Par exemple, y a une question que je m'étais posé suite à la première vision, puis j'ai vu que ça en parlait ça et là sur le net et même dans la presse :
The Dark Knight cautionne-t-il (maladroitement? volontairement? inconsciemment?) la politique de l'administration Bush depuis les événements du 11 septembre?
Dans le film, le Joker fait clairement figure de terroriste et Batman apparaît comme le seul capable de l'arrêter.
D'un côté, on a le peuple qui demande la tête de Batman vu qu'il ne se dénonce pas comme le souhaite le Joker et que du coup, des gens meurent. Et Dent le défend en disant que jusque là, les gens étaient bien contents que Batman combatte le crime, tant que ça leur retombait pas dessus, et qu'on ne peut pas céder aux demandes d'un terroriste.
De l'autre, on a un Batman qui a recours à la torture (lors de ses interrogatoires de Maroni ou du Joker) et l'invasion de la vie privée (mettant tout Gotham sur écoute) pour retrouver le Joker.
Et à la fin, Batman et Gordon, un flic, cachent la vérité à propos de Dent, un procureur pour que l'honneur soit sauf.
Ce sont là les éléments du scénario sur lesquels s'appuient certains articles pour dénoncer une analogie Batman/Bush dans le film.
Alors, perso, je trouve pas DU TOUT qu'ils s'égarent. Je pense même qu'ils ont raison, que ces éléments du scénario sont bel et bien là en analogie aux méthodes employées par l'administration Bush durant la "Guerre contre le terrorisme" MAIS QUE JUSTEMENT ils sont là pour poser la question, au même titre que la thématique générale du film : jusqu'où peut-on aller? "Jusqu'à le meurtre?"
Plus sérieusement : quelle est la limite à ne pas franchir? Et "qui a le droit?" (ok j'arrête les blagues).
On voit des gens, inspirés par le vigilante, former une milice, les "Citizens of Batman", se déguisant en lui mais usant d'armes, pour combattre le crime. Batman les corrige en les neutralisant (notamment leurs armes).
"Pourquoi lui aurait le droit et pas eux" demande l'un des Citizens? Batman répond par une blague mais la question est bien là. Bon la vraie réponse derrière la blague pourrait être l'intégralité de Batman Begins, montrant que Batman est éduqué, entraîné, a les moyens et a fait ses preuves.
Le Joker, à un moment, propose même à l'ensemble de la population de Gotham de devenir justicier, en éliminant Coleman Reese (qui veut révéler l'identité de Batman) ou un hôpital explosera. Un mec essaie mais en est vite empêché. Un autre ensuite, pareil, sera contrecarré. La question est à nouveau posée (dans quel cas a-t-on le droit de s'improviser justicier? de tuer? etc) et la réponse est tout aussi claire : pas en cédant aux demandes d'un terroriste. On voit bien que Dent avait raison, plus tôt dans le film : le problème n'est pas que Batman ne se dénonce pas, le problème est qu'ils vivent dans la peur que davantage de gens meurent. Leurs décisions ne sont donc pas motivées par un quelconque sens de justice mais juste par la peur, la terreur imposée par le Joker.
Pour revenir aux méthodes employées par Batman, le film montre que ses tortures ne mènent pas à grand chose (Maroni ne lui donne aucune réelle information et le Joker est masochiste et lorsqu'il lui donne une info ce n'est que pour mieux le rouler vu qu'il intervertit les deux adresses) et pour ce qui est du trip Patriot Act, non seulement il est dénoncé par Lucius Fox, qui agit comme la conscience de Batman justifiant donc qu'il se voie confier la machine, mais en plus elle est détruite à la fin du film.
Et puis la grosse différence aussi c'est que quand Batman attrappe son adversaire, il ne filme pas son éxécution. Il ne l'éxécute d'ailleurs même pas, contrairement à tant de justiciers expéditifs, dans des adaptations de comics ou juste des films d'action.
C'est ça AUSSI (et pas JUSTE ça) la limite à ne pas franchir : la peine de mort.
Même quand ils dissimulent la vérité à propos de Dent, ce n'est pas pour accuser un autre (genre le Joker) et justifier alors DAVANTAGE les actes de Batman. Non, au contraire, c'est pour accuser Batman lui même, lui faisant porter le chapeau pour que l'idéalisme de justice incarnée par Dent ne disparaisse pas.
Je dis pas que le film es clairement de gauche hein, non non. Je pense que de ce point de vue-là (point de vue "politique" si on veut), il s'avère une fois de plus ambigu, refusant le manichéisme habituel pour ce genre de production. Comme je le disais dans mon message ou en réponse à David Swinton, dans The Dark Knight, personne n'est innocent et les principales tentatives de justice (notamment le plan du trio Batman/Gordon/Dent) se solde plus ou moins par un échec, ou du moins par de graves pertes, personnelles et autres.
Tout comme le premier film, dont le thème central était la PEUR, se servait de l'actualité pour appuyer son propos (Ra's Al Ghul et la League of Shadows désireuse de détruire la métropole décadente comme un Ben Laden et Al-Qaeda ; la nécessité de ne jamais abandonner, de se reléver, de reconstruire ce qui a été détruit, comme suite au 11 septembre), le second, dont le thème principale est l'ESCALADE, annoncée à la fin du premier film, exploite une fois de plus la réalité pour poser ces problématiques (jusqu'où peut-on aller pour faire régner la justice?).
Mais la réponse donnée n'est pas "Bush avait raison".
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