Film Freak a écrit:
J'adore The West Wing, série où la politique est encore plus bavarde et moins dans "l'intrigue" et je me la remate régulièrement, sans jamais me faire chier...je ne saurai en dire autant des épisodes 3 et 4 où les marchés que cherchent à passer Frank et sa team m'ont pas réellement intéressé. Je ne trouve pas la série suffisamment intelligente et impliquée pour incarner ces passages-là et le côté plot-driven a des limites qui se font voir ici, surtout quand les rebondissements se font de plus en plus gros.
Les deux séries ont le décorum en commun, mais effectivement elles divergent complètement sur l'intention. The West Wing figure des idéalistes cherchant des solutions politiques concrètes, avec en obstacle la machinerie administrative et leurs propres démons personnels. Dans House of Cards, c'est un peu le contraire : les "idéalistes" (Rosso, la journaliste, à de rares instants le président) se font broyer systématiquement, et les mécanismes du pouvoir sont des atouts au service des seules ambitions personnelles. D'un côté domine une profonde volonté de bien faire, de l'autre un darwinisme politicard sans limites. Je ne sais pas si c'est cynique ou réaliste (en interview, Spacey ne semble pas avoir grande estime pour Washington) comme vision, mais ça engendre forcément une intrigue moins attachante humainement, moins exaltante idéologiquement, davantage tournée vers les crocs-en-jambe et les revirements subits. De manière symptomatique, les réunions sur des sujets parfois graves sont ici limitées à quelques échanges où le dernier qui parle (généralement Frank) l'emporte, où les idées ne sont pas du tout creusées (ce qui nuit parfois à la clarté, surtout si l'on n'est pas rompu au fonctionnement de la politique US), où le président décide en cinq minutes d'une stratégie qui aurait mis tout un épisode de TWW à s'ébaucher.
Il reste une réelle qualité d'écriture, une photo pas dégeulasse du tout, de chouettes personnages secondaires (le bras droit de Frank par exemple) et pas mal de belles scènes qui ne servent pas l'intrigue mais juste le développement des personnages.
Et puis, on a beau se plaindre du niveau du personnel politique français, mais quand on voit le niveau du sénat américain et les conneries débitées jusque dans les rangs des démocrates, House of Cards n'est sans doute pas si éloignée que ça de la réalité.