Forum de FilmDeCulte

Il faut lire Siva maintenant.
Mais oui, j'aime beaucoup ce film.

Il faut que je le revoie, d'abord parce que je n'ai pas compris tous les détails (ça tchatche beaucoup et vite), mais surtout parce que j'avais passé un excellent moment, dans cette atmosphère désabusée et étrange, où le parti-pris technique crayonné n'est pas une simple pose mais participe à l'ambiance étrange, inquiétante parfois, drôle souvent, qui ressmble à une expérience de drogue.
Les dialogues aussi m'ont laissé un bon souvenir, et dans les films de S-F c'est plutôt rare il me semble. Un des meilleurs Linklater à mon goût, mais je suis un bon client de ce mec.

Les avis anciens sur ce fil me surprennent beaucoup, je vais le revoir quand même.

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-I failed.
-Good. Now go fail again.

Putain vous déconnez pour la plupart (à part JJSchool, Slacker et Mickey Willis. Griffin, Vimes et le Pingouin le cernent aussi bien). C'est vachement bien et à 18 ans de distance plutôt visionnaire. Même la chanson de Radiohead (qui retourne au son de the Bends) à la fin. Le snobisme des Cannois les a amené à passer à côter le film, sous le coup d'une forme bizarre de spéculation.

Et en effet histoire simple ,
sur l'addiction (et indirectement la psychose), à la fois comme disposition psychologique individuelle et structure socialement entretenue, faisant de l'inadaptation une intention et une faute, et de la souffrance une transgression (peut-être que le recours au dessin est là pour permettre aux acteurs de se raconter eux-même par le film, atteindre une véracité malgré ce qui peut agacer dans leur parcours hollywoodien). Ce n'est pas plus compliqué que ce qui s'est passé avec le chef des stups espagnols pas plus tard que la semaine passée (ou le sketch des Inconnus sur FR3 Marseille).
Situation pas si éloignée de celle du dernier Audiard en fait, mais j'ai largement préféré le Linklater, au fond plus réaliste

Le malentendu sur la mauvaise réception à l'époque est peut-être d'y voir à tout prix un film de SF ou une expérience ou un trip à cause du nom de K Dick, alors qu'on est dans une dimension plus proche du film noir, sous une forme pour le coup plutôt à bas bruit et assez sobre que pour trouver une véracité sociologique, implicite (les citations de Dick à la fin sont remarquables - ainsi que la séquence où on lui explique que personne ne l'a obligé à ce droguer, et qu'il comprend alors qu'il l'a fait par zèle et inquiétude professionnelle. Le plan sur la tondeuse). Même le twist final est particulièrement carré et cohérent, je m'en veux de ne pas l'avoir soupçonné dès le début . Cela a l'air de rappeler un peu John Cheever, en finalement plus réaliste.

Paradoxalement l'animation empêche une forme de mythologie et d'esthétisation du camé prolixe et séduisant que l'on trouve dans les films en prise de vue réelles (Tarantino ou le Privé d'Altman pour rester en Californie, voire the Wire), décale le mystère et la transgression du personnage vers un arrière-plan matériel (un arrière-monde ?) diffus et aveuglant.

Et Robert Downey JR vrai personnage de fils de pute d'anthologie (que je n'ai pas trouvé drôle mais en revanche glaçant et pleinement réaliste). Un truc chez lui m'a fait aussi penser (plus encore qu'à Audiard) à Quenard dans Chien de la Casse de Jean-Baptise Durand (qui, somme toute, raconte une histoire assez proche). Il y a aussi quelque-chose qui renvoie au mélange d'histrionisme individuel et de soif collective de sécurité (obtenue en évinçant non pas celui qui nous domine et nous menace mais à l'inverse le plus faible que soi - l'appel au pouvoir est une peur du passage à la pratique possible chez l'autre) de notre ère trumpienne

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Tu donnes envie de le revoir. Meilleure adaptation de K. Dick à mon sens qui permettait à Linklater de perfectionner ou de donner une forme à ses divagations existentialo-philosophiques qui caractérisent sa première partie de carrière.