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MessagePosté: 19 Sep 2011, 17:39 
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Successful superfucker
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Le 3 janvier 1889, sur la piazza Alberto de Turin, Nietzsche se jeta en pleurant au cou d’un cheval de fiacre épuisé et brutalisé par son cocher, puis perdit connaissance. Après cet événement, le philosophe n'écrivit plus jamais et sombra dans la folie et le mutisme. Sur cette base, The Turin Horse explore les destinées du cocher (Miroslav Krobot), de sa fille (Erika Bók) et du cheval dans une atmosphère de pauvreté augurant la fin du monde.

Oui en fait l'histoire c'est plutôt: Un cocher et sa fille tous deux anémiques aux trognes émasciées sortent leur cheval, vont chercher de l'eau au puits, bouffent une patate chaude par jour et regardent par la fenêtre pendant 2h30. Avec un thème sonore aussi agréable qu'un crissement d'ongles sur une ardoise qui pointe le bout de son nez toutes les cinq minutes. Bela Tarr a une côte incroyable auprès des cinéphiles, mais il n'est pas non plus interdit de penser que ces deux derniers films, sans le gadget des durées extrêmes *tiens j'ai douze heures à tuer allons nous faire un petit Bela Tarr sur un fauteuil déglingué d'un MK2 de quartier*, donne une certaine idée de ce que peut être la définition même du calvaire.
2/6
Je rajoute un point pour le débat à la fin de la séance avec Bela Tarr, très drôle quand tu viens te farcir deux heures trente de jachère visuelle et d'insémination de désolement famélique, très bonhomme, qui ne sait pas si ce dernier opus représente plus qu'un film ou moins qu'un film, veut se consacrer à l'éducation de jeunes cinéastes en Croatie, car il n'y a plus rien à attendre des vieux, et que le plus important dans tout ça, ça reste la tendresse (que ceux qui iront voir le film m'indiquent où se trouve le coeur du poulet dans ce cas). Petit détail trivia, la fille dans le film, qui joue dans les trois derniers Tarr, est plongeuse dans un restaurant dans la vraie vie...


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MessagePosté: 04 Déc 2011, 12:59 
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Très difficile d'en parler.
Le film est immense bien sûr dans son soucis métonymique d'évoquer le monde entier à travers ces deux personnages dans leur petite bicoque qui répètent inlassablement les mêmes gestes comme autant de rituels sacrés. C'est probablement ce qui est le plus beau chez Bela Tarr, cette vision du sacré dans la trivialité d'une vie quotidienne morne et difficile. Comme cette façon qu'il a de filmer le cocher au réveil tel Le Christ Mort de Mantegna. Et comment ne pas penser à la Trinité également avec ces trois figures, le Père, le Fils, le Saint Esprit (celui qui sait, le clairvoyant) ?

Et j'ai toujours trouvé que les premiers plans des films de Bela Tarr sont absolument incroyables (que ce soit le lent travelling avant de Damnation, le meurtre génialement mis en scène de L'Homme de Londres ou bien sûr l'extraordinaire création de l'univers dans un bistrot délabré des Harmonies) et Le Cheval de Turin n’échappe pas à la règle. Travelling latéral surpuissant qui suit le cocher et son cheval et qui se permet une mobilité incroyable avec une fluidité surnaturelle. Et aux abords d'une forêt inquiétante battue par les vents et la poussière. Un plan absolument dingue.

Et la fin paradoxalement d'une simplicité désarmante avec cette dernière phrase terrible, le film s'achève dans une noirceur absolue. Sans appel, sans espoir, sans rien. C'est tétanisant (et ça fait énormément penser à Melancholia, le rapport entre les deux films est assez saisissant d'ailleurs)

L'unique thème musical qui revient en permanence (autre marque de fabrique de Bela Tarr) est d'une lourdeur fataliste terrible qui hante très longtemps après la projection. Je commence d'ailleurs à l'oublier et je me bats pour m'en souvenir parce que je ne veux pas cesser d'être hanté par le film.

Ce n'est pas une critique, mais juste quelques remarques rassemblées de ci de là. J'y reviendrai peut-être. Bien évidemment il faut vivre le film, le ressentir, ça parait un peu pléonasmique comme remarque mais c'est pourtant on ne peut plus vrai pour le cinéma de Bela Tarr. Un cinéma physique, des matières, des éléments. Un cinéma qui ne se raconte pas, qui ne s'explique pas. Un cinéma qui se contente d'être.

Chef d'oeuvre.

5.5/6 (je ne mets pas 6 parce que je trouve quand même Les Harmonies Werckmeister plus fort et émotionnellement ravageur)

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MessagePosté: 04 Déc 2011, 15:04 
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Le voir cette semaine je dois. ET DPSR doit mourir dans les pires souffrances.


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MessagePosté: 04 Déc 2011, 15:15 
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Sinon c'était la première fois que j'allais au cinéma L'Arlequin et les conditions de projo étaient optimales. Bon siège, grand écran etc... Comme je sais que le film est aussi à mk2 Beaubourg qui mélange de bonnes salles avec des cages à lapin horriblement inconfortables...

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MessagePosté: 04 Déc 2011, 15:29 
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Je note. Merci !


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MessagePosté: 11 Déc 2011, 19:33 
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Vaut mieux l'avoir en journal
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Je me tâte fortement. Pour découvrir le cinéaste, ça vaut le coup ou bien mieux vaut lancer un des films que j'ai de lui en DVD (Damnation, Le nid famillial, Almanach d'automne) ?

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MessagePosté: 12 Déc 2011, 16:30 
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Je suis extrêmement partagé et ne sais trop quoi penser du film – comme de Béla Tarr d’ailleurs : je ne connais que ses films « dernière période », j’aime bien Damnation, beaucoup Werckmeister, je n’ai pas pu dépasser la deuxième heure de Satantango... Premier bon point, c’est largement supérieur au pénible Homme de Londres.

Le prologue, suivi de ce premier plan phénoménal, m’ont immédiatement scotché, je me disais que Tarr retrouvait la force de Werckmeister. Je trouve qu’il y a là un effet Koulechov tout con mais fort : une anecdote, un cheval, et le spectateur se met aussitôt à construire différentes hypothèses narratives et thématiques. Et qui plus est, ce plan est d’une puissance visuelle incroyable, virtuose sans esbroufe, on est dans un pur moment charnel, c’est con à dire mais j’ai rarement vu un cheval aussi bien filmé, on sent l’effort, la pesanteur, les éléments, et en même temps on est dans du cinéma fantastique, on se croirait chez Murnau.

Dès le plan suivant, on retombe dans les travers de Béla Tarr. Le plan est une nouvelles fois virtuose, notamment dans sa représentation de l’espace, mais j’y vois une mécanisation des déplacements, des personnages réduits à l’état de pantins, dont les gestes, entrées et sorties de champs sont millimétrés, cadenassés. On pourra dire que c’est en rapport avec ce que le film raconte, cet engluement dans la routine, la répétition, l’enfermement, la vie qui s’épuise, mais cette forme tend dès lors à la paraphrase, ou plutôt elle annihile au bout de cinq minutes tout espoir. Le film déroulera son programme, pendant 150 longues minutes. Je n’ai rien contre ce procédé, qui rejoint assez certains textes de Beckett, Cap au pire par exemple : optique de l’épuisement, encore, montrer encore, sous un autre angle, rater encore, rater mieux, sauf que Cap au pire c’est un texte court, pas un roman de 600 pages.

Cette façon que le film et les personnages a de baisser les bras immédiatement et de se complaire dans un échec donné d’entrée m’a plutôt énervée, en fait. J’avais beaucoup aimé une partie de l’interview que Béla Tarr avait donné aux Cahiers au moment de la sortie de L’Homme de Londres : « Je dois vous avouer que j'éprouve un profond ras le bol. Je ne supporte plus cette putain d'"égalité" polie, petite-bourgeoise, qui existe dans le monde. Ce deal entre les pauvres et la société, comment ils sont forcés à accepter cet ordre, et on accepte ce monde de merde, c'est incroyable. Alors non, je dois montrer ce qui se passe vraiment : les gens en ont marre, leurs émotions sont fortes, puissantes. Et la question est : comment ces émotions sont exploitées, contrôlées, avant la grande explosion."
Ca c’est Werckmeister.
Le Cheval de Turin, c’est « monde de merde – à quoi bon ? » Pas de grande explosion. Une lente acception de sa fin programmée. C’est du nihilisme pur, ce qui est selon moi un problème quand ce n’est pas relevé par une rage ou une forme de joie. D’ailleurs, pour un film qui commence en parlant de Nietzsche, je trouve que ça manque singulièrement de la fameuse joie nietzschéenne ou de sa « consolation métaphysique ». On assiste au lent délabrement de deux personnages, d’un monde, on ne peut rien y faire, pas même en rire ou se rebeller : il faut se le prendre dans la gueule. Il y a pourtant des passages avec un léger burlesque, mais qui ne semble pas tout à fait assumé, de sorte qu’on ne sait pas s’il faut rire avec ou contre le film. Je pense par exemple à ce plan large où les personnages dépassent la colline, puis rebroussent chemin deux minutes après. Je pense au coup des patates ou à la lecture du livre.

J’ai lu ici et là que les personnages étaient dignes, mais malheureusement pour moi le personnage du père m’insupporte au plus haut point et me fait juste endurer avec plus d’horreur le calvaire de sa fille. L’utilisation des clichés de la misère (le père – invalide et borgne – se lève en toussant avant de s’enfiler deux verres de gnôle) est aussi problématique, surtout qu’il y a un regard assez fétichiste de Béla Tarr sur l’univers qu’il a créé : admirez ma belle écuelle, si bien éclairée sur ma belle table en bois, admirez la façon dont mon linge blanc se détache de ce mur noir pouilleux… Je n’ai rien contre le fétichisme, seulement j’aime quand il trouve un intermédiaire dans le film, un personnage qui partage ce fétichisme – sinon on vire dans la complaisance esthétique. La caméra est d’ailleurs toujours là-dedans, à sursignifier chaque chose, à s’enfermer dans un système voyant et parfois malheureux (par exemple, quand elle s’approche du cheval et du puits, avant de faire douloureusement le travelling arrière afin de revenir sur les personnages). Le traitement sonore en post-synchro n’aide pas, chaque micro-son, chaque quinte de toux, chaque déglutition étant amplifiée pour bien nous faire ressentir la misère, les corps et l’environnement qui se délabrent.

Pour finir, il y a quelques détails un peu stupides, mais en bon cartésien je ne comprends pas pourquoi ils n’utilisent pas de couteaux ou de fourchettes ; pourquoi la fille se fait chier à soulever un seau de 10 litres pour en mettre la moitié de côté ; pourquoi ils cuisent deux grosses patates pour n’en bouffer que la moitié d’une et foutre le reste à la poubelle…

A côté de ça j’aime les tziganes, j’aime le prophète alcoolique d’apocalypse, j’aime l’idée des ténèbres finales, j’aime ce qui tourne autour du cheval, j'aime la radicalité (même un peu bête) du film... Mais ça reste une émotion froide, distancée.
On va me dire que les deux films n’ont rien à voir, mais je ne suis pas sûr, et je trouve que Le Cheval de Turin se plante partout là où Le Plein pays faisait des merveilles.

2?/6


Dernière édition par Gerry le 13 Déc 2011, 12:42, édité 1 fois.

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MessagePosté: 12 Déc 2011, 16:34 
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Cosmo a écrit:
Je me tâte fortement. Pour découvrir le cinéaste, ça vaut le coup ou bien mieux vaut lancer un des films que j'ai de lui en DVD (Damnation, Le nid famillial, Almanach d'automne) ?


Oui tu peux commencer par celui-ci. Damnation est globalement un peu moin apprécié que les autres. Le film est très beau mais il n'a pas encore cette aspect total qu'auront ses films suivant. Et j'ai pas encore vu Le Nid Familial et Almanach d'automne qui font partie de sa première période où il avait un style radicalement différent de ce qu'il a fait à partir de Damnation. On est plus proche d'un cinéma social à la Fassbender d'après ce que j'en sais.
Et puis c'est un cinéaste qui a besoin du grand écran. C'est vraiment un réalisateur qui se savoure en salle. C'est une chance de voir ses films en salles donc je ne peux que te conseiller de tenter le coup.

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MessagePosté: 13 Déc 2011, 12:43 
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Art Core a écrit:
Et j'ai pas encore vu Le Nid Familial et Almanach d'automne qui font partie de sa première période où il avait un style radicalement différent de ce qu'il a fait à partir de Damnation. On est plus proche d'un cinéma social à la Fassbender d'après ce que j'en sais.


Quelle période? Fish Tank ou X-Men?


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MessagePosté: 13 Déc 2011, 20:35 
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Bon, sans surprise, j'ai trouvé ça d'une puissance phénoménale. Je rejoins ce que dit Art Core du film plus haut, déjà le premier plan est une tuerie incroyable, qui te plonge immédiatement dans le film, ensuite Béla Tarr a une façon de te raconter l'histoire de l'humanité en deux personnages qui est sublime, uniqu, absolutiste. L'utilisation de la zik est fantastique et j'adore le dernier segment...

avec le plan de l'année, peut-être, celui de la fille qui regarde par la fenêtre


6/6 numéro 2 de l'année.


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MessagePosté: 13 Déc 2011, 22:36 
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MessagePosté: 13 Déc 2011, 23:29 
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Karloff a écrit:
Bon, sans surprise, j'ai trouvé ça d'une puissance phénoménale. Je rejoins ce que dit Art Core du film plus haut, déjà le premier plan est une tuerie incroyable, qui te plonge immédiatement dans le film, ensuite Béla Tarr a une façon de te raconter l'histoire de l'humanité en deux personnages qui est sublime, uniqu, absolutiste. L'utilisation de la zik est fantastique et j'adore le dernier segment...

avec le plan de l'année, peut-être, celui de la fille qui regarde par la fenêtre


6/6 numéro 2 de l'année.


Cooool ! Et le plan dont tu parles est d'une force monumentale !
Plus j'y pense plus j'aime le film !

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MessagePosté: 14 Déc 2011, 10:34 
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non, mais laisse tomber, j'ai pensé au film toute la nuit là.

Je te conseille l'article que j'ai écrit sur PM.com, surtout pour les vidéos. Son court sur l'europe est extraordinaire.

http://www.parismatch.com/Culture-Match ... in-362999/


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MessagePosté: 15 Déc 2011, 08:40 
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Bon, j'aime bien les expériences, alors j'ai tenté le coup.

Ce que j'ai vu, c'est un film qui décrit le vide existentiel, et qui, en correspondance totale avec son sujet, est vide.

Parce que c'est trop facile de voir seulement dans le film le récit d'une fin. Ce que j'y ai vu est bien pire : une crise au milieu d'une existence, certainement pas la première et certainement pas la dernière. Ces 2 paysans, dès le début du film, ont renoncé à l'excitation, ont renoncé à la joie, ont renoncé à ce qui fait la vie, enfermés dans une routine chiante à en mourir. Je me suis demandé "Mais à quoi pensent-ils ? Pensent-ils seulement ? Sont-ils encore des êtres humains ?". Leur décrépitude tout au long du film est finalement plus morale que physique...

Car le film ne décrit pas des miséreux : ils ne mangent que deux patates et ils en jettent la moitié parce qu'ils n'ont pas besoin de plus. Ils sont déjà morts au début du film, c'est l'hiver, on ne peut pas travailler aux champs, la tempête les empêche de trop vivre dehors... Mais c'est pareil tous les hivers. Le film a trouvé un écho particulier chez moi aussi parce qu'une partie de ma famille est issue d'un milieu pauvre et paysan. Des gens qui vivaient comme ça il y a 60 ans, j'en connais. La principale différence aujourd'hui, c'est qu'ils ont l'électricité et la TV.

Mais ce qui rend le film très fort pour moi c'est la certitude qu'il ne raconte pas une fin, il raconte un passage. Un passage dans une vie morne, triste et détestable, qui emmène lentement vers la mort (par inanition, presque, par disparition de la volonté de vivre, comme celle du cheval). Pourtant, ils continueront.

Ce plan de la fille à la fenêtre, fantôme effacé par le vent, comme une vieille photo qui se teint, est très significatif : l'existence est vide et il n'en restera rien.

Ce film est une cause suffisante de suicide.

Mais par contre, que c'est loooooong, que c'est chiant, ça a beau être bien filmé, pourquoi s'éterniser ? Entre répétitions poussées jusqu'à la nausée et plans interminables de signification forcée, on ne peut que se réfugier au fond de son cerveau et subir le film comme un mauvais sermon de messe proféré par un curé aviné. Dans un état de semi-hébétude, j'ai vu les images défiler devant moi, refusant d'accepter la soupe ultra-signifiante qui m'était servie, mais le film se glissait insidieusement dans mon cerveau à force de scènes d'habillages, de patates, de bruits de mastication et de verres de gnôles.

C'était une vraie souffrance. Mais si le but du film est de décrire le vide existentiel d'une vie non-vécue, il y réussit pleinement. je dirais même avec génie.

Alors je lui mets 0.5/6 et 5.5/6.

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MessagePosté: 15 Déc 2011, 09:03 
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