1. PARANOÏD PARK
Trois fois en quatre ans que je fous GVS en premier, ça devient énervant, mais il est survole tellement tout... Marrant de voir que la même année, GVS et Lynch font leur "film somme", pas en papis se reposant sur leurs lauriers, mais en syncrétisant tous leurs styles et obsessions en un objet forcément bancal mais passionnant.
Paranoïd Park est hétérogène au possible, il casse nos habitudes (d'ailleurs, la musique sur le premier plan "Elephant" annonce la couleur), il m'a franchement dérouté à la première vision, mais à la revoyure, c'est juste bouleversant. Formellement, j'ai des frissons tous les 10 minutes, et le personnage me parle énormément, son absence au monde, son détachement de tout, quitte à frôler l'autisme à la fin... Tous les évènements sont vus comme absurdes et étranges (la mort comme le dépucelage), pas comme des "étapes importantes dans la vie d'un homme". C'est juste comme ça, ça file, ça déprime tellement ça semble vain. Mais malgré tout, GVS fait tout sauf un film plombant, ça vole au ralenti, ça magnifie l'acné, c'est beau.
2. CRANK
Je sais pas s'il vieillira bien, mais je l'ai vu 3 fois cette année, avec à chaque fois un peu plus de plaisir. Con, vain, creux, facile pourront dire certains (et ils ont pas forcément tort). Moi je trouve ça fun, bourré d'idées, jouissif, l'histoire d'amour est émouvante, donnant lieu à de très belles séquences, et les thématiques abordées (virtualité de l'homme moderne, consommation frénétique, vacuité du tout) sont traitées avec suffisamment de décalage et d'ironie pour passer en beauté. A l'image du "Al-Qaida", en fait : ça dure une seconde, c'est drôle, c'est justifié, ça dit quelque chose.
3. ZODIAC
Putain, ce qu'il vieillit bien celui-là. Y a un ventre mou au 2/3 du film, voulu, nécessaire sans doute, mais qui empêche le film de réellement décoller (ce qu'il ne cherche vraisemblablement pas). Mais à tout le reste, je dis oui. Rien que pour l'ouverture (de loin la meilleure de l'année), le génie du découpage, la violence de la représentation (on meurt pas avec une balle), l'Hurdy Gurdy Man, pfiou, on sait qu'on est dans du lourd. Le film a un rythme faussement indolent que j'adore, un humour noir pince-sans-rire qui cache une vraie noirceur. Mais le film ne se contente pas d'être seulement "absurde", il brosse un très beau portrait de la vieillesse, du temps qui passe, des ravages qu'il crée (je trouve le dernier plan sublime).
4. LES CLIMATS
Nuri, moi je l'aime bien. Uzak, c'était génial. Celui-ci est moins abouti, mais c'est pas le film d'un poseur qui a ses petites références et se les cuisine à sa sauce. Il invente le home movie en HD, mélangeant les niveaux de lecture de l'image (la caméra devenant presque la caméra de poche du personnage), mettant à nu le même personnage ridicule d"Uzak, cette fois-ci joué par lui-même. Je trouve que ça fourmille d'idées (j'adore le montage de la première demie-heure, les raccords elliptiques entre les séquences / le son est précis / l'image HD est sans cesse utilisée), sans que j'ai eu l'impression d'assister à un brillant objet théorique.
5. ITCHKERI KENTI
A l'Ouest des rails MEETS Les Fils de l'homme MEETS le reportage de guerre... Un film indispensable, pas toujours très maîtrisé (les 2 séquences dans le présent sont en trop, Marcie n'est pas un cadreur extraordinaire), mais la puissance politique, visuelle et humaine ravage tout. C'est dense, on s'y perd jamais. On découvre un pays complètement dévasté, et des gens qui du coup en rigolent, et le contraste est saisissant. Marcie gère parfaitement le truc, avec dignité, recul, sans sombrer dans le pathétique ou la sécheresse, à bonne distance des personnes, en ne jugeant jamais (pas besoin), grâce notamment à un très beau boulot de montage.
6. VOLEM RIEN FOUTRE AL PAÏS
Le sujet me passionne, il est bien traité, c'est dans la poche. L'heure coupée me manque cruellement, parce qu'en l'état c'est encore un peu superficiel, manichéiste, ça manque de mordant... Mais souvenir d'une très bonne séance, et après-séance.
7. OLD JOY
Celui-ci aussi vieillit du feu de dieu. Vraiment LE film tout con, que tu te dis que pourquoi que tu le fais pas tous les week end. Amitié vieillie, retour à la nature, bière de minuit, panthéisme neuneu, nostalgie knacky? En fait non, le film marche, je ne sais pas trop comment... Parce qu'il a trouvé les bonnes gueules d'acteurs, la bonne façon de filmer, le bon ciel gris un peu terne, le bon paysage glauque de réveil brumeux? Et puis le film ne cache jamais ses références, ce que j'aime beaucoup, car ça correspond assez aux personnages qui se sentent eux-mêmes piégés dans des stéréotypes, ils s'engluent dedans, ils ne s'en sortent pas chacun à leur manière (très belle fin).
8. ELECTION
Claque surprise. Virtuose sans être clinquant, dense sans être incompréhensible, deux films assez énormes, populaires, à la mise en scène impressionnante.
9. DEATH PROOF
Gros pied, divertissement préféré de l'année. Le genre de film que je pourrais revoir tous les mois. (enfin ptet en zappant quelques discussions)
10. DARK HORSE
Tous les ans, j'en ai un comme ça, un film pas forcément très folichon, un truc à la Les Berkman se séparent, un petit film, un peu mignon, un peu onirique, mais qui fonctionne sur moi. C'est parfois un peu poussif, un peu facile, un peu adolescent... mais y a des passages très drôles, d'autres très beaux (le plan coloré). Ca m'a suffit.
11. ALEXANDRA
Ahhhh, Sôkôurofff, tes plan séquences décadrés, tes couleurs délavées, tes personnages déconnectés, moi je les âiime.
12. LE DIREKTOR
Rhâaa, il était bon celui-là, un bon petit film cynique comme peu osent le faire. Une comédie de bureau filmée n'importe comment, ça pourrait être d'un chiant, c'est juste jubilatoire... parce que c'est filmé n'importe comment, et parce que c'est jusqu'au-boutiste. Un des films de LVT avec le moins de compromis, je trouve.
13. YOUTH WITHOUT YOUTH
Donnie Darko version vieillard. Je m'attendais pas du tout à ça, un film aussi débridé, se confrontant au kitsch, au ridicule, au pathétique, au romanesque, à un tel grandiloquent. Du coup, ça crée plein de grincements de dents, mais aussi des "ah ouais, j'avais oublié qu'il avait fait Apocalypse Now...". Même si le scénario est souvent faible, que le passage asiatique est un peu à chier, qu'il y a plein de trucs foireux comme ça, Coppola a foi en son histoire, en son très beau personnage, en ses images, ça suinte sur l'écran, et c'est bon.
14. INLAND EMPIRE
J'ai aimé qu'une moitié du film, sans doute (dès que ça cause trop, ça m'emmerde... et je ne m'intéresse absolument pas à ce qui peut arriver au personnage de Dern), mais certains passages sensoriels ou expérimentaux font plaisir à voir. J'attends de le revoir, je sais pas encore si je trouve ça très bon ou un peu facile. Ca reste, en tout cas.
15. SUPERBAD
McLovin, putain, McLovin... En quittant la salle, le sourire aux lèvres, les yeux un chouilla humides, je me disais que j'allais l'oublier dans les 48 heures. Bah non, il reste plein de bons trucs de ce film, une incroyable direction d'acteurs, des vannes très bonnes, des "vérités" bien placées. Bonne surprise.