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MessagePosté: 17 Sep 2016, 10:49 
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Mickey Willis a écrit:
Art Core a écrit:
Bonello fait selon moi une première grosse erreur avec une tentative assez maladroite de flash-back qui montrerait comment les membres du groupe se seraient rencontrés et comment ils auraient décidé de faire ce qu'ils font. Or, finalement il y a à l'intérieur même du flash-back une ellipse bien commode qui nous dissimule ce choix, cette décision. On les voit vaguement se rencontrer et scène suivante, ils sont en train de discuter explosifs et plan d'action.

Je trouve ce passage suffisamment éloquent (pas besoin d'en faire plus) car il suggère selon moi, et c'est à mon sens le propos (ou une partie) de Bonello sur ce film, qui est la facilité à influencer des adolescents qui ne sont pas encore assez matures pour développer des idées personnelles et leur faire admettre des idées extrémistes [...] Alors certes c'est un peu grossier, il y'avait surement moyen de faire plus subtil

Ça me semble surtout difficile de faire plus grossier. Et non, on ne devient pas terroriste comme on se lève le matin pour aller acheter ses croissants, l'élément qui fait basculer une personne est une chose, le terreau sur lequel se développe ce penchant n'émerge par contre pas en une seule journée, c'est un long travail de sape. Et pour le coup, TOUT est caricatural dans sa description de ses petits riens qui rend ces jeunes potentiellement réceptifs à une conversion au terrorisme: la discussion dans le bar au sujet du concours d'entrée à Sciences Po, la salle d'attente pour le job de vigile, les jeunes dans la cité dont la mère de l'un d'entre eux vient de découvrir un contenu inavouable dans son PC, la page d'actualité Yahoo. C'est du niveau de la subtilité de M6 ou de NRJ12. Je suis tout à fait d'accord avec Art Core mais j'irais plus loin, cette ellipse me semble être l'un des éléments les plus caractéristiques de la bouffonade totale qu'est ce film. On peut d'ailleurs parler de double ellipse, parce que ces jeunes si facile à convertir (plus bêtes que des ânes dans la référence au conflit Iran-Irak), qui auraient agit de manière impulsive sans profonde conviction au vu de leur attitude infantile et consumériste dans le grand magasin, auraient tout de même été capable de mettre au point une action terroriste dans 4 lieux différents avec toute la difficulté logistique que cela entraine (et dont l'intro rend parfaitement compte) - ça ne colle pas non plus.

Art Core a écrit:
La seconde erreur et celle-là est presque rédhibitoire et risque d'être le point le plus "polémique" du film (et je vois même bien le film être attaqué par des politiques) est contenue dans les dernières minutes. Il va être presque impossible de parler du film sans spoiler malheureusement.
Bonello fait un choix, à la fin du film qui est, sinon intolérable, du moins largement discutable. Les personnages sont retrouvés et cernés par la police. La police entre dans le bâtiment et les massacre. Alors que les terroristes eux-mêmes montrent là, un soudain instinct de survie et se rendent, la police les tue, leur tire dessus de sang froid. Une police sans visage, robotisée, assassine des enfants sans armes qui lèvent les mains. Pire, Bonello enfonce le clou dans un dernier plan où en plus de lever les mains, le dernier survivant demande à cette police qui l'entoure et le braque de l'aider. Il est là, les yeux plein de larmes et leur demande de l'aide. Un coup de feu retentit sur le générique final (qui est étrangement la musique d'Amicalement Votre). Rarement n'avais-je autant eu un tel sentiment de malaise et de rejet immédiat. On peut là encore citer Romero et la fin de La nuit des morts-vivants quand le policier tuait le noir, unique survivant du massacre. Sauf que chez Romero on parlait de racisme, de xénophobie (d'autant plus d'actualités d'ailleurs) alors que là j'ai du mal à voir quel est le propos.

Le mec demande à l'aide pour aller au paradis, ça me semble assez explicite vu qu'il n'a plus que ça en tête dans les 30 dernières minutes du film. D'une certaine manière le policier ne fait qu’exhausser sont souhait. Plus sérieusement, la charge de Bonello contre l'état est total, responsable au propre comme au figuré de la destruction de la jeunesse. Je m'étonne de ne voir personne rappeler que l'instigateur de ce mouvement révolutionnaire et aussi le seul - hormis le vigile tué - à ne pas se retrouver dans le grand magasin. On peut donc aisément imaginer qu'il les a manipulé volontairement (aux ordres de l'état, qui a besoin de tels actes pour renforcer l'état d'urgences et contrôler la population), et qu'il était inévitable qu'ils soient tous liquidés afin qu'ils ne puissent pas parler. En soit je n'ai rien contre propos, qui peut se défendre. Même qu'est-ce que les sabots sont gros, quel manque de subtilité et de justesse dans le propos, même Lumet aurait probablement était plus fin, c'est dire. Finalement Bonello ne vaut guère mieux que ces jeunes adultes écervelés, livrant une œuvre à charge contre toute forme de manipulation alors que son film n'est finalement que cela, puisqu'il est finalement plus préoccupé par des considérations esthétiques que par la justesse du propos.
Palme du ridicule à la statue de Jeanne d'Arc qui brûle, symbole de la France raciste qui y fête le 1er Mai, recouverte d'un liquide inflammable par une arabe. A gerber.


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 04:55 
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Un film d’une ambition rare dans le cinéma français, qui tente énormément de choses, en rate certaines, mais a l’immense mérite d’oser les tenter. Cela peut osciller entre la précision millimétrée de la mise en scène des déambulations de la première partie et le ridicule consommé de certains dialogues, telle la conversation avec Adèle Haenel, dans la seconde.

Un film également truffé de références, ultra digérées, qui associe dans un même geste Bresson, Franju, Melville, Kubrick, Carpenter, Carax, Elephant (les 2), Nadav Lapid… soit à la fois le meilleur du patrimoine français et du cinéma mondial contemporain.

Également un film qui joue à tous les niveaux avec les symboles (la statue de Jeanne d’Arc chère au FN, la tour en feu, la Samaritaine relookée…) tout en étant radicalement filmé au présent (on sait gré à Bonello de laisser hors champ le passé des personnages et de respecter leur diversité, alors que le film a lui-même ô combien été depuis rattrapé par le réel).

Les deux parties qui constituent le film pourraient s’opposer mais finissent par se compléter pour dessiner la complexité du monde occidental pour ces jeunes adultes, entre rejet total du capitalisme et tentation via sa plus parfaite incarnation. Les attentats sont méthodiquement planifiés et froidement exécutés, mais laissent ensuite place à une sorte de huis clos onirique et insouciant où tout se mélange et devient confus, à l’abri du monde.

De jeunes adultes à la fois dans la maîtrise absolue et l’inconscience totale.
Des gamins, pas des ânes.
Human after all.


4,75/6


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 14:28 
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Robot in Disguise
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Happé et séduit par la première heure, j'étais (et comme Karloff, j'écris). Ce ballet de mouvement, de transitions, de communication, de croisements, à la fois tellement théorique et tellement concret. On est accrochés, on se laisse bercer par le film... Surtout que j'étais dans les conditions idéales de fatigue pour le voir. Il y a quelque chose de purement cinématographique qui est fascinant.

Mais, comme je le redoutais à la lecture des critiques, la deuxième heure m'a fait décrocher. Dans l'immobilité se crée des moments étranges, fascinants, mais j'ai l'impression que la pose rattrape le film. Les choses se font plus apprêtées, plus réfléchies, plus symboliques... et finalement, pour le dire connement, on commence tout simplement à s'ennuyer.

Les personnages, si captivants par leur mutisme au début, deviennent vite irritants par leur sous-jeu français refermé sur lui-même, et l'ensemble se fait des plus poseurs. La fascination cède la place à l'indifférence, voir à l'irritation devant certains non-choix de Bonello quant aux motivations du groupe, qu'Art Core a bien pointé dans son texte.

Mon intérêt s'est réveillé dans les dernières minutes avec le jeu depalmaïen sur la chronologie, pour mieux décrocher lors de cet épisode final
des gendarmes meurtriers de sang froid
à faire enrager Deudtens.

Au final, à la fois fasciné, déçu, et perplexe. Mais bon, je suis quand même content de l'avoir vu car il y a un côté "gros morceau" (cinématographique, thématique...) qui fait très plaisir.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 18 Sep 2016, 14:33 
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Ah putain je vais devoir mater le film maintenant.


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 14:52 
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Dans la génération post Carax, Desplechin, Assayas, Dumont, Kechiche... quels cinéastes français peuvent aujourd'hui rivaliser à la fois formellement et sur le choix des sujets avec Bonello ?

Honoré ? Ameur-Zaïmeche ?

J'en vois pas beaucoup.


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 15:10 
Sur RAZ, "Histoire de Judas" est en effet un film très important et magnifique, qui sort du post-modernisme d'Albert Serra ou Gomes en réinjectant du politique (et de l'indécision) dans leur forme, cela m'étonne que l'on n'en parle pas plus (il n'est même pas sorti en Belgique).


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 15:27 
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Inscription: 27 Mai 2012, 02:06
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Gontrand a écrit:
Sur RAZ, "Histoire de Judas" est en effet un film très important et magnifique, qui sort du post-modernisme d'Albert Serra ou Gomes en réinjectant du politique (et de l'indécision) dans leur forme, cela m'étonne que l'on n'en parle pas plus (il n'est même pas sorti en Belgique).

:wink:
Orson a écrit:
L’heure du bilan pour moi aussi après avoir vu 163 films sortis en 2015 et à la veille d’entamer une nouvelle année en salles.

Mon Top 10 :

1 Inside Out (Vice-Versa)
2 Trois Souvenirs de ma Jeunesse
3 Histoire de Judas
4 Mia Madre
5 Taxi (Taxi Téhéran)
6 Saul Fia (Le Fils de Saul)
7 Foxcatcher
8 Force Majeure (Snow Therapy)
9 The Smell of Us
10 Mustang

La suite :

11 Rak Ti Khon Kaen (Cemetery of Splendour)
12 Much Loved
13 Irrational Man (L’Homme Irrationnel)
14 Birdman
15 Mad Max: Fury Road
16 American Sniper
17 Knight of Cups
18 Shan He Gu Ren (Au-delà des Montagnes)
19 Victoria
20 While We’re Young


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 18:17 
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Art Core a parfaitement pointé les problèmes du film, et notamment cette fin qui s'égare totalement, nous proposant un non-suspense macabre assez dégueulasse... En plus, j'ai moyennement été convaincu par la première partie, dont l'aspect formel ne m'a pas impliqué plus que ça. J'apprécie bien certains plans de-ci de-là, mais dans l'ensemble je vois pas vraiment où on veut en venir, ou en tout cas la non-subtilité et les ellipses jouant contre le propos, ce qui plombe l'ensemble...
1-2/6


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 18:47 
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Typiquement le genre de film qui va engendrer des réactions tranchées, voire épidermiques.

Assez typique d'ailleurs du cinéma de Bonello de manière générale.

Les larmes de sperme
dont il reprend d'ailleurs à un moment le motif dans Nocturama avec le visage de la statue de Jeanne d'Arc
de L'Apollonide, on trouvait ça sublime ou on était dans le rejet total.


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 18:59 
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Ouais, en même temps il y a pas mal de 3 et de 4 sur site de notes... Je suis plus surpris par l'engouement presque général de la presse, je vais lire quelques critiques...


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 19:46 
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Lohmann a écrit:
Plus sérieusement, la charge de Bonello contre l'état est total, responsable au propre comme au figuré de la destruction de la jeunesse. Je m'étonne de ne voir personne rappeler que l'instigateur de ce mouvement révolutionnaire et aussi le seul - hormis le vigile tué - à ne pas se retrouver dans le grand magasin. On peut donc aisément imaginer qu'il les a manipulé volontairement (aux ordres de l'état, qui a besoin de tels actes pour renforcer l'état d'urgences et contrôler la population), et qu'il était inévitable qu'ils soient tous liquidés afin qu'ils ne puissent pas parler.


Ouais non.
Il tue lui-même le banquier, tout seul, pour moi ca colle pas.


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 Sujet du message: Art Core
MessagePosté: 18 Sep 2016, 20:02 
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Oui c'est totalement n'imp cette théorie.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 20:13 
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Jerónimo a écrit:
Lohmann a écrit:
Plus sérieusement, la charge de Bonello contre l'état est total, responsable au propre comme au figuré de la destruction de la jeunesse. Je m'étonne de ne voir personne rappeler que l'instigateur de ce mouvement révolutionnaire et aussi le seul - hormis le vigile tué - à ne pas se retrouver dans le grand magasin. On peut donc aisément imaginer qu'il les a manipulé volontairement (aux ordres de l'état, qui a besoin de tels actes pour renforcer l'état d'urgences et contrôler la population), et qu'il était inévitable qu'ils soient tous liquidés afin qu'ils ne puissent pas parler.

Ouais non.
Il tue lui-même le banquier, tout seul, pour moi ca colle pas.

Ce qu'on peut surtout subodorer, c'est qu'il est celui qui aura permis aux forces de l'ordre de les localiser à La Samar.

Après, que ce soit parce qu'on l'a fait parler après qu'il ait été arrêté flingue à la main ou qu'il ait été dès le départ un agent infiltré au service de l'État ou d'autres intérêts, ça ne peut que rester des hypothèses non vérifiées ou vérifiables.


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MessagePosté: 18 Sep 2016, 20:25 
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On revient par un flashback sur ce qui arrive au vigile roux, et pas sur lui. Pour moi c'est une erreur, il fallait ne rien montrer. Mais encore une fois, la théorie de l'agent infiltré ne tient pas avec ce qu'on nous montre.


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 Sujet du message: Art Core
MessagePosté: 18 Sep 2016, 21:04 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Grave je comprends même pas qu'on puisse penser ça. Surtout qu'il y a son apparition fantomatique où il explique ce qui s'est passé. De toute façon c'est pas du tout le propos de Bonello.

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CroqAnimement votre


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