Droit de réponse (avec spoilers) à mes détracteurs
Arnotte a écrit:
Et l'émotion procurée par le film (= Satan pour les tristes sires) n'en est que plus forte, car elle est vraie, sincère, simple, c'est même le contraire du chantage. C'est un film pur et simple, modeste même.
Je vais commencer sur ce point, je passe sur mon éternel chapeau de triste sire, ou non plutôt je le revendique, dès qu'il y a un film un tantinet mignonnet avec un enfant qui doit absolument te tirer les larmes, si tu résistes à l'injonction qui t'est faite d'être nécessairement emporté par le flot des émotions c'est que tu n'as pas de cœur. Il n'y a aucune autre explication valable, tout esprit critique doit forcément être remisé au placard. Et bien non, j'ai trouvé ce film tout sauf modeste, d'une insincérité profonde, à l'émotion fabriquée et calibrée, et dans ce cas là chez moi ça ne marche pas. Libre aux thuriféraires du cinéma charentaise d'y trouver leur comptant.
Pour ce qui est de l'aspect manipulateur du film.
Art Core a écrit:
J'ai beaucoup aimé comme dans la première partie tu attends à ce que quelque chose de négatif, de cruel apparaissent chez ce couple trop gentil pour être honnête (notamment la première nuit, la fille dans son lit, la porte qui s'ouvre tu imagines tout de suite le père venir la tripoter et pas du tout)
Je te confirme que la même idée m'a traversé la tête, et personnellement je n'ai pas du tout aimé, parce que c'est totalement hors contexte (ça ne correspond ni au couple ni au passé de cette petite fille), que c'est de l'ordre de la relation malsaine entre le réal et son spectateur à qui il ne va cesser de tendre des chausses trappes pour le simple plaisir... pour le simple plaisir de quoi au fond ? D'avoir de petites montées d'adrénalines en s'attendant systématiquement au pire alors que sur toute sa longueur du film le pire qui soit arrivé à cette gamine c'est de pisser au lit ?
Art Core a écrit:
ce suspense un peu nul autour du puits à la fin
Doux euphémisme. Suspense nul mais travaillé sur le long cours, on place une première pierre lors d'un échange anodin où la mère de substitution fait comprendre que dans sa famille il n'y a pas de secrets, parce que le secret c'est avoir honte de quelque chose, une deuxième avec la mégère qui tire les vers du nez de Caith et daube sur le compte de la famille modèle (et ainsi lui faire comprendre qu'ils ont perdu un garçon quelques années auparavant - noyé dans la fosse à purin, no joke. Du coup il y a bien un secret, et donc de la honte, dans cette famille, qui se sent coupable d'avoir perdu un enfant par négligence). Et donc survient la séquence évoqué par Art Core, le père est parti aidé le voisin pour un vêlage, la mère doit du coup s'occuper de la traite de ses vaches, et la gamine de décider d'aller chercher de l'eau toute seule au puits. Je dois dire que la séquence marche à plein, j'ai entendu toutes la salle retenir son souffle et pousser des hauts cris lorsqu'elle laisse choir son sceau dans l'eau, qu'elle le rempli à plein. Cut. Tout le monde pense qu'elle est tombée dedans et s'est noyée, la mère de substitution la première (forcément vu la culpabilité qui l'habite). Et bien non, elle est effectivement tombée mais en est ressortie, trempée certes mais sans plus de gravité. Sérieusement, quel est l'intérêt de jouer de sa potentielle noyade, sinon une nouvelle expression du caractère profondément malsain du réalisateur ? Franchement je ne vois pas. En tout cas Haneke peut aller se rhabiller, il a trouvé bien plus manipulateur que lui (et ici c'est 100% gratuit).
Art Core a écrit:
cette course en avant de la fille vers eux, ce refus de les laisser partir, ce petit montage des moments passés ensemble et le "daddy" final, sublime.
Horrible séquence, le montage qui mixe des séquences passées c'est un truc tellement éculé je pensais que c'était interdit par l'ONU. Et pour le reste c'est d'un manque de spontanéité total (ne parlons pas de finesse avec son gros ralenti qui tâche), la scène avait une nouvelle fois été lourdement travaillée en amont avec les courses chronométrées pour aller chercher les lettres dans la boîte.
Qui-Gon Jinn a écrit:
qui menace presque de virer au doucereux.
Il ne menace pas, il se vautre dedans avec délectation.
Non franchement, je peine à sauver quoi que ce soit de ce produit ultra calibré pour faire pleurer dans les chaumières, entre son format 4/3 estampillé A24 (la plus grosse surprise du film c'est de ne pas avoir vu leur logo), les moments simili malickien d'eau qui coule et de vent dans les feuillages, des personnages plus stéréotypé les uns que les autres (enfin si tout de même, les parents de Caith sont tout de même au sommet de cette pyramide), des cadrages avec amorce systématique (toute les scènes en intérieur sont filmées depuis la pièce contiguë, avec donc le chambranle au premier plan) comme si toutes ces scènes étaient épiées par une tierce personne, mais qui ?
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