Forum de FilmDeCulte

Une véritable révélation. J'ai envie d'en pleurer à chaque fois que j'y pense. C'est incroyable.

Satantango du hongroie Bela Tarr est un monument. Ce film contient les stigmates, les symptomes, de tous les mouvements esthétiques de ces dix dernières années. Je m'attendais à voir un documentaire sur la Hongrie et il en est un sous certains aspects, mais il est bien plus que cela. Le spectateur passe, en une seconde, à chaque instant, de la réalité documentaire la plus abrupte à une sorte de révélation mystique des démons de cette réalité. Réalisme, abstraction, fantastique, mystique, tous ces termes ne font qu'un dans chaque plan de ce chef d'oeuvre. Tout, les mouvements de caméra, les sons, vient déréaliser la réalité ou plutôt modifier la perception cette dernière.

Gus Van Sant se réclame de ce dernier, et ce n'est pas un nom qu'il proclame en l'air pour le seul plaisir d'exprimer sa fascination. Au même titre que Sokourov, Bela Tarr à très certainement participé à l'émancipation du style de Gus Van Sant. Dilatation du temps du récit, concentration sur les affects d'un monde en perdition.

Sokourov, quand à lui, dans son sublime Le Soleil, dilate le temps du récit pour se concentrer sur l'affect car le récit est là justement, sur le visage du protagoniste, prenant la forme d'un affect lourd, explicite et dévastateur. Mais le russe se concentre sur un corps, le processus inverse de la déification passe irrémédiablement par là.

Chez Bela Tarr, la concentration sur un seul et même corps est interdite (du moins pour ce film), nous faisons face à un constat de perte d'un pays, un pays où la monotonie est la déréliction sont reines. La dissémination des corps et des espaces nous raccorde à la douleur de cet univers hongroie.

La mise en place du dispositif passe par la dilatation du temps du récit (car c'est une fiction, cette dernière fait partie de l'engrenage du réel, elle est présente, en transparence), par un dérèglement des postures et des situations: par exemple une conversation avec les personnages vus de dos, une femme raconte son cauchemard, nous ne sommes pas raccordé à son visage, l'affect ne transparait pas, tout est placé sous le signe de la perte. La sensation générale est donc la perte. La disparition de l'affection. Les corps sont froids et distants, le sensorialisme poussé à son paroxysme. Le film est d'une intensité de chaque seconde, si les personnages nagent dans la rigidité affective ce n'est pas le cas du film, dur, terrible et effrayant à chaque seconde.
En réalité il n'y pas de vision frontale de l'émotion mais l'affect douloureux reigne en maître, l'émotion passe par l'intermédiaire de la sensation (encore une leçon retenu par Gus Van Sant).

Le film dure 7H30, c'est une expérience de cinéma unique (on peut fractionner la vision bien entendu) au même titre que les visionnage des Histoires du cinéma de Godard ou de Hitler, un film d'allemagne de Syberberg sans s'arrêter.

Un ami est passé me voir juste après le fin du film:

- Tu as l'ai bizarre?
- Je sors d'un film d'un autre monde. Traumatisant
- C'est quel genre de film?
- lol... Un film dont on sort en sachant pertinemment qu'on ne sera plus jamais le même.
- Tu me prends pour un con?
- NON !!!

6/6

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Ca doit etre dur.
Déja, regarder 4 Lynch à la suite en VOSTF (de 21h a 7h du mat, avec des pauses entre chaque pour te dégourdir les jambes, et du café offert par le ciné (pour le coup, même si t'aimes pas ça, tu es content(e) d'en avoir)), c'est dur alors un seul et même film...même si tu peux faire des coupures, ça doit être chaud...

Il faut que je trouve le temps quand même... en fait, j'ai envie d'essayer en deux trois fois... mais pas plus

C'est ce qu'il faut faire, c'est vraiment un expérience unique. Après on peut s'arrêter toutes les heures mais on vit moins le truc j'imagine. C'est sur que c'est dur mais cette "souffrance" fait partie du dispositif mis en place.

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j'espère que c'est pas une souffrance quand même!

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Ben c'est dur de rester devant un film durant 7H30 mais c'est un film sur la souffrance et la monotonie affective. Tu vois ou je veux en venir?

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Je suis en stage chez l'éditeur dvd... vive la hongrie...

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Cool. tu l'as vu alors?

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Pas eu le temps encore.

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j'avoue que le temps est nécéssaire pour le coup.

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Oui. D'ailleurs faut que j'y aille là lol.
J'ai vu un extrait des harmonies par contre. Ça m'a donné envie d'en voir plus.

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J'en déduis qu'il existe en dvd (?)

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There is no such thing in life as normal

Ouais un coffret trois dvd édité chez Clavis Films.
Mais il est CHER !!

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Merci, il faurdait tout de même que je me décide à voir ses films

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There is no such thing in life as normal

Il créer vraiment un monde unique. C'est soit on adore soit on aime pas du tout, je pense pas qu'il existe de juste milieu pour ce type de film. Mais je conseille à tout le monde de voir ce chef d'oeuvre, on en ressort différent, ou pour le moins avec la conviction d'avoir vu un ovni, même si on adhère pas j'imagine.

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