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MessagePosté: 14 Mai 2010, 11:27 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Avec The Housemaid, remake d’un film illustre de 1960, le cinéaste coréen Im Sang-soo dynamite le politiquement correct et la haute-bourgeoise de son pays.

Il y a quelque chose de pourri au pays du matin calme. Le public de Cannes connaissait déjà l’œuvre tourmentée de Park Chan-wook, grand prix du jury pour Old Boy, prix du jury l’an passé pour Thirst, ceci est mon sang, il devrait réserver un triomphe à The Housemaid d’Im Sang-soo, un long métrage aussi barré que cruel, rencontre improbable et réussie entre un Claude Chabrol version La Cérémonie et Lars von Trier, l’hypnotiseur danois. Au commencement était donc une jeune femme, légèrement simplette comme la décrit la terrible belle-mère de Hoon, qui accepte une place de servante dans une maison de la très haute-bourgeoise coréenne. Maîtres et serviteurs doivent rester à leur place au milieu des escaliers en marbre et de l’équipement high-tech, mais très vite les charmes humides de la jeune femme donnent des idées lubriques au seigneur des lieux, alors que son épouse, elle, est enceinte jusqu’aux yeux. Depuis Une Femme coréenne, on connait le talent d’Im Sang-soo pour filmer la montée du désir et les scènes de sexe. Ici, la chair n’est ni faible, ni triste, juste torride. La caméra se glisse avec une élégance folle dans le moindre recoin de ce petit jeu de pouvoir et de perversion, comme la sueur qui perle le dos de la divine Jeon Do-youn (prix d’interprétation féminine à Cannes en 2007)…

La bonne, la brute et les cinglés

Premier contre-pied. Alors que l’on imaginait une relation adultérine naissante, l’homme paie la jeune femme pour sa prestation charnelle. A ses yeux, elle n’est qu’un objet de satisfaction personnelle, au niveau de sa magnifique chaîne stéréo ou les plats raffinés qui lui sont servis chaque jour. L’argent détruit tout, même l’humanité débordante d’Euny. Le thriller érotique attendu se transforme en drame bourgeois XXL tendance fable féroce. Ce n’est pas une lutte entre classes sociales que filme Im Sang-soo mais une guerre perdue d’avance, une chaîne alimentaire avec au bout de celle-ci une jeune femme apeurée, biche innocente qui tombe sous la coupe des charognards. Ses seules amies : la fillette du couple, qui lui parle avec respect pour montrer qu’elle est supérieure, comme lui a si bien expliqué son papa et une gouvernante, esclave des temps modernes, qui finira pourtant par la trahir. C’est outrancier, d’une violence sociale extrême et d’une noirceur absolue. Toujours aussi habile derrière la caméra, Im Sang-soo joue la carte de l’absurde, jongle avec les genres, provoque les rires et l’effroi. Lointaine cousine de la Selma de Dancer in the Dark, Euny doit se venger pour qu’au moins la morale de l’histoire soit sauve, pense-t-on abusivement. L’épilogue, alors, n’en sera que plus cruel… Si Tim Burton et son jury goûte à la perversité extrême d’Im Sang-soo, The Housemaid pourrait bien figurer en bonne place au palmarès.

5/6


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MessagePosté: 14 Mai 2010, 23:55 
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Successful superfucker
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Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
Messages: 8711
Beaucoup aimé aussi ce mix des genres à l'image de la réussite du President's last bang qui débute comme un film érotique, puis drame psychologique chabrolien avant de pencher vers un sens du grotesque proche de De Palma, dans ce huit clos aux personnages putréfiés certes bigger than life, mais qui donne toute sa saveur à ce grand thriller autour de l'humiliation et ses cadrages claustros d'une maîtrise absolue qui viennent à point nommer qu'il ne faut pas confondre Im et Hong.
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MessagePosté: 21 Sep 2010, 23:32 
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Meilleur Foruméen
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 85378
Localisation: Fortress of Précarité
J'ai été agréablement surpris au début, par la mise en scène que j'attendais terne et à l'épaule comme globalement tous les mélos coréens que j'ai vu. Tout d'abord cette première scène, très vivante, avec son premier plan qui fout d'emblée la pression, très bien composé, puis cette furtive échapée nocturne, avec ses zones de flou sur les bords...
Par la suite, j'aime assez comme la mise en scène vient contraster avec ce "monde réel/lower class" du début en adoptant une mise en scène super voyante par la suite pour l'univers bourge, avec ses cadres pas possibles, sa caméra toujours mobile ou presque, ses plongées/contre-plongées qui imposent direct le rapport de domination, etc.

A ce niveau-là, j'ai trouvé assez réjouissant ce premier acte, avec sa gamine mignonne improbable et son côté direct (tant dans l'évolution rapide que dans les dialogues crus) dans le sexe.

Le problème, c'est que je décroche peu à peu de l'histoire à partir du moment où la grossesse est révélée et le film s'offre sa 3654e variation sur Théorème.
Dès lors, je trouve que ça se traîne franchement, ça blablate en tergiversations sur quoi faire alors que tout est cousu de fil blanc dans ce banal conte de pseudo-lutte des classes ("bouh le monde des riches") et les deux dernières scènes viennent définitivement achever le film.
Le dénouement qui tire presque au grand guignol (avec le côté trop démonstratif de la boucle bouclée avec la première scène) et l'épilogue super vulgos ("vois ma fille comme ton monde de riches est une vaste parodie").

Plouf.

2,5/6

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