Forum de FilmDeCulte

J'avais été assez impressionné, il y a deux ans, par Au loin les lumières, du même auteur. Peut-être le seul représentant de la fameuse nouvelle nouvelle vague allemande qui m'ait vraiment marqué (en même temps, j'en ai pas vu beaucoup), mais qui avait pourtant été assez boudé par une presse plutôt tiède.

J'allais donc voir ce Requiem avec curiosité (d'autant que mes goûts ont vachement évolué ces deux dernières années). Et bien m'en a pris: je retrouve un H-CS plein d'ambition, qui s'attèle à des sujets casse-gueules, leur trouve un angle d'approche inattendu et y fonce jusqu'à risquer la rupture.

Ca donne ici l'histoire d'une jeune fille (21 ans), qui n'a jamais quitté le nid familial surprotecteur et ultra-catho, du fait d'une épilepsie chronique et qui ne veut pas guérir. Voilà six mois qu'elle n'a pas eu de crise et, soutenue par son père, qui veut qu'elle s'épanouisse, mais contre l'avis de sa mère, inquiète pour tout et incapable de montrer son affection autrement qu'en se montrant tyrannique, prend le chemin de l'université.

La voici donc dans une résidence universitaire, à tenter de se bâtir une vie de jeune femme. Ce à quoi on imagine qu'elle va tout à fait échouer. Et ce n'est pas tout à fait vrai: le monde lui offre des ouvertures, elle s'y faufile, commence à faire son trou. Mais sa maladie la rattrappe, plus violente que jamais. La bouffe. L'empêche de continuer. Malgré les médocs, qu'elle prend pourtant consciencieusement. Alors elle flippe, se dit qu'elle n'en sortira jamais. Et son éducation ultra-catho fait le reste du travail de sape : elle se convainc petit à petit qu'elle est possédée par le démon!

Un pitch téméraire, donc, qui pourrait sombrer dans le grand-guignol ou dans le clicheton très facilement. Qui parfois menace de s'enliser un peu, aussi. Mais H-CS contourne tous les écueils, grâce à une mise en scène très dynamique, caméra à l'épaule mais jamais cheap, proche des acteurs qui jouent tous excellement bien, exploitant les ressources du montage pour suggérer beaucoup, éviter le pathos, et couper ses scènes avec la brutalité et les ellipses nécessaires.

Une belle réussite, donc, qui confirme l'essai premier -- même s'il me semble qu'Au loin, les lumières était un cran au-dessus.

4/6

ps: par contre, Bliss, le marron domine dans la photo et il me semble que tu détestes ça. Mais c'est un mauvais goût assumé qui va bien avec l'univers et l'époque décrite.


ça sort mi-décembre

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Ouais mais je n'en fais pas une règle nécessairement éliminatoire.

Beau film dont l'intérêt justement est cette approche ultra réaliste qui ne cherchait pas Der Exorcismus des Emily Rosig et qui, au-delà du choix esthétique, laisse la porte ouverte à d'autres niveaux de lecture dans le film. La mise en scène comme l'indique Zad est dynamique, et l'actrice, très justement primée à Berlin pour ce rôle casse-gueule au possible, fait des prodiges avec peu de marge de manoeuvre (parce que le grand-guignol ne serait pas bien passé dans ce contexte). Content d'avoir découvert ça.

5/6

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Doll, it's a heartbreaking affair