
"Dans les quartiers populaires de Nice, un pilier de la communauté géorgienne locale se fait assassiner. Son fils Tristan, qui aspire à devenir prêtre orthodoxe, se retrouve seul avec sa mère en deuil. C’est alors que réapparaît Gabriel, le grand frère au passé sulfureux, qui revient d’un long exil dans le but de se racheter en lavant l’honneur de sa famille".J'aime bien Nicolas Duvauchelle. je trouve que c'est un des rares acteurs français, avec un coté animal et brutal qui colle bien au polar ou à l'action. Et là il est très bien employé dans ce pur premier film hard boiled. Film de mafia ultra violent, film de famille, film de communauté et film sur la rédemption. Pour un premier essai, Popkhadze est ambitieux vu qu'il chasse sur le terres d'un Scorsese et d'un Gray période Little Odessa. D'ailleurs, je ne vais pas vous le cacher, le film a parfois a du mal à se dépétrer de ses références recrachées à la sauce niçoise. Mais au final, ça passe car Popkhadze fait des choix artistiques forts et montre une sacré personnalité derrière la caméra.
D'abord, il y a un truc tout con, mais c'est la musique. C'est du piano, morceaux composés pour le film, et ça colle trop bien à l'action et au ton du film. C'est un détail mais ça fait depuis longtemps que j'avais pas écouté une musique si bien employée au cinéma. C'est entrainant, ça rajoute à la tension et à l'urgence, bref elle est parfaite. Sinon, le grand choix du cinéaste, c'est une caméra grand angle au ras du corps des acteurs. A l'écran, c'est un procédé radical, mais ça colle à l'action et c'est très immersif. Certains vont crier à l'épate, perso je trouve que c'est un choix visuel fort et qui paie.
Sur le fond, on est sur une histoire classique de vengeance. Ca reprend les basiques du film de vendetta. Le scénario est correct et les rebondissements sont plutot bien vus. L'histoire est menée tambour battant et l'écriture est stylée. Ca cogne, ça gueule, ça crie, c'est trash et plein de testostérone. Certains vont trouver ça fatiguant, moi je trouve ça rigolo et plein de fougue. Et c'est surtout servi par un casting en feu : Duvauchelle, Denis Lavant qui s'éclate en parrain, Finnegan Oldfield qui confirme qu'il est une vraie valeur montante, mais celui qui crève l'écran, c'est Florent Hill, co-scénariste qui s'offre le premier role. Le mec a fait de la télé (Engrenages, Candice Renoir) et a joué dans Madre de Sorogoyen. C'est quasi un inconnu et il livre une grande performance.
Ma petite déception, c'est qu'à cause du manque de budget, je compte pas les tabassages de malfrats, il n'y a que deux scènes d'actions. Et j'en aurais voulu plus, car elles sont tout bonnement excellentes. Dans le découpage et la tension, elles sont impressionnantes. Ca fait plaisir de voir dans le cinéma d'action français une telle "maestria visuelle" (je trolle bmntp). Le film est par contre pas avare en adrénaline. On se surprend à serrer notre fauteuil jusqu'à cette belle fin. Je préfère prévenir, sans verser dans la complaisance, c'est quand-meme bien violent. La mafia niçoise, c'est pas des enfants de coeur.
Bon, comme je l'ai écrit, c'est pas parfait, Popkhadze doit encore plus s'émanciper de ses références, un peu plus se canaliser, mais pour un coup d'essai c'est fort et c'est le genre de film qui redonne espoir dans le polar franchouillard.