Forum de FilmDeCulte

Personnellement, à la revoyure, pour moi il s'agit toujours de l'un des meilleurs film français de ces dernières années. Le choc et le désarrois de pas mal de monde vient justement peut-etre de ce qu'il est français. Parmis les chabrol, audiard et compagnie, et dans le paysage de la grande famille du cinéma français catherino-deneuvien, Steak ne pouvait qu'être mal digéré, de surcroit avec Eric et Ramzy dedans. Le même film signé par Lynch ou Kaurismaki et avec des inconnus aurait (peut-être) été sélectionné à Cannes et on aurait (peut-être) crié au génie. Mais la le film est presque trop bon, audacieux, et génial pour se permettre d'être un film français. Un film lunaire, vrai-fausse comédie, qui a pris tout le monde à contre-pied et qui n'appartient en définitive à à peu près-rien de ce que le cinéma héxagonal à produit. Dada-culte assurément, le "Brazil" français.

Il a tout de même une sacrée conscience de sa singularité, qu'il porte un peu en bandoulière

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There is no such thing in life as normal

J'aime bien tout le début jusqu'à la sortie de Blaise (et oser un non-gag sur des nuages aussi longtemps, sur un plan fixe, chapeau). Mais une fois qu'on a posé le truc avec les Chivers et les dérives de la société moderne etc. ça stagne un peu. La narration reste au point mort, j'ai pas particulièrement d'attachement pour un personnage (je pense que j'ai tous envie de les frapper en fait), et l'ambiance malsaine marche surtout le temps qu’apparaisse Tellier à l'écran, les reste c'est assez gentil quoi.

Bon la réalisation est classe par contre, mais j'attendais un peu plus de ce film (en fait je pensais que y'en avait pleins qui avaient kiffé ici, mais finalement les avis sont mesurés).

3/6

Deuxième film de Dupieux que je vois et confirmation de tout le bien que je pense du bonhomme. J'avoue même avoir été surpris par la maîtrise affichée dans celui-ci, premier long + présence de Eric et Ramzy je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus foutraque/potache, ce qui n'est absolument pas le cas.

D'une, comme dans Au poste! il y a une vraie identité visuelle (clairement différente dans les deux films), certains ont parlé d'un film moche pour Steak, ça me semble un argument de pure mauvaise foi pour justifier son rejet. La photo, les angles de prise de vue jusqu'au rythme tout est millimétré, on aime ou on n'aime pas mais on peut au moins reconnaître à Dupieux l'effort fait pour développer un univers assez unique.

De deux, pour qui aime la comédie nonsensique c'est un must. Que l'on ne se déride pas devant ce type d'humour je peux le comprendre, mais dans ce cas on n'aime pas plus Dupieux que les Monty Python, dont il est l'un des héritiers les plus évidents. Le film m'a fait penser à ce fameux sketch des Monty Python sur l'inquisition où la torture était faite avec des oreillers. Dupieux procède de la même manière, en utilisant du contre-pied de manière systématique, à commencer par tout ce qui touche aux Chivers, ces "bad boys" qui ne jurent que par les bienfaits de la chirurgie esthétique et une hygiène de vie irréprochable. Et c'est d'ailleurs ce qui condamne toutes les tentatives de Ramzy à s'intégrer dans ce groupe, qu'il fume, qu'il se fasse la tête horrifique de MJ dans Thriller ou qu'il soit incapable de faire une blague, il échoue systématiquement, marqué par sa faute originelle (le meurtre de ses 3 tortionnaires). A l'inverse Eric, puisque d'une naïveté absolue, n'aura aucune difficulté pour s'y faire accueillir (le boss des Chivers qui s'émerveille devant son nouveau look "fait maison" ou qui rit à la pseudo-blague sur les nuages).

De trois, Dupieux affiche une vraie aisance à revisiter et se réapproprier les grands classiques, du cinéma français de Buffet Froid à Garde à Vue dans Au poste!, du Campus movie à Orange Mécanique dans Steak (je m'étonne d'ailleurs de n'avoir vu personne mentionner le film de Kubrick, tant son influence me semble évidente sur la caractérisation des Chivers : de leur nombre au verre de lait en passant par la batte de cricket, contre-point de la batte de baseball, qui n'est utilisé chez Dupieux qu'à l'encontre des propres membres du groupe). Loin de ne renvoyer à ces films que par de faciles petits clins d’œil, on sent que Dupieux les a mûrement digéré pour en faire les bases solides sur lesquelles sa propre filmographie se construit.

Enfin, et même si je m'avance un peu n'ayant vu que 2 de ses films, il creuse le thème de l'innocent qui tombe dans les mains de la police et se convainc progressivement de sa propre culpabilité, sujet on ne peut plus hitchcokien...

Pleins de bonnes raisons de voir ou revoir Steak donc, et pour moi de poursuivre la découverte de la filmographie de Dupieux.

Bon tu verras pas ce thème développé en dehors de ces deux films.


Et mate en priorité Wrong.