Attention, c'est pas ce que je dis. Je ne parle pas de folie ni d'hérédité, je parle de la manière dont elle est caractérisée, par les scénaristes mais également...par les personnages. Depuis la saison 1 (et depuis son enfance), on lui dit qu'elle est la digne héritière du trône, que les autres lui ont usurpé, que c'est son birthright. Rien que ça, avant son émancipation auprès de Khal Drogo (enfin surtout via le pouvoir du sexe que lui appris une pute engagée par son frère, n'oublions pas), ça suffit à planter en quelqu'un les graines d'un ego surdimensionné, d'un sens du privilège qui n'allait qu'enfler au fur et à mesure que Daenerys allait se découvrir des attributs d'Élue (contrairement à son frère, elle ne brûle pas ; elle redonne vie à des oeufs fossilisés en se brûlant avec) et allait ajouter un par un des surnoms à son blase ("Mother of Dragons, The Unburnt, Breaker of Chains, etc."). Elle a forgé sa propre légende mais elle l'a crue avant de pouvoir la forger. Sa colère est là dès le début, une fois Drogo apprivoisé, elle se la raconte de ouf la Khaleesi, elle s'y croit, elle parle pas bien à ses Dothraki. Quand elle arrive à Qarth (saison 2), elle croit que tout lui est dû. Quand elle libère des villes, elle se montre aussi sanglante que les bourreaux qu'elle punit, elle qui dit vouloir "casser la roue" de ce système qui n'a que trop duré, elle ne fait que la relancer d'un tour, sans prendre en compte la résistance du peuple et des maîtres d'à côté. La frustration à Meereen (saison 4 ou 5) n'était rien à côté de sa colère ces dernières saisons quand d'aucuns ne voulaient pas "ployer le genou" (et floof les Tarly). Jon lui a résisté, elle l'a aimé...
...et là il lui apprend que son birthright à lui est plus gros que son birthright à elle.
Et un de ses "enfants" crève.
Et Tyrion lui donne que des conseils qui mènent à des échecs.
Et Jorah (qu'elle avait hâtivement congédié jadis, #tempéramentdefeu) crève.
Et un autre de ses "enfants" crève.
Et Missandei crève.
Et Jon lui met un vent.
Seule, entourée de conseillers qui désormais se méfient (Tyrion), de proches qui parlent dans son dos et la trahissent (Varys, Jon), elle a peur. Peur de perdre son statut. Peur de perdre son trône. Peur de ce peuple nordien qui ne l'aime pas. Et bah très bien, son règne ne sera plus celui de l'amour mais celui de la peur. Elle le dit, textuellement.
NB : pour quelqu'un qu'on vante comme une libératrice qui aime son peuple, je crois qu'on ne la voit jamais pleurer pour eux. Elle pleure pour ses dragons et ses proches mais son peuple lui sert surtout d'ego boost (cf. la scène Myssa quand ils se mettent à la porter). Quand ses dragons tuent des mômes innocents parce qu'ils voulaient cramer des chèvres, peu lui importe.
Bref, tout ça pour dire que, oui, comme je le dis dans un message plus haut, même si j'ai tiqué sur le coup, je crois totalement à son vrillage. Ça va sans doute un peu vite dans cette saison mais c'est cohérent avec ce que les scénaristes ont soigneusement établi pendant LES SEPT PRÉCÉDENTES.
Et puis putain, j'étais tellement tendu...
Entre la zique qui prend aux tripes tout le long de cette première partie de l'attaque et les gros plans sur les visages inquiets qui la terminent, j'étais pendu aux courbes de cette cloche. Va-t-elle sonner à temps? Intensité maximale chez moi. On a voulu croire en elle comme Tyrion et Jon...mais Game of Thrones nous a montré que Tyrion se laissait aveugler par son amour (même platonique) et que Jon, en bon fils de son père adoptif, était trop honorable ("je crois en elle...mais je baise pas ma tante") pour son propre bien.
Les gens ont tort. Les gens échouent. Arya a fait tout ce chemin, rayé plusieurs noms de sa liste, tué le fucking Night King mais au final, le nom ultime lui échappe comme les autres Lannister. Subversion de l'arc qui lui était dédié. Et la plus forte se retrouve d'un coup au même niveau que le peuple de King's Landing, en train de fuir les décombres (avec un nouveau nom sur sa liste?). Sa quête d'identité semble prendre fin quand elle décide de ne pas devenir ce qu'elle a eu de plus proche d'une figure paternelle après la mort de son père : Sandor Clegane. Superbe scène. Superbe fin de parcours pour les deux.
Meilleure fin de parcours pour Sandor que sa fin réelle juste après lors d'un combat sympa mais qui prend soudain une place super importante dans l'épisode et la série, placé sur un pied d'égalité avec la destruction de la ville. On voulait voir les deux frangins régler leurs comptes mais c'est foutre l'objectif de personnages quand même secondaires sur le devant de la scène alors que c'était pas ce qui nous intéresse le plus (d'ailleurs, c'est le seul point sur lequel s'accordaient vos pronos ici bas et le seul qui s'est avéré juste).
Pour ma part, je n'avais qu'un seul vague prono, une seule croyance ou plutôt était-ce un espoir : Jaime retournait à King's Landing pour tuer Cersei. Mais j'avais oublié qu'elle était enceinte. Comment Jaime pourrait-il la tuer? Comment pourrait-il tuer son propre enfant (surtout après la mort des 3 précédents)? Non, il est revenu parce qu'il se sentait trop pourri pour rester parmi les gentils, il n'était pas à sa place à Winterfell, dans le lit de Brienne. Il est revenu pour mourir (heureusement que ce n'est pas, in fine, aux mains de Euron, perso tertiaire étonnamment upscalé mais sa fin est bien, le mec était juste dans un egotrip). Et son apparition, rendant Cersei soudainement humaine, parce qu'elle flippe pour son bébé, et leur fin enlacés, résume en quelques minutes toute la force de cette série que j'ai souvent vanté : sa capacité à créer de la compassion pour les pires ordures. Cersei était insauvable encore la semaine dernière...et là j'avais mal pour elle.
Et j'ai mal pour Jon et Tyrion. La semaine prochaine va être difficile pour eux.