Forum de FilmDeCulte

Très sympathique. Mandibules n'est pas au niveau des meilleurs films de Dupieux mais c'est tout de même de bonne facture. Ca met un peu de temps à trouver la carburation niveau humour avec quelques vannes qui tombent à plat dans le premier tiers mais dès qu'on arrive dans la maison de la fausse amie d'enfance, le petit cirque de l'absurde de Dupieux fonctionne bien et le film devient franchement très drôle. Il y a une vraie alchimie dans le duo des benêts Marsais/Ludig et j'aime bien Exarchopoulos dans un rôle très con. Et puis Dominique, et puis ce dernier quart d'heure qu'on sent venir, qu'on désire même et qui ne déçoit pas. Un film à montrer absolument aux mamies qui adoptent ces petits chiens casse-couilles avant de caner.

4/6

Non mais clairement, il faut pas trop chercher de réalisme là-dedans


Par contre, je serais pas étonné que le film soit le meilleur score de Dupieux au box-office. Le contexte de la sortie lui est particulièrement favorable. Un film léger, très con et solaire avec le Palmashow, c'est idéal pour cette période de reprise. Malgré les places supprimées par le protocole sanitaire, toutes les places disponibles étaient pleines dans ma salle.

Personne ne dit que c'est trop, juste que c'est assez pour la couler douce...

Son salaire rapporté au civil (et même au sportif), ça reste un gros salaire annuel.

_________________
I think we're gonna need a helmet.

Y a-t-il un rapport entre son salaire et ce que ses films rapportent surtout ? Je constate quand même que les représentants de la French Touch sont quand même des businessmen avisés avant toute chose.

Concernant ce Mandibules, je ne serais pas étonné qu'il soit largement rentable pour ses producteurs. D'ailleurs, je serais curieux de savoir à quel point les films de Dupieux (ceux qui ne sont pas en anglais) s'exportent.

Après il fait 4 postes sur le film donc c'est pas insensé non plus, mais c'est surtout la disparité entre la thune versée dans le film et la non-ampleur du résultat à l'écran qui est gênante.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

La non-ampleur, ça c'est ton appréciation personnelle.
Ca serait intéressant de savoir combien il a touché sur ses autres films.

Merci pour ce commentaire totalement figaresque.
Avec Zdar ou DJ Mehdi la scène a quand-même connu son lot de drames. Eden de Mia Hansen Love est pas mal sur cette question justement.
Dupieux n'était pas tout à fait French Touch non plus, il partait d'une production plus techno, moins soul et plus dure, il utilisait moins le sample et les filtres...il est aussi un peu antérieur.

Il y aussi de très bons groupes qui n'ont pas percé et sont un peu oubliés (les Marseillais des Troublemakers par exemple), même si là on sort un peu de l'électro.

_________________
Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

C'est comme l'histoire de Fleetwood Mac, le passage du statut de suicidé de la société à celui de milliardaire new age abstème et discret est difficile à cerner et parfois involontaire (contrairement à la bourse en musique il faut économiquement mieux suivre les goûts du marché que les anticiper).

_________________
Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Perso c'est plus la romantisation de l'addiction et de destins brisés par l'addiction et d'éventuels problèmes psychiatriques qui me paraît être de droite. Comme si ça donnait un label de légitimité morale à une réussite autant entrepreneuriale, dont se félicite d'ailleurs plutôt le figaro, qu'artistique, ce qui est juste l'énoncé d'un fait. Hier pour la réouverture des terrasses, le Figaro affichait deux tribunes, l'une d'Alexandre Jardin qui invoquait l'esprit d'Antoine Blondin, alcoolique notoire et romantisé par la droite française pour son alcoolisme et son amitié avec Roger Nimier mort tragiquement, et de la France des bistrots, et une autre au-dessous d'Alexandre Ricard titrée "demain je serai à la réouverture des terrasses", en fait de l'autopromotion pour une fois pas accompagnée de "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé." ça c'est du cynisme et de la récupération de droite.
Surtout que dans le terme French Touch, je mets toute l'électro française, de Daft Punk à Justice en passant par Sébastien Tellier, Bob Sinclair, David Guetta, Air ou des figures du street art, un peu attenantes, comme Monsieur André, fondateur de feu le Baron. C'est pas Jean-Luc Le Ténia qu'on entend dans la bande originale de films qui servent à illustrer des états d'âme un peu bourgeois, commentaire qui d'ailleurs n'exclut pas l'empathie de ma part. La mélancolie diffuse, cocaïnée de Eden tient d'ailleurs à ces contradictions.
Je me rends compte d'ailleurs que ma première phrase provient d'idées reçues : Zdar est mort après que le garde-fou de son balcon soit tombé et DJ Medhi est passé à travers le plancher de verre de sa mezzanine, ce sont des accidents domestiques très tristes mais je ne vois pas en fait en quoi les invoquer permet de dire quoi que ce soit sur la French Touch.
Je ne connais pas les Troublemakers mais ils ont vendu plus de 300 000 albums à un moment, les membres continuent de creuser leur sillon, et même s'ils étaient passés à autre chose, il n'y a rien là de fondamentalement tragique ou ça ne le devient pas plus parce qu'ils ont choisi une carrière, disons créative ou parce que tu les apprécies.

Ne pas écouter la mauvaise foi d'Art Core, le film est bien. Vouloir raccrocher le film à un canevas classique, croire un instant qu'on va vraiment voir la success story des mecs avec leur mouche et un public, par exemple, c'est bizarre, le faux rythme du film est direct indicateur d'un film qui fonctionne par sketch.

Mais cela ne l'empêche pas d'être assez cohérent, et sa galerie de personnages réjouissante. Je trouve assez réussi le duo principal, losers teubés sympa mais qui mine de rien arrivent à leur fin et enfument tout le monde. Et puis le film arrive à retranscrire leur galère du quotidien pour trouver à bouffer et un toit, en passant par des péripéties qui détournent l'usage normal des choses (caravanes, maison de vacances, chien). C'est une des bases de la comédie et on a là un film qui représente le genre avec brio.

Art Core, j'ai l'impression que tu suis Dupieux parce qu'il fait le buzz mais t'as l'air de le détester, arrête les frais... Moi c'est seulement le deuxième avec Le Daim et je regrette d'avoir snobé ses précédents films, même si l'absurde est un genre fragile et que ça pourrait aussi me gaver.

Jette toi sur Wrong, Réalité et Au poste!. J'aime bien ses deux derniers mais ils sont en dessous.

Non pas du tout, j'ai aimé plusieurs de ses films et surtout je reste assez curieux de son cinéma mais bon ses derniers sentent de plus en plus la fainéantise. D'ailleurs les quelques avis Twitter que j'ai lus depuis hier sont bien loin de l'enthousiasme forcé de sa réception à Venise.

_________________
CroqAnimement votre

Je comprends pas à quoi tu repères la "fainéantise", ça fait un peu procès sans preuve. Oui c'est un film d'1h17, oui le scénario fait la part belle à une simplicité absurde, mais ça n'a rien à voir avec le travail fourni... Parce qu'il tourne souvent à la Woody Allen? Ou alors il se répète par rapport à ses autres films? (ne connaissant pas beaucoup le cinéaste, ça pourrait expliquer)

Ca me paraît évident, spécialement dans ce Mandibules qui n'est qu'un long sketch, mais pas un sketch où il se passe plein de trucs, un sketch tout mou avec trois décors, deux vannes qui se répètent et aucune volonté ludique d'explorer son sujet (la mouche accessoire au récit finalement). C'était pareil avec Le daim, il avait le potentiel d'aller beaucoup plus loin, d'explorer un vrai malaise etc... mais après 1h10 de film on remballe c'est bon, pas besoin de se faire chier. Dans Steak ou dans Réalité il me semble qu'il parvenait quand même à creuser quelque chose d'un peu plus singulier.

Là c'est comme le truc qu'ils transportent, le payoff est absolument nul à chier, je me demande sincèrement si ça à fait rire quelqu'un. C'est vraiment l'impression d'un film qui avance à vue, dont on improvise le matin les blagues de la journée. Ça se sent et c'est pas à l'avantage du film.

Pour info d'ailleurs son prochain est déjà fini et sera probablement quelque part à Cannes.

_________________
CroqAnimement votre