Twilight a écrit:
ma préférée « cette femme sent l’oeuf » « mais l’oeuf cuit ou l’oeuf cru ? »,
Wunderbar. Pour moi le seul truc que je n'arrive pas à excuser, vraiment, et que je trouve impitoyablement impossible, c'est Jeanne qui voit sa famille qui danse la Macarena et c'est censé être inquiétant. Genre la vidéo de
Ring chorégraphiée par Mia Frye. Et pourtant, de l'impossible, il y en a: l'écriture, avec certains dialogues de la première partie (ça parle moins dans la seconde) du genre *?????* mais niveau olympique (les répliques du psy, par exemple, les oeufs, donc), le jeu (entre Marceau atroce, son mec qui m'a donné l'impression qu'il allait se transformer en Musclé tellement sa voix est fausse), le décor studio... mais je trouve que dès le début s'installe une vraie atmosphère grotesque. Pas dans le sens où on l'entend plus communément aujourd'hui (genre juste bouffon), vraiment le côté radical, extrême, de sa bizarrerie, quelque chose que je trouve rarissime. Par là je n'entends pas non plus ce qu'entend la critique des Inrocks à base de
c'est-raté-exprès, ça j'en sais rien. Mais je trouve ce début qui marche sur la tête complètement intrigant. Et le moteur, pour le coup, complètement fascinant mais ça c'est ce qui m'intéressait déjà, dès l'annonce du projet.
Le film adopte un ton différent mais me semble en prolongement complet de
Dans ma peau, avec son viscéral où il n'est même plus question de se dévorer, mais où de Van se situe déjà à l'intérieur, où il n'est question que d'espace mental, et où l'enfoui ressort à l'écran comme une monstruosité, et quelque chose qui tient, pour ma part, du jamais vu. Je trouve que toute la phase de transformation de Marceau en Bellucci est une des choses les plus fascinantes plastiquement que j'ai pu voir sur un écran ces derniers temps (pas que derniers d'ailleurs) - là où la transformation du mec, très
Final Fantasy, m'a fait un peu peur. L'inquiétante étrangeté qui s'en dégage, le côté grotesque là encore entre monstre et travelo cubiste, la façon qu'a Marina de Van de matérialiser le fantastique, la possession, l'hallucination, la dualité, le conflit intérieur du personnage. Lors de la scène du psy, le mec pouvait dire ce qu'il voulait, je crois que je ne l'écoutais même plus.
Le dernier tiers marche sur une mécanique un peu plus conventionnelle mais tout le passage Alice, quasi muet, avec Bellucci dans un décor complètement irréel, la musique dans l'appartement et cette scène qui marche comme une scène d'exorcisme avant
- une autre scène que je trouve hallucinante. Après, la résolution pif paf boum, la toute fin explicative, je suppose que pour un projet de cette envergure, on pouvait difficilement s'en passer. Mais je retiens des tonnes de choses de ce film, malgré son côté défiguré (ahah). Celui-là, avec le LVT et le Noé ont probablement été les plus mal accueillis à Cannes, pour moi c'est les propositions les plus fortes que j'ai pu voir ces derniers temps, ce que j'ai trouvé de plus bandant, et je les apprécie pas seulement parce que le pari est posé là, vraiment parce que je suis fasciné par ce qu'on me propose, et là où on m'emmène.
5.5/6 de forme parce qu'il y a des défauts mais bon, c'est tout comme.
Et je remercie Dieu et les astres de ne pas l'avoir vu à Cannes.
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