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MessagePosté: 26 Mai 2014, 11:50 
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Successful superfucker
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1967 - 1976. La rencontre de l'un des plus grands couturiers de tous les temps avec une décennie libre. Aucun des deux n’en sortira intact.

Ce n'est pas la claque de L'apollonide, mais Bonello réussit totalement à écarter tous les pièges du biopic hagiographique, avec ce cinéma comme une ambitieuse émanation, affranchie et illégitime de par les bisbilles avec Pierre Bergé (pas forcément chargé ici, ni complètement à son avantage en homme d'affaires gérant une marque qui se trouve être le nom de l'homme de sa vie). Et la réincarnation des collections de l'époque et des collections s'avère incroyable car créée ex nihilo, les vêtemetns ayant été verrouillés par Bergé pour le film autorisé de Lespert. Saint Laurent dialogue autant avec le dandysme proustien qu'avec les bosquets des Tuileries de Guibert, matînée de disco soul, kaléidoscope à l'élégance suprême d'extrême amour et d'égoïsme retors. Bonello jongle avec les époques (idée brillante d'avoir pris l'icône viscontienne Helmut Berger pour incarner YSL dans sa dernière ligne droite) puisant l'essence même d'un artiste comme un parfum parfois perdu dans la mélancolie et les drogues, spectral comme le ballet des apollonides mais pas mortifère... Même au milieu des serpents et du spleen, il bouge encore.
5/6


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MessagePosté: 07 Juin 2014, 09:32 
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Paradoxalement, le Yves Saint Laurent de Lespert est une parfaite introduction à ce film de fantôme proustien, comme si la vie du créateur était vu au travers d'une boule à facette.

Reste que le film est beaucoup trop long.
3-4/6


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MessagePosté: 28 Sep 2014, 09:39 
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Une note d'intention un peu trop appuyée, mais Dieu que c'est beau avec en cadeau bonus une référence à Glamorama.

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MessagePosté: 28 Sep 2014, 14:04 
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Tiens je l'ai raté celle là c'est à quel moment ?
Marrant d'ailleurs car son prochain film sera librement adapté de Glamorama.

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MessagePosté: 28 Sep 2014, 14:43 
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Art Core a écrit:
Tiens je l'ai raté celle là c'est à quel moment ?


Lorsque Saint Laurent est affalé chez Bascher avec lui et Betty, s'adressant à Betty, Bascher déclare "Plus tu es splendide, plus tu es lucide" ce qui fait office de traduction en français du "The better you look, the more you see" de Victor Ward dans Glamorama.




Art Core a écrit:
Marrant d'ailleurs car son prochain film sera librement adapté de Glamorama.


Il n'y a donc pas de hasard. Je suis très intrigué.

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Dernière édition par Billy Budd le 20 Sep 2016, 22:03, édité 1 fois.

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MessagePosté: 28 Sep 2014, 15:48 
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Billy Budd a écrit:
Lorsque Saint Laurent est affalé chez de Bascher avec lui et Betty, s'adressant à Betty, de Bascher déclare "Plus tu es splendide, plus tu es lucide" ce qui fait office de traduction en français du "The better you look, the more you see" de Victor Ward dans Glamorama.



Me souvenait pas de ça :oops: . Faut vraiment que je le relise, j'avais adoré en plus.

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MessagePosté: 28 Sep 2014, 16:17 
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Verdict sans appel du public. Le film fera beaucoup moins que le premier et a une note très inférieure sur allociné.


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MessagePosté: 28 Sep 2014, 16:18 
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Pas vraiment une surprise quand même.

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MessagePosté: 29 Sep 2014, 08:37 
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Distribution plus faible aussi hors paname non?


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MessagePosté: 29 Sep 2014, 12:22 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Karloff a écrit:
Verdict sans appel du public. Le film fera beaucoup moins que le premier et a une note très inférieure sur allociné.

Euh il y a avait AUCUN SUSPENSE là-dessus non?

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MessagePosté: 19 Oct 2014, 02:35 
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DPSR a écrit:
puisant l'essence même d'un artiste comme un parfum parfois perdu dans la mélancolie et les drogues, spectral comme le ballet des apollonides mais pas mortifère... Même au milieu des serpents et du spleen, il bouge encore.


A l'extrême opposé, je trouve le "Saint Laurent" de Bonello même pas mortifère, mais déjà mort.
Mélancolie, drogues, spectres, pathétique séduction, et sexualité morne... et plus rien ne bouge. Entièrement refermé sur lui-même, le film ne représente même plus l'essence d'un artiste, ou de la création, ou alors seulement comme un être et des gestes déliés du monde et des autres. Mort. Ca ne me poserait pas un problème si ça ne m'était pas raconté comme un état de fait. Mais jamais le film n'articule la perte, la descente aux enfers, la drogue, la mélancolie dans un rapport conflictuel ou problématique. C'est un état de fait.
Jamais non plus, le film ne donnera l'occasion au monde extérieur de faire irruption dans la cage dorée de "l'artiste" en pure perte. Rien pour faire trembler la complaisance. Rien pour remettre en question l'état de fait. Le film devient dépressif - film dépressif sur un personnage dépressif. Et les tentatives esthétiques de Bonello (très gros travail encore une fois de Josée Deshaies) suivent la même voie. On pourrait peut-être y voir une certaine forme de radicalité ou de rigueur dans cette façon d'aller au bout de la complaisance de la dépression, mais le film se refuse cette violence-là aussi finalement, préférant finir par une boutade entre amis. De "Tiresia" à "Saint Laurent", c'est impressionnant de constater à quel point la caméra de Bonello s'aventure de moins en moins vers l'extérieur, se refermant de plus en plus sur des univers clos, arrêtés, où la vie s'étouffe de plus en plus. Ce qui a changé dans sa mise en scène, c'est qu'auparavant ce mouvement était inhérent au film. Un mouvement de l'extérieur vers l'intérieur. Ici, on commence déjà enfermé, déjà mort. Le monde extérieur n'a plus d'intérêt. Si ce n'est d'être utilisé pour continuer à se complaire et à s'enfermer encore davantage (la dernière séquence de Helmut Berger est criante à ce propos)

Ulliel est très juste en figure légèrement amusé par sa propre incapacité à se défaire de ses tourments ou de ses travers qui l'emmènent petit à petit vers un isolement irréversible.

Il y a quelques moments magiques dans le film, où tout à coup, la mise en scène devient plus directe et plus sèche : très belle séquence avec Bruni-Tedeschi (elle y est pour beaucoup, mais la caméra de Bonello se pose différemment aussi, tout à coup curieuse de ce qui se joue entre cette femme et son habit), Pierre Bergé qui retrouve Saint Laurent (belle séquence où il le cherche et puis le soigne), la rencontre entre Saint Laurent et Betty Catroux (même si la séquence suivante détruit complètement la beauté de la rencontre). Mais ces moments ne créent pas assez de contraste par rapport au reste du film qui se languit dans une auto-suffisance certainement très sincère, mais qui manque cruellement de distance et de vitalité pour me toucher. Avec l'étrange impression que le film est aussi fatigué que Yves Saint-Laurent/Helmut Berger. Déjà des spectres. J'aime l'idée. Mais il y aurait eu plus à raconter sur cette fatigue que sa simple expression.

C'est sans doute-là que le film se joue, dans un effet de miroir entre Bonello, la façon dont il se perçoit comme cinéaste, et la figure de Yves Saint-Laurent. Je ne connais ni l'un ni l'autre suffisamment bien pour me sentir réellement interpellé, touché ou concerné par ce que je vois. Pour parvenir à saisir ce qui se joue dans le miroir.
L'objet est rare et "précieux", ce qu'il raconte l'est beaucoup moins à mes yeux, faute de relief.


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MessagePosté: 27 Oct 2014, 02:14 
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Dès les premiers plans, il y a plus de cinéma dans ce biopic-ci que dans l'article Wikipédia filmé de Lespert et c'est principalement la mise en scène à la fois juste, froide et incarnée de Bonello qui m'a maintenu éveillé deux heures durant face à cette approche impressionniste qui peint le portrait de l'homme par bribes décousues, pas inintéressante mais qui m'a toutefois laissé sur le carreau, incapable de m'investir dans la relative redondance de l'ensemble (je me défonce, je me fais défoncer). Par ailleurs, le film n'évite pas un certain didactisme un peu gonflant (les lettres, l'espèce de film avec la meuf à poil dans la rue, le poème). Et la dernière demi-heure, à partir d'Helmut Berger, j'ai commencé à vraiment trouver le temps long.

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MessagePosté: 01 Nov 2014, 01:24 
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Lucas Grévois a écrit:
Coucou,

FERME TA GUEULE ROBOT

?

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MessagePosté: 01 Nov 2014, 01:35 
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Looool
A priori, il s'agit d'une falsification (fait par un admin ?) du message de Lucas Grévois qui n'est en aucun cas une réponse à ton message.
Mais l'enchaînement est cool.


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MessagePosté: 25 Mar 2020, 17:21 
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Après avoir vu ses 4 derniers, ça ne sera toujours pas avec celui-là que j'aurais vu un film totalement satisfaisant de Bonello. Ce qui est vraiment dommage parce qu'il y a toujours quelque chose d'intéressant chez lui, même celui dont je déteste le discours (Nocturama), je me rends compte que quelques années après l'avoir vu il m'en reste du positif. C'est même bizarrement celui que je crois préférer, essentiellement pour la maîtrise de sa mise en scène.

Dans ce Saint-Laurent je trouve passionnant toute la description de ce personnage autodestructeur, ses rapports plus que particuliers avec Pierre Berger (son complément, le documentaire Célébration d'Oliver Meyrou est encore plus explicite sur l'aspect quasi tortionnaire de Berger), son idylle avec de Bascher. Le problème, c'est que c'est là le projet du film, et qu'il aurait dû s'y circonscrire. Malheureusement, ce que l'on peut néanmoins comprendre avec une figure telle que celle de Saint Laurent, c'est que Bonello recherche malgré tout une certaine exhaustivité, donc de rajouter les figures de Loulou de la Falaise par exemple dont au final on se contrefout, de s'attacher beaucoup trop longuement aux défilés alors que l'aspect création n'est une nouvelle fois pas le cœur de l’œuvre. Donc au final oui un film trop long, ou du moins qui se disperse trop (2h30 sur les seuls 3 personnages principaux je n'aurais pas été contre). Il faudra peut être que je remonte plus long dans sa filmographie pour trouver l'oeuvre qui me convaincra définitivement (très envie de voir Tiresia dont j'ai entendu beaucoup de bien).


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