Forum de FilmDeCulte

aka 喋血雙雄 ("Bloodshed of Two Heroes" ou "A Pair of Blood-Splattering Heroes ou Bloody Heroes selon les traductions)



Un tueur à gages provoque la cécité d'une jeune chanteuse. Pour trouver l'argent nécessaire à l'opération de la jeune femme, il accepte un dernier contrat.

Allez baise ta mère, Jean-Pierre.

Bon là ça y est, le frérot est en pleine possession de ses moyens.

Plus que jamais, la simplicité du postulat est confiné à sa puissance iconique. Les personnages s'appellent Ah-Jong et Li Ying mais à l'international c'est Jeff et Lee (et Mickey et Dumbo pour les surnoms ) mais ils pourraient tout aussi bien s'appeler "Le Tueur" (comme le résume très bien le titre international) et "Le Flic", réduits à leurs fonctions primaires qui ne nécessitent aucune backstory ni présentation et s'incarne dans leur opposition et leur complémentarité, comme leurs costumes en yin yang le symbolisent à travers tout le film (ils sont toujours habillés en noir avec des touches de blanc ou l'inverse).

A cet égard, je trouve le titre original, à la fois descriptif et poétique mais surtout plus complet, plus approprié. Au sujet du Samouraï, je m'étonnais de son côté proto-Heat et j'ai fréquemment pensé au film de Michael Mann devant le Woo qui accentuait déjà la rivalité et l'obsession du flic pour le criminel (coïncidence : L.A. Takedown, le téléfilm à l'origine de Heat, est sorti en 1989 également) et fait vraiment de ses personnages les meilleurs de leur profession. Et la chorégraphie de l'action ainsi que le découpage et la mise en scène le reflètent ainsi à merveille. Ça y est maintenant, ça fait des pirouettes, des galipettes, ça pousse du pied pour faire glisser sa chaise et abattre un gars qui apparaît à la porte du fond - chorégraphie et scénographie donc - et ça passe quasi tout au ralenti. Même le recyclage se fait à meilleur escient, comme lors de cette scène qui rejoue le climax du précédent film sauf que ce ne sont plus 3 héros qui prennent d'assaut une maison avec une trentaine de méchants mais une trentaine de méchants qui attaquent une maison où se trouvent les 3 héros. C'est une simple inversion mais l'enjeu s'en retrouve décuplée alors que c'est même pas le climax, c'est bien plus engageant, surtout qu'il s'agit du tournant pour la relation entre le tueur et le flic, obligés de s'allier.

A la froideur de Melville, Woo substitue un romantisme de tous les instants, appuyant chaque regard, surlignant chaque réplique, l'emphase appelant à une implication émotionnelle accrue tant est que l'on adhère au style et à l'outrance de certaines scènes. J'avais adoré ado mais j'avais été moins emballé en le revoyant en DVD et je le revois à sa juste valeur aujourd'hui. Un peu comme avec De Palma, je pense être davantage réceptif aujourd'hui à l'exacerbation exaltée de leur cinéma qui permet de transcender des scénarios classiques comme L'Impasse ou celui-ci donc.

Il y a toutefois une "subversion" assez étonnante et touchante.
Encore une fois, c'est fou de constater comme Woo arrive mieux à incarner ses thématiques de prédilection héritées de vieux films d'arts martiaux dans des films de gangsters contemporains. The Killer c'est plus que jamais un film de vieux samouraïs trahis par une nouvelle génération qui n'a que faire des vieilles valeurs telles que la loyauté et l'honneur et la subversion susmentionnée réside dans le fait que la véritable rédemption des personnages ne se joue finalement pas au travers de la romance avec la jeune victime devenue compagne mais par le biais d'une inimitié transformée en amitié, alors même que leurs fonctions leur imposait d'être antagonistes. Mais comme dans A Better Tomorrow, le sens de l'honneur outrepasse toute attitude dictée par un statut (et là ils sont même pas frères mashallah).

Bref, je ne vous apprends rien.

PS : le prochain Woo est un remake de ce film, réécrit par Brian Helgeland à partir d'un script des scénaristes de la récente adaptation nanardesque des Chevaliers du Zodiaque et 10 Cloverfield Lane produit par les USA mais avec un casting à moitié français dont Omar Sy mais aussi Nathalie Emmanuel et si j'ai bien compris, il joue le flic et elle le tueur. This as disaster written all over it. #racebending #genderswapping

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Tu as vu quelle version ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Bah 1h50.

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La BO ultra mielleuse, la scène de l'église, grand souvenir <3 Ta rétro me donne envie de tous me les refaire (à partir de A better tomorrow of course ).

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CroqAnimement votre

Ouais les BO de ces films, ça passe ou ça casse, c'est vraiment très typé eighties/Bontempi.

Et c'est aussi le premier Woo avec des colombes !

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La version internationale dure 105 minutes mais il existe une version longue éditée en qualité pas top de 124 minutes.

Ouais selon Wiki c'est la version taïwanaise dont quelques scènes ont été coupées pour améliorer le rythme et c'est la version préférée par Woo.
Selon IMDb, la version 102min, c'est la version internationale légèrement censurée.

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La vraie suite de A Better Tomorrow en quelque sorte, car il est tout aussi ramassé et intense (contrairement au II qui s'éparpille) et rejoue le thème traditionnel de ces amitiés condamnées face à une modernité corrompue et corruptrice : tantôt la nouvelle génération des chefs de Triades qui font fi des "anciennes règles" (qu'on ne voit pas vraiment appliquées, si ce n'est que chaque cible appartient au milieu et que le sort des civils est au coeur des préoccupations de Ah Jong), tantôt la hierarchie policière qui semble plus attirer des carrieristes que de véritables justiciers. Je mentionnais l'épopée de Gilgamesh dans l'autre topic, ici j'irai jusqu'à mentionner Chrétien de Troyes et d'autres romans médiévaux, auxquelles les préoccupations morales de Woo renvoient constamment. Le dilemme moral qui habite la profonde amitié entre Ah Jong et Sei pourrait tout droit sortir du Lancelot en prose, qui regorge à chaque page de ce genre de situations tragiques, ces hommes qui s'admirent, obligés de s'affronter par loyauté à des dirigeants injustes. Est-ce dû à la foi de Woo, c'est une bonne question. Pas sûr qu'il soit familier de cette littérature presque millénaire, dont il incarne pourtant à merveille les rouages. Une vraie histoire de chevaliers. De la pure légende.

On commence à voir la ville un peu plus aussi, comme chez Walter Hill (qui devait en faire un remake fut un temps). La scène dans le tram au début et d'une puissance incroyable, loin des pitreries gênantes du racket dans le restau de son précédent film.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Oui, le perso du pote du tueur, c'est vraiment Mark bis. Au début, tu crois que c'est juste un pion pour faire avancer l'intrigue et ça devient un vrai protagoniste touchant.

Clairement, tout ce qui touche à la chevalerie, à cette féodalité, ça me parle, que ce soit dans Game of Thrones ou ici.

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J'ai toujours hésité à le revoir (là où A toute épreuve est repassé sans problème). Suite à ta critique, je retenterai peut-être (avec mon fils, tant qu'à faire).

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
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