théâtral et statistiquement circulaire".Voilà voilà. Alors en fait en réalité sa pièce c'est juste du bon vieux boulevard bien crasse même pas déguisé hein, avec ses portes qui claquent, ses sous entendus graveleux sur les saucisses du barbecue (ho ho ho!) et ses jeux de mots dignes de l'almanach Vermot. Exemple de rève :
- Mais là le peintre y voit rien.
- Quel peintre ivoirien ?Mais le tout enrobé dans un emballage hyper prétentieux censé dénoncer la connerie humaine (en prenant bien soin de s'en exclure, hein), avec un message politique fort (ca se passe "dans un pays ou tout rétrécit, dans une époque ou tout s'appauvrit"), bref on essaie de nous faire gober qu'il y a du fond, mais c'est pas tout d'en avoir l'intention, hein, parce que sur scène ou dans le texte, il n'ya rien qui permette de le confirmer.
J'avais l'impression qu'un gigantesque panneau "surjeu" clignotait en permanence au-dessus de la tète de tous les comédiens. Marina Fois et bien sympa, mais là c'est un peu paresseux, surtout comparé à ce qu'on lui a déjà fait faire au théâtre (je pense à Viol/Titus Andronicus), quand à Karine Viard, et bien ça y est, c'est officiel, j'ai basculé, je la hais. Elle geins, hurle dans les aigus, minaude avec vulgarité, et surtout joue exactement de la même manière ses 5 personnages. J'avais l'impression d'être devant un sketch des grosses tétes.
Je mets quand même un demi point parce que le fait de n'avoir gardé que 5 acteurs pour jouer les vingt rôles donne mine de rien du rythme (on dirait parfois limite un numéro transformiste, ils ont tellement peu de temps pour se changer dans les coulisses qu'ils finissent de s h'abiller sur scène). Et encore, je parle de rythme, mais c'est insupportablement long et statique. La pièce dure 3H30, au bout d'une heure j'avais déjà l'impression d'en avoir vu 4h, ma pièce de douze heures à coté de ça c'était fluide et fugace.
Je n'ai aucun remord à partir d'un film quand vraiment il m'énerve (plus que quand il m'ennuie), mais au théatre, j'arrive toujours en général à me raccrocher à des idées de mise en scène, de direction d'acteurs. Là, je me suis immédiatement barré à l'entracte, (que j'ai attendu péniblement, dès la 11e minute j'en avais marre). La salle s'est d'ailleurs à moitié vidée, et en sortant les gens disaient "c'était une torture". Bon, mais l'autre moitié riait quand même aux éclats (et franchement, j'en étais parfois à me demander si je voyais le même spectacle qu'eux...