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MessagePosté: 08 Juil 2016, 14:51 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
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Paris, un matin. Une poignée de jeunes, de milieux différents. Chacun de leur côté, ils entament un ballet étrange dans les dédales du métro et les rues de la capitale. Ils semblent suivre un plan. Leurs gestes sont précis, presque dangereux. Ils convergent vers un même point, un Grand Magasin, au moment où il ferme ses portes. La nuit commence.

J'aime beaucoup la manière qu'a le film d'être une espèce d'élan purement esthétique et poétique vers l'action révolutionnaire. Ainsi la première partie du film ne nous montre rien d'autre que des jeunes en train de commettre un attentat, sans commentaire, sans raison, sans violence. On les voit simplement prendre le métro, faire des changements, sortir, reprendre le métro, jeter leur téléphone, se croiser, se séparer, s'envoyer des messages entre eux. Il y a là une chorégraphie fascinante du chaos à venir qui s'organise ignorée du monde qui les entoure et c'est magnifique.

La seconde partie est du même tonneau sauf qu'au mouvement initiale se substitue au contraire le statisme de l'attente et du désœuvrement. L'action est faite, il ne reste plus qu'à attendre les conséquences. Dans le terrain de jeu du grand magasin fermé la jeunesse s'épanouit. Symbole de la grande consommation, symbole de ce qu'ils ont attaqué, le grand magasin est comme le ventre qui les digère et qui va les dissoudre. Rapidement ils se font assimiler à leur époque consumériste (plan absolument génial où un des personnages tombe nez à nez avec un mannequin habillé exactement comme lui) et tombent sous le chant des sirènes des objets, vêtements et autres biens matériels qu'ils n'auraient jamais pu se payer. Leur engagement initial (que l'on devine anticapitaliste) est resté à l'extérieur du bâtiment. A l'intérieur, ils ne sont plus que des consommateurs comme les autres. Assez intéressant d'ailleurs de rapprocher le film d'un autre films se passant dans un centre commercial. Zombies de George A. Romero. Ici aussi des "résistants" se protègent des assauts des zombies extérieurs (même si le film montre bien que la distinction intérieur/extérieur est beaucoup plus poreuse que chez Romero). Et si le film travaille intelligemment à faire sortir les personnages de leurs conditions (ici un jeune de banlieue travesti qui fait du playback) il les y replonge aussi cruellement (l'inévitable Scarface, la misogynie, la fascination pour la violence...). C'est là que la poétique du film en prend un coup, dans cette manière de vouloir tendre à un regard mature sur la situation qu'il dépeint, en voulant tout à la fois filmer des héros mais aussi des jeunes d'aujourd'hui.

Bonello fait selon moi une première grosse erreur avec une tentative assez maladroite de flash-back qui montrerait comment les membres du groupe se seraient rencontrés et comment ils auraient décidé de faire ce qu'ils font. Or, finalement il y a à l'intérieur même du flash-back une ellipse bien commode qui nous dissimule ce choix, cette décision. On les voit vaguement se rencontrer et scène suivante, ils sont en train de discuter explosifs et plan d'action. Entre les deux, on voit uniquement ce qui semble être le meneur (Vincent Rottiers, très bon) voir un article sur Internet à propos de la fermeture d'une branche d'HSBC qui va faire 50 000 chômeurs. Mouais. Il y a là déjà je trouve une forme de lâcheté du cinéaste, qui ne veut pas donner d'explications mais qui en donne quand même et de manière bien grossière. En gros ce sont des jeunes désenchantés par l'économie actuelle qui décident de tout faire péter. Sauf qu'ils ne font finalement rien péter. En en faisant des terroristes "clean" (un seul mort à déplorer) ils échappent soudain à un jugement qui les condamnerait d'emblée. Au contraire même, on finit par trouver qu'ils ont bien raison. On reste toujours dans cette entre deux un peu étrange où d'un côté ils sont vus comme des héros et de l’autre comme de jeunes cons
le vigile qui tue gratuitement ses collègues.
J'ai l'impression que Bonello lui-même ne sait plus très bien quoi penser. Il me semble un peu confus sur la manière de faire s'exprimer ces jeunes
comme lors de ce moment déplacé où soudain l'un d'entre eux parle religion, ça semble totalement hors-sujet, on ne comprend pas pourquoi soudain mettre le sujet sur la table pour ne rien en faire.


La seconde erreur et celle-là est presque rédhibitoire et risque d'être le point le plus "polémique" du film (et je vois même bien le film être attaqué par des politiques) est contenue dans les dernières minutes. Il va être presque impossible de parler du film sans spoiler malheureusement.
Bonello fait un choix, à la fin du film qui est, sinon intolérable, du moins largement discutable. Les personnages sont retrouvés et cernés par la police. La police entre dans le bâtiment et les massacre. Alors que les terroristes eux-mêmes montrent là, un soudain instinct de survie et se rendent, la police les tue, leur tire dessus de sang froid. Une police sans visage, robotisée, assassine des enfants sans armes qui lèvent les mains. Pire, Bonello enfonce le clou dans un dernier plan où en plus de lever les mains, le dernier survivant demande à cette police qui l'entoure et le braque de l'aider. Il est là, les yeux plein de larmes et leur demande de l'aide. Un coup de feu retentit sur le générique final (qui est étrangement la musique d'Amicalement Votre). Rarement n'avais-je autant eu un tel sentiment de malaise et de rejet immédiat. On peut là encore citer Romero et la fin de La nuit des morts-vivants quand le policier tuait le noir, unique survivant du massacre. Sauf que chez Romero on parlait de racisme, de xénophobie (d'autant plus d'actualités d'ailleurs) alors que là j'ai du mal à voir quel est le propos.


Bonello a dit en introduction "ce n'est que du cinéma". Le problème c'est que le film se déroule dans une France gouverné par François Hollande (son portrait est au ministère) et où Manuel Valls est premier ministre (il est oralement nommé).
A partir de là montrer une police meurtrière, qui fait bien plus de victimes que les attentats initiaux c'est un message démagogique que j'ai beaucoup, beaucoup de mal à avaler. Qui me reste même totalement en travers de la gorge. Déjà je le trouve affreusement surligné avec ce plan final cruellement racoleur et surtout il démontre un manque de finesse total d'une puérilité surprenante dans son discours. Le film devient dès lors un étudiant d'extrême gauche qui distribue des tracts, avec son pin's ACAB sur sa veste khaki.
Je pensais Bonello plus intelligent que ça. J'avais visiblement tort.

Très difficile de noter un tel film. Je l'aime autant que je le déteste. C'est souvent très beau. Le film a un côté "ballet esthétique" fascinant avec une excellente bande originale (de Willow Smith à la musique d'Amicalement Votre). Marrant aussi l'inattendue parenté entre ce film et Holy Motors à travers le tournage à La Samaritaine. Mais même en prenant du recul et en essayent d'occulter cette dernière partie, je trouve le projet un peu raté, pas assez radical finalement. Comme s'ils avaient eu peur d'aller au bout et s'étaient arrêtés en chemin et finissaient par délivrer un film un peu tiède
à part la fin qui n'est pas tiède mais pour de mauvaises raisons

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MessagePosté: 08 Juil 2016, 15:36 
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MessagePosté: 08 Juil 2016, 15:43 
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Vu lors d'une projo équipe.
Première public ce soir donc bon...

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MessagePosté: 08 Juil 2016, 21:02 
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Très intéressante critique.


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MessagePosté: 08 Juil 2016, 21:52 
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Ouais, tu m'as bien donné envie malgré ton avis mitigé (et pour une fois je n'ai pas lu les spoilers).


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MessagePosté: 11 Juil 2016, 09:06 
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Thanks les gars, hâte d'en discuter quand vous l'aurez vu.

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MessagePosté: 11 Juil 2016, 09:12 
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Ca dénote un peu de tous les autres avis qui sont extatiques.


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MessagePosté: 11 Juil 2016, 09:20 
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J'ai l'impression que le film déconcerte pas mal quand même. J'ai sur mon FB un fan de Bonello qui a détesté.

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MessagePosté: 11 Juil 2016, 11:06 
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On en reparlera à la sortie, mais je trouve que c'est le film le plus surprenant de 2016, une espèce de cri de rage adolescente anti-système façon Zabriskie Point, filmé par un vieux mec qui n'a pas les codes de la jeunesse mais qui a ceux du cinéma... La deuxième partie est totalement démente, tout comme les vingt premières minutes. Des doutes aussi sur les flashbacks et sur la toute fin, même si je comprends l'idée anti-romantique de la violence.


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MessagePosté: 11 Juil 2016, 16:06 
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Je suis très curieux.

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MessagePosté: 14 Juil 2016, 17:30 
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Tout ça est très alléchant!
J'ai hâte...


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MessagePosté: 17 Aoû 2016, 23:32 
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100% d'accord avec Artcore.


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MessagePosté: 18 Aoû 2016, 14:26 
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Cool :).

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MessagePosté: 25 Aoû 2016, 15:59 
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Successful superfucker
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Ca c etait avant qu il passe sa note de 3 à 5. Tropicana master is back!


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MessagePosté: 25 Aoû 2016, 16:38 
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Le running gag putain :mrgreen:.

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