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MessagePosté: 07 Aoû 2023, 14:48 
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Vieux-Gontrand a écrit:
J'ai trouvé cela assez déprimant. Pour moi c'est un film à thèse, construit autour de l'idée qu'après les attentats de 2015-2016, et le Bataclan en particulier, le rapport des Français à la culture, et la manière dont ils se positionnent comme public, ont changé
Le rapport des Français à la culture a vraiment changé depuis le Bataclan? Je ne crois pas. Et comme thèse, c'est vraiment pas appuyé dans le film. Par contre, là où je pourrais te rejoindre c'est sur le rapport à la culture et la réflexion sur le public qu'illustre ce Yannick.


Dernière édition par Abyssin le 07 Aoû 2023, 15:31, édité 1 fois.

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MessagePosté: 07 Aoû 2023, 15:17 
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Oui, mais ce n'est pas lié qu'aux attentats : crise économique qui a précarisé les métiers de la culture, COVID, vieillissement qui va en géneral vers une droitisation des mentalité, enfermement dans la vie numérique qui touche aussi bien les jeunes que les adultes. La montée de Bolloré au capital de Canal + a fait disparaître quelque chose, et est révélatrice d'une droitisation générale de la société et d'un plus grand individualisme en partie lié aux attentats, avec d'autres facteurs je le répète. On façonne en fait ce à quoi on croit s'adapter.

Le forum est intéressant, lorsqu'on lit les topics musiques et concerts, livres de 2005-2010, le ton et la dynamique collective sont nettement différents de ceux des messages plus récents.

Le film se prête d'ailleurs à une double lecture, ambivalente politiquement, qui renvoie peut-être au paysage médiatique français à la Bolloré-Zemmour : un public populiste écrit lui-même le contenu du spectacle, sans que cela ne le sauve pour autant. Cela l'expose encore plus à un jugement. L'artiste menacé appuie le premier sur la gachette du revolver qu'il dérobe au public en rébellion. Ce dernier finit par être braqué par ceux qu'il voulait censurer, tout en s'en accommodant comme s'il s'agissait d'un rapport de force normal, implicite mais prémédité. Ici le film joue quand-même avec l'idée qu'il y a une certaine jouissance à se définir comme victime, qui motive quelque-chose d'ambigu, entre contestation de l'ordre et espoir de s'y intégrer et être reconnu. Mais pour Yannick cette reconnaissance est à son tour une jouissance, c'est même la condition préalable de sa bonne foi et de sa liberté, dès lors elle renforce aussi sa solitude et sa folie, il ne comprend pas qu'elle est aussi une fatigue.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


Dernière édition par Vieux-Gontrand le 07 Aoû 2023, 15:47, édité 4 fois.

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MessagePosté: 07 Aoû 2023, 15:35 
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Vieux-Gontrand a écrit:

Le film se prête d'ailleurs à une double lecture, ambivalente politiquement, qui renvoie peut-être au paysage médiatique français à la Bolloré-Zemour : un public populiste écrit lui-même le contenu du spectacle, sans que cela ne le sauve pour autant. Cela l'expose encore plus à un jugement. L'artiste menacé appuie le premier sur la gachette du revolver que lui tend le public en rébellion. Ce dernier finit par être braqué par ceux qu'il voulait censurer, tout en s'en accommodant comme s'il s'agissait d'un rapport de force normal, implicite mais prémédité.

Ca je peux l'entendre et c'est beaucoup plus intéressant que le rapport qui n'existe pas selon moi avec le Bataclan. C'est vraiment là-dessus que travaille le film en sourdine et c'est ce qui rend à mon avis émouvant le personnage de Yannick. Ca tourne autour du public et de la culture. Le film est beaucoup plus que "Un troll au théâtre" et a plus de profondeur que Fumer fait tousser qui est plus premier degré (que j'apprécie par ailleurs). Un peu politique mais aussi sociologique.


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MessagePosté: 07 Aoû 2023, 15:39 
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C'est un troll existentiel, comme tous les trolls. Il entend se soustraire à l'aliénation en même temps qu'au doute. Dupieux a inventé Huis-Clos de Sartre en somme.

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MessagePosté: 07 Aoû 2023, 15:49 
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J'avoue ne pas avoir lu Huis-clos mais oui il y a un peu un côté existentiel, toutes proportions gardées, on reste chez Dupieux quand-même.


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MessagePosté: 19 Aoû 2023, 17:53 
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6 pages de topic pour 3 critiques du film...

Sinon, un des meilleurs Dupieux incontestablement. Tout fonctionne, l'intelligence du scénario et des personnages, la direction d'acteurs impeccable (Quenard et Marmaï sont vraiment excellents), les dialogues de haut niveau, la mise en scène toujours dans le bon tempo. Sans compter tout ce que ça dit sur le métier de comédien, le théâtre ou le rapport entre l'art et la solitude.

Enfin, je trouve tout à fait crédible que
personne n'ose moufter ou appeler les flics. Le mec a un discours très clair : si les flics arrivent j'en bute un au hasard. D'ailleurs, ce n'est qu'à la fin, quand on comprend qu'il est inoffensif, que certains commencent à se barrer et donc à prévenir les flics
.


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MessagePosté: 20 Aoû 2023, 13:13 
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Par rapport à ce que tu dis à la fin en hide, je suis d'accord. Mais je me demande si le film n'est pas alors, dans son versant réaliste, assez misogyne,
les otages féminins étant un peu plus ridiculisés que les hommes.
C'est assez frappant lorsque Yannick échange avec le couple et la mère et son fils, il parvient à se mettre un peu dans sa poche l'homme en le coupant de sa femme ou de sa mère. Il dit même carrément, sans être détrompé, que le fils est une victime de sa mère (renvoyant à l'explication de l'autisme qui prévalait il y a quarante ans)
Le personnage de Blanche Gadin est aussi bien chargé, dur, opportuniste, et le plus indifférent à Yannick, et c'est elle qui relève très vite et la première qu'il a un flingue, qu'il est capable de la viser en somme.

C'est aussi elle (et pas Pio Marmaï) qui énonce la morale de la pièce écrite par Yannick, sur le manque d'amour qui est la source plutot que la conséquence de l'injustice, comme si elle n'était pas comme femme à la hauteur de son rôle dans tous les sens du terme.

On peut aussi penser à la caissière, qui est là quand Yannick dérape mentalement, est sans doute d'accord avec lui, mais ne dit rien, ce qui aurait pu éviter involontairement le drame, puis n'ose pas donner l'alerte.

Les deux copines tentent aussi d'envoyer l'autre vers la mort possible, comme si elles étaient prédisposées à la fois au statut de victime et et à l'égoïsme.
Certes le mec avec le PC porno est moqué, mais c'est lui qui sauve la situation en affichant malgré lui son machisme honteux puis en l'assumant avec sang-froid - son mot de passe est lié à une forme de conformisme et de prudence morales au sein du porno : "vaginale" et pas " enculer" d'ailleurs.
Cela me fait penser à son album d'il y a longtemps Lamb's Anger - l'angoisse du mouton- où il y a une voix féminine élégante et blanche qui sexualise le larsen et demande sur un ton robotique d'être baisé par lui, son Lars Sen.

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MessagePosté: 24 Aoû 2023, 17:31 
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Robot in Disguise
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J'avais juré que Dupieux et moi c'était fini mais je me suis laissé tenter. Le dispositif, malgré sa simplicité, est immédiatement saisissant: assis au MK2 Bastille côté Beaumarchais, t'as l'impression d'être toi-même un spectateur bobo de la pièce et soudain t'as Destination Ciné qui se lève dans la salle pour dire "Non mais les gars arrêtez de faire genre, c'est pourri".

Le problème c'est qu'immédiatement la flemme légendaire de Dupieux te saute aux yeux: Quenard voulait un spectacle qui donne la banane, mais alors pourquoi se rebelle-t-il contre du théâtre de boulevard ? Oui bon j'ai compris, il voulait une histoire d'amour et pas de tromperie, mais, sans pour autant verser dans le poujadisme, n'aurait-il pas mieux valu s'en prendre à une pièce de théâtre contemporain plus sérieuse ?

Cependant, ce coquin de Dupieux arrive à surfer à la surface de la flemme grâce à son sens du dialogue, du casting (les figurants sont tous parfaits), et surtout bien sûr grâce à Quenard, dont on n'arrive jamais à cerner où s'arrête le lui et où commence le personnage. A quel point change-t-il ses dialogues, s'approprie-t-il le rôle ? Mystère. Mais c'est cette "dangerosité" au sein de la fabrication du film qui fait écho à l'imprévisibilité du personnage dans le monde de la pièce.

Après tout ceci reste dans un entre-deux qui aurait pu être mieux géré: on est dans un monde réaliste ou pas ? Dès le départ les autres spectateurs auraient dû ouvrir leur gueule bien plus vite. Et par la suite, que personne n'essaie de s'échapper lorsque Marmaï récupère le flingue, c'est limite. Alors on se dit que c'est le pacte du film, le saut de foi
- d'ailleurs un figurant finit par se barrer dans l'indifférence générale et tout le monde reste quand même -
mais du coup la fin
avec la BRI
fait cheveu torché sur la soupe flemmarde.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 24 Aoû 2023, 17:53 
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J’ai pas non plus pigé pourquoi il se révolte contre cette pièce la.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 24 Aoû 2023, 18:38 
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Il a pas vraiment choisi la pièce, il se trouve là par hasard, genre "ce soir je vais au théâtre", c'est peut être sa première fois et il s'emmerde.


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MessagePosté: 24 Aoû 2023, 22:37 
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Et Pio Marmaï n'est pas tellement plus rassurant. Ce qui le décide à passer à l'acte n'est pas la volonté d'éviter que cela dérape mais de la pure jalousie (" il est en train de se mettre le public dans sa poche") et il lui arrache l'arme en disant "il faut que le public soit du côté des acteurs plutôt que celui des autreurs". C'est aussi lui qui confirme que l'arme est chargée. L'intérêt du film est justement la concurrence entre vérité des psychologie et véracité des situations (qui reste le ressort principal de la comédie et se rattache à Molière)

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MessagePosté: 25 Aoû 2023, 04:07 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Quenard voulait un spectacle qui donne la banane, mais alors pourquoi se rebelle-t-il contre du théâtre de boulevard ?
Ce n'est pas que ce soit du boulevard qui le dérange, c'est tout simplement que ce soit du très mauvais boulevard. Les premières scènes, ça situe quand-même le niveau très bas du truc. A mon avis, tu vas chercher une réflexion profonde, qui n'est pas dans le film.

Qui-Gon Jinn a écrit:
mais du coup la fin
avec la BRI
fait cheveu torché sur la soupe flemmarde.
J'ai probablement fait le saut de foi que tu cites avant, car j'ai été emporté par l'élan général, mais je trouve cette fin réussie. On est tous un peu des Yannicks, et pour moi ça sonne comme un dur retour à la réalité d'un "enfant" qui voulait juste sincèrement s'amuser un soir. En regardant une pièce drôle, pas avec la prise d'otages évidemment. J'aime bien le côté très sobre de la mise en scène qui n'en rajoute pas. Il y a une douce mélancolie qui irrigue l'écran à ce moment.

KillMunster a écrit:
Il a pas vraiment choisi la pièce, il se trouve là par hasard, genre "ce soir je vais au théâtre", c'est peut être sa première fois et il s'emmerde.
Il n'a pas la culture théâtrale, et il s'est surtout dit "Tiens un truc qui semble rigolo, et si je tentais". Si c'était un bon boulevard, pas forcément intello, mais qui réussisse à faire rire le grand public, il n'aurait pas eu, à mon avis, cette réaction. Là, là pièce est vraiment naze. Les acteurs sont pas mal, comme le souligne un spectateur, mais ce qu'ils jouent c'est vraiment nul. C'est important, car oui Yannick ne s'y connait pas vraiment en théâtre, et c'est peut-être sa première fois comme tu le soulignes bien, mais Dupieux rejette surtout la faute sur la qualité de la pièce.

Sinon, très bon score au BO, avec 245 000 spectateurs. Il va largement dépasser les 317 000 d'Incroyable mais vrai. Mérité.


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MessagePosté: 02 Déc 2023, 22:23 
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L'impertinent pertinent
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J'ai trouvé cette petite expérience fort réjouissante !

Et pourtant je tiens Dupieux pour un gros flemmard arty irritant de je m'entousisme. Mais Quenard et Marmaï sont sublimes, le projet est atypique, l'ambiance singulière, ça ne part pas en couilles (c'était ma plus grande crainte), et c'est souvent drôle (grâce aux choix que font les deux comédiens, sans que ça sonne comédie), et bizarrement assez touchant, voire profond.

Un solide 5/6

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I think we're gonna need a helmet.


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MessagePosté: 11 Déc 2023, 17:18 
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Antichrist
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Cow-Boy et les allergiques au cinéma de Quentin Dupieux, il NE FAUT SURTOUT PAS VOIR DAAAAALI.


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MessagePosté: 11 Déc 2023, 17:20 
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C'était pas prévu.

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