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MessagePosté: 05 Avr 2011, 17:37 
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Audrey a quitté Eric. Reste leur fils de sept ans, Mathieu : Audrey le met chez sa mère, « en attendant ». Mais en attendant quoi ? De trouver un logement, un emploi, un compagnon stable ? Tout le monde voudrait savoir quoi faire de la jeune femme, bonne ou mauvaise mère, amante désirable ou "ex" qu’on ne veut plus voir, et elle, elle veut seulement se sentir vivante.


Je n'y croyais pas une seconde, tant la bande-annonce me semblait annoncer soit une nouvelle Reine des pommes, soit un nouveau Belleville/Tokyo.

Et puis il y a eu quelques papiers, à droite à gauche, trois belles interviews sur le site d'Independencia, et puis voilà, j'ai tenté ma chance.

Et j'en suis sorti stupéfait, sidéré par la violence rentrée et la force incroyable d'un film qui sort de nulle part, ne ressemble à rien, ne se réfère à rien, et négocie sans cesse entre un naturalisme malaisant et imprévisible, et une forme d'étrangeté documentaire que je n'attendais pas là.

Rien d'aimable dans Poursuite, le film échappe sans cesse, se construit en ruptures inattendues, jamais placées là où on croyait, louvoie entre le vérisme extrême et une forme de fantastique latent, à demi-mots, quelque chose d'ambiant, de palpable et d'acéré, qui rappelle mine de rien la Duras de Nathalie Granger ou de Des journées entières où, si l'on s'en tenait au texte, on ne verrait pas le malaise venir, la peur, l'air d'étrangeté.

Je me souviens avoir lu un jour que Rohmer trouvait qu'on ne mentait pas assez au cinéma.

On pourrait imaginer que Déak dise qu'on ne se tait pas assez dans les dialogues de cinéma. Souvent le silence buté d'un personnage confronté à un autre dit dans Poursuite cent fois plus que ce qu'il pourrait répondre. Il faut voir ce plan-séquence incroyable où la mère d'Audrey essaie de faire venir "naturellement" dans la conversation qu'il ne serait pas mal qu'elle récupère la garde du fils d'Audrey, et le silence terrible d'Audrey, qui ne tient pas en place, se met au bord du banc comme si elle allait tomber, se lève, bout intérieurement, et l'autre, la mère, qui fait mine de ne pas voir, désamorce vite fait, continue son soliloque. On est persuadé qu'Audrey va répondre, va l'envoyer paître, lui sortir une phrase définitive, quelque chose finalement de très drame français, une conclusion de cris de larmes et de morve, et non, rien, bloc de pierre, cut, on passe à autre chose. On ignore même comment ça s'est soldé, c'est aussi brutal que ça.

Au minimalisme supposé de la mise en scène, plans-séquence faussement fixes, s'autorisant de légers panos de recadrage, Déak répond par une complexité de mouvement assez impressionnante. La place seule des corps est un renseignement sur leurs états d'âmes (l'ex d'Audrey qui lui plote le cul pendant qu'elle attache son enfant dans la voiture), et aucun principe de filmage n'est systématique, un contre-champ vient te surprendre quand tu n'avais plus aucune raison d'en attendre un, tous tes réflexes de spectateur sont mis à mal.

Mais rien n'est gratuit, tout est extrêmement pensé. Un personnage secondaire condense tout cela, celui d'Aurélien Recoing (le revoir enfin dans un bon rôle, quel bonheur!), tout en lui est dans le mutisme et le mouvement, l'érotisme de l'immense corps sûr de lui. On le remarque dans un raccord inattendu autour d'une table : il la contourne pour s'asseoir de l'autre côté et l'angle s'inverse brutalement. Dans le rayon du soleil, la poussière de son passage reste en suspends très longtemps, et indique ce que sera le passage de ce personnage : un corps mobile, qui emporte tout. Ca se poursuivra ensuite dans la traversée des bureaux, Recoing est un travelling à lui tout seul, il déplace tout, traverse son monde (un open-space, bien sûr!) comme un chef, comme un roi. Il amène Audrey par l'escalier de secours sur un étrange toit à moquette herbeuse, et il arpente ce carré dans tous les sens, "ça fout le vertige hein?", il marche, il tourne, il martèle ce toit de ses immenses jambes, il frôle, il vient, il pose ses mains sur les épaules et sur la taille d'Audrey, dans des gestes toujours à la limite entre l'amical et le sensuel, c'est un animal malin, elle est tétanisée, elle se plante là où il l'emmène, il la déplace comme un pion. Il s'approche de ses lèvres, très près, il l'a au creux de sa main, elle est à lui, il pourrait faire d'elle tout ce qu'il veut.
Alors il est satisfait, il s'arrête là : il ne peut pas faire ça à sa femme, n'est-ce pas? Audrey est d'accord, n'est-ce pas?
Et il se barre : "Tu viens?", comme si rien n'avait eu lieu.

Bon, il y aurait sûrement beaucoup d'autres choses à dire, en tout cas je suis scié.

On peut écouter Déak décrire d'autres séquences ici : http://independencia.fr/indp/7.2_POURSUITE_DEAK.html

Avec le recul, je pense un peu à Montag, et c'est pas un petit compliment.

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MessagePosté: 05 Avr 2011, 19:30 
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J'avais vu l'original avec Keanu Reeves.

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MessagePosté: 05 Avr 2011, 19:38 
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Putain je voulais la faire.


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MessagePosté: 05 Avr 2011, 20:44 
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Successful superfucker
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Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
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Bon j'avais pas ouvert le topic parce que je m'étais barré au milieu, mais c'est un peu la version mobile home de Non ma fille tu n'iras pas danser. C'est en tout cas le genre de trucs de trentenaires parisiens dont Léo raffole, filmé à l'arrache avec des scènes d'impro censées décrasser le drame français (du genre une sorte de scène de cul dépressive dans un intérieur sarajévien ou monsieur et madame gardent leurs hauts en se tripotant mollement la teuch et la teub).

Je trouve pas ça horrible, mais je vais pas non plus applaudir des trucs que je n'aime pas ailleurs, du genre le micro trottoir de femmes divorcées qui m'a fait penser au même truc dans les amours imaginaires de Dolan (ou l'inévitable scène du passe le oinj qui fait golri), juste parce que c'est filmé avec trois francs six sous.

Ca du mettre un temps fou à sortir parce que le genre d'affiches de Colonnes Morris que tu y vois, c'est celle du truc d'Antoine de Maximy, mais ça reste à mon sens totalement inconséquent, même si il y a un genre de jusqu'au boutisme qui me retient de lancer des cailloux.

2/6


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MessagePosté: 06 Avr 2011, 07:13 
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Citation:
ou une reprise de Bang Bang


Tu fais plaisir Léo !


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MessagePosté: 06 Avr 2011, 11:42 
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Successful superfucker
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Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
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Léo a écrit:
DPSR a écrit:
C'est en tout cas le genre de trucs de trentenaires parisiens dont Léo raffole

A condition qu'il n'y ait pas de scènes émouvantes avec une chanson de Anthony and the Johnson ou une reprise de Bang Bang.


Faudrait dire à Léo que Les amours imaginaires ne se passent pas à Barbès.

On va le dénoncer à Jean-François Copé et Claude Guéant.


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MessagePosté: 06 Avr 2011, 11:46 
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Inscription: 04 Juil 2005, 16:48
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Localisation: in the forest of the Iroquois
T'es pas obligé d'être à Paris pour faire parisien !


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MessagePosté: 06 Avr 2011, 11:53 
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
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Léo a écrit:
Bang bang est une chanson que j'ai déjà entendue dans au moins trois films

Lucky Luke?

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MessagePosté: 06 Avr 2011, 11:59 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Les amours imaginaires


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MessagePosté: 06 Avr 2011, 12:28 
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
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Karloff a écrit:
Les amours imaginaires

C'était une blague hein.

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